La préfecture de police de Paris a dénoncé, ce mardi, les propos "inadmissibles" d'un policier à l'égard d'une victime d'agression sexuelle venue porter plainte.L'homme l'a insultée à plusieurs reprises, ne se rendant pas compte qu'il avait mal raccroché le combiné.
Ses propos injurieux pourraient lui coûter sa carrière. Un policier du commissariat des 5e et 6e arrondissements de Paris a été suspendu à titre conservatoire et fait l'objet d'une enquête de l'IGPN suite à ses propos "inadmissibles", fait savoir ce mardi 15 février la préfecture de police dans un communiqué.
Ceux-ci ont été enregistrés par mégarde début février sur le répondeur d’une jeune femme venue porter plainte pour agression sexuelle, selon un enregistrement dévoilé par Mediapart, ce mardi. "Grosse ****", "elle refuse la confront' (confrontation, ndlr) sale ****", est-il notamment possible d'y entendre.
Le combiné mal raccroché
Dans la nuit du 4 au 5 février, rapporte Mediapart, la jeune femme de 34 ans dépose plainte auprès de policiers du commissariat des 5e et 6e arrondissements de Paris pour "agression sexuelle en état d'ivresse". Quelques heures plus tard, un autre policier de ce commissariat l'appelle et lui laisse un message vocal où il lui demande de venir compléter sa plainte. Croyant avoir raccroché, le fonctionnaire plaisante avec une de ses collègues : "je la rappellerai toute façon parce que là, elle doit être en train de cuver !" Il lit ensuite à haute voix un extrait de la plainte de la jeune femme. "Elle n'a pas de sens la plainte en fait", lance-t-il.
"Ah évidemment elle refuse la confrontation", poursuit-il. "C'est vraiment une pute. (...) Putain, elle refuse la confront' en plus la pute. Comme par hasard. En fait, c'était juste pour lui casser les couilles, je suis sûr. (...) Putain, grosse pute", dit-il encore, avant que le combiné soit bien raccroché.
Le préfet de Police condamne les propos inadmissibles tenus par un policier à l'égard d'une victime d'agression sexuelle dont il a pris connaissance. Didier Lallement a immédiatement saisi l'IGPN et demandé la suspension à titre conservatoire du fonctionnaire concerné. pic.twitter.com/YcZH7oQCP2 — Préfecture de Police (@prefpolice) February 15, 2022
Choquée, la jeune femme rapporte les faits au commissariat, auquel elle retourne rapidement pour une audition. Elle fait aussi écouter le contenu du message à une policière et au "responsable du commissariat du weekend", qui lui promet de faire "remonter à sa hiérarchie" cet incident. Sans nouvelle, c'est finalement elle qui initie, dès le 7 février, des démarches auprès de l'IGPN, où elle a été entendue ce mardi et a déposé plainte.
Contacté par Mediapart lundi, la préfecture de police de Paris a indiqué que l'enregistrement avait "été remis à la hiérarchie" du commissariat et que "des explications écrites" avaient été demandées au fonctionnaire incriminé. Elle a également fait savoir qu'elle avait saisi l'IGPN lundi.
"Aucun comportement offensant ou injurieux ne sera toléré de la part d'un fonctionnaire de police, vis-à-vis d'une victime", insiste dans son communiqué la préfecture, en rappelant son "plein engagement pour améliorer l'accueil et la prise en charge des victimes de violences conjugales et sexuelles" dans les commissariats.