Un faux électricien jugé pour avoir violé de nombreuses fillettes à Paris

par William MOLINIE
Publié le 31 mars 2016 à 10h38
Un faux électricien jugé pour avoir violé de nombreuses fillettes à Paris

JUSTICE – Giovanni Costa est accusé d’avoir violé et abusé sexuellement 27 fillettes entre 1990 et 2003 dans les quartiers de l’ouest parisien en se faisant passer pour un faux électricien. Son procès s’ouvre jeudi 31 mars devant la cour d’assises de Paris. Metronews revient sur cette affaire hors norme, restée mystérieuse pendant plus de vingt ans, avant qu’un ADN, un jour, parle.

C’est un procès hors norme qui s’ouvre ce jeudi devant la cour d’assises de Paris. D’abord, par le nombre de victimes. Aussi, parce que l’accusé a échappé à la police judiciaire pendant plus de vingt ans. Giovanni Costa, 77 ans, va être jugé pour une série de viols et d’abus sexuels commis sur des petites filles entre 1990 et 2003 principalement dans le 7e, 16e, et 17e arrondissements de Paris.

Des agressions au mode opératoire sensiblement similaire. A chaque fois, l’homme s’introduisait dans les cours d’immeubles des beaux quartiers déguisé en électricien. Il abordait ses petites victimes et les entraînait dans la cave par les escaliers de service sous prétexte d’obtenir leur aide pour réparer une ampoule ou un compteur électrique situés en hauteur. C’est alors qu’il les soulevait et en profitait pour baisser leurs vêtements. Avant de les pénétrer avec ses doigts et parfois son pénis.

EN SAVOIR + >> Giovanni Costa, faux électricien et violeur : le calvaire des victimes, 20 ans après

Confondu par son ADN

Pendant de nombreuses années, la brigade de protection des mineurs (BPM) collecte les plaintes de fillettes désignant ce même mode opératoire. Sans jamais retrouver la trace de l’individu décrit comme un petit homme, bedonnant, un peu chauve avec un accent étranger, sans doute latin. En tout, trois informations judiciaires sont successivement ouvertes pour rechercher cet individu. A chaque fois, refermées. Une commandante de police à la retraite, chargée de ré-examiner des dossiers non élucidés, a la bonne idée au milieu des années 2000 de rentrer les traces ADN de cet homme dans le fichier national automatisé des empreintes génétiques (FNAEG).

En avril 2012, l’enquête bascule au gré d’une banale altercation entre voisins, rue Lesueur (16e). L’agresseur, Giovanni Costa, un Italien de 74 ans, est placé en garde à vue. Son ADN est prélevé et envoyé au FNAEG. Bingo, le voisin violent est en fait celui que les enquêteurs de la police judiciaire surnomment "l’électricien".

Un homme "narcissique"

Au total, les enquêteurs ont recensé une soixantaine de plaintes pouvant correspondre à son mode opératoire. Mais devant la cour d’assises de Paris, Giovanni Costa devra répondre de "seulement" 9 viols et tentatives ainsi que 18 agressions sexuelles sur des fillettes âgées à l’époque de 7 à 13 ans. A notre connaissance, moins d’une dizaine de victimes se sont constituées parties civiles. "Ça va être très difficile pour elles de revenir 20 ans après les faits témoigner de cette agression, entourée encore aujourd’hui d’un sentiment de honte", explique à metronews Beryl Brown, l’avocate de deux victimes.

De son côté, Giovanni Costa, qui se présente comme catholique pratiquant, a toujours clamé son innocence. Les expertises psychiatriques n’ont pas conclu à l’altération de son discernement, ce qui explique son renvoi devant une cour d’assises. Pour autant, l’homme présente "des troubles de la personnalité", nous explique une source proche du dossier. Une experte qui l’a examiné en janvier 2013 observe un homme "défensif, méfiant, avec une grande complaisance narcissique" et conclut à une "organisation paranoïaque".

Victime d’un "complot" de "dealers noirs" ?

Giovanni Costa reconnaît s’être déguisé à plusieurs reprises comme électricien. Mais c’était pour cambrioler des appartements, affirme-t-il. Des viols ? Des agressions sexuelles ? "Je n’ai jamais violé", jure-t-il lors de sa garde à vue en octobre 2012, ajoutant : "J’ai de l’éducation et je ne suis pas un fou". Face aux évidences de l’ADN de son sperme retrouvé sur les culottes de certaines fillettes, il s’emporte : "Ce n’est pas le mien, c’est celui du père ou du grand-père [de la victime], c’est statistique !".

Pour sa défense, il assure être victime d’un "complot" de "dealers noirs", expliquant être un homme, un vrai, "baiser les putes françaises" mais n’avoir jamais eu de compagnes car les Françaises seraient, selon lui, trop "paresseuses" et "bonnes à rien". Un discours décousu qui le conduit à tenir des propos racistes, homophobes et à faire l’éloge de Mussolini. "Il n’y a manifestement aucun élément dans le dossier qui accrédite sa thèse du complot, reconnaît auprès de metronews Clémence Cottineau, son avocate. En revanche, on lui reproche près d’une trentaine de faits. La cour va devoir déterminer si pour toutes ces victimes il s’agit bien de M. Costa. Or, dans certains des cas, on n’a pas retrouvé d’ADN."

Aujourd’hui détenu à Fleury-Mérogis (Essonne), Giovanni Costa risque 20 ans de prison. Ses derniers mots au juge d’instruction remontent à fin 2014. Il déclarait alors : "Je ne dirais plus un mot, on verra ça au tribunal." Les parties civiles attendent avec impatience ses explications au cours du procès qui doit durer jusqu’au 11 avril.

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