JUSTICE - Un policier de la Direction territoriale de la sécurité publique des Hauts-de-Seine a comparu jeudi devant le tribunal correctionnel de Bobigny pour "injures racistes" proférées en avril 2020 à l'île Saint-Denis. La décision a été mise en délibéré au 6 janvier 2022.
Les images ont choqué l'opinion, les réactions des autorités avaient été immédiates tout comme la saisine de l'IGPN après les faits. Sur la vidéo tournée par un habitant de l'Île-Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) le 26 avril à 1h30 du matin, des policiers procèdent à l'interpellation d'un homme.
L'homme de nationalité égyptienne, soupçonné de vol de matériel sur un chantier, qui avait tenté, selon des sources policières, de prendre la fuite en se jetant dans la Seine.
"Il sait pas nager. Un bicot comme ça, ça ne nage pas", avait déclaré un des policiers selon une séquence diffusée par le journaliste Taha Bouhafs, et visiblement filmée après que les fonctionnaires ont sorti l'homme du fleuve. "Ha ! Ha ! Ça coule, tu aurais dû lui accrocher un boulet au pied", pouvait-on également entendre.
🔴 GLAÇANT À L’ile-Saint-Denis très tôt ce matin(1h43), lors d’une interpellation des policiers repêchent un homme qui s’est jeté dans la Seine pour leur fuir, je vous laisse découvrir la suite : pic.twitter.com/vcqepo7NNZ — Taha Bouhafs (@T_Bouhafs) April 26, 2020
Suite à ces événements, deux policiers ont été sanctionnés par cinq jours d'exclusion ferme à la suite de l'interpellation. Le Directeur général de la police nationale, Frédéric Veaux, a assorti cette sanction de 10 jours d'exclusion temporaire de fonction avec sursis.
Ce jeudi 4 novembre, l'un d'eux, qui fait partie des effectifs de nuit de la Direction territoriale de la sécurité publique des Hauts-de-Seine, a comparu devant le tribunal correctionnel de Bobigny pour "injures racistes". La victime est elle accompagnée de son avocat, Me Arié Alimi.
"Une blague de mauvais goût"
Le ministère public a requis quatre mois de prison avec sursis contre le policier qui avait proféré des injures racistes lors de l'interpellation d'un Égyptien en avril 2020 en déclarant qu'"un bicot comme ça, ça ne nage pas". "Un policier a un devoir d'exemplarité", a fait valoir le procureur Loïc Pageot, qui a aussi réclamé une amende de 1.000 euros.
Contre les six autres fonctionnaires de police poursuivis pour des violences sur citation directe de la partie civile, le ministère public n'a pas requis de condamnation, faute de preuve formelle. "Personne n'a vu ce qui s'est passé", a-t-il relevé.
C'est "une blague de mauvais goût", s'est défendu le fonctionnaire qui a usé du terme "bicot". "J'avais besoin de décompresser et faire marrer la galerie", a déclaré le policier de 26 ans, issu des effectifs de nuit de la Direction territoriale de la sécurité publique des Hauts-de-Seine. "Je regrette cette blague", a poursuivi le fonctionnaire longiligne vêtu d'un sobre costume bleu.
Quatre associations antiracistes (Licra, MRAP, LDH, SOS Racisme) se sont portées parties civiles dans cette affaire.
Les sept policiers poursuivis, âgés de 26 à 35 ans, ont tous réfuté des violences à l'égard de la victime. Ils justifient les cris et l'appel à l'aide de la victime capté sur un enregistrement par le "stress" dû à l'interpellation.
Dans sa plaidoirie, l'avocat de M. Elgendy, Me Arié Alimi, a estimé qu'il fallait "sanctionner cette parole raciste dans un pays où la parole raciste se libère". "La justice est une digue", a-t-il insisté. A l'issue de quinze heures d'audience, la décision a été mise en délibéré au 6 janvier 2022.
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