Une erreur médicale les prive de leur fille pendant plus de 3 ans

Jaouad AIT AMEUR
Publié le 4 avril 2017 à 20h22
Une erreur médicale les prive de leur fille pendant plus de 3 ans

DIAGNOSTIC - Accusées à tort de maltraitance, les parents de Louna ont été séparés de leur fille pendant plus de trois ans. Les médecins ont confondu les symptômes d'une maladie rare avec des traces de coups.

C'est un cauchemar de plus de trois ans qu'ont vécu Yoan et Sabrina, parents de la petite Louna. Février 2012, leur bébé de trois mois souffre de plusieurs symptômes dont des bleus sur son visage. Louna est alors hospitalisée au CHU de Nancy et les médecins remarquent la présence de plusieurs hématomes sur le corps de la fillette.

La mère de Louna explique alors aux médecins qu’elle-même souffre d’une maladie rare "l'angio-œdème héréditaire" qui se traduit par l’apparition d'hématomes sur le corps. Pour Sabrina, sa fille est peut-être atteinte de la même maladie. Mais l’équipe médicale émet des doutes et alerte la justice pensant que l’enfant est victime de maltraitance. Une première expertise confirme alors des actes de maltraitance sur la fillette.

Nous avons été traités comme des criminels
Les parents de Louna

Après cette première expertise, la police débarque au domicile des parents et les place en garde à vue : "Nous avons été traités comme des criminels. On a passé 48 heures en garde à vue. Lorsqu'on nous a amenés au parquet de Nancy, on a traversé le tribunal, menottés devant tout le monde. Nous étions déjà des coupables", raconte la mère de famille.

Le couple est mis en examen pour violence sur mineur de moins de 15 ans mais laissé en liberté. Leur fille est par la suite confiée à une famille d’accueil.

Une longue séparation

Sabrina et Yoan sont alors privés de leur fille, ils doivent même déménager de Saint-Max (Meurthe-et-Moselle) pour éviter le regard de leurs voisins. Les parents vivent ainsi trois ans et demi sans leur fille.

Début 2015, une nouvelle expertise médicale demandée par le juge confirme la maltraitance. Les parents, persuadés qu'il s'agit d'une erreur médicale, n’abandonnent pas. Ils font réaliser une prise de sang à leur fille juste après la seconde expertise médicale et les résulats confirment leur version : la fillette souffre réellement d'angio-œdème héréditaire. Le diagnostic est rapidement confirmé par le centre hospitalier de Grenoble, référence en la matière. Le 22 juin 2015, le tribunal de Nancy relaxe les parents de Louna et deux mois plus tard, la fillette est de retour au domicile familial.

Créer une association d'aide aux enfants malades

La longue séparation n’est pas sans conséquence pour la fillette âgée de 5 ans aujourd’hui. Ses parents indiquent qu'elle souffre de troubles cognitifs et de problèmes de langage. Les parents demandent désormais des comptes aux trois experts médicaux qui se sont trompés : "Ce sont eux qui sont à l'origine de notre calvaire. Il va falloir qu'ils reconnaissent leurs erreurs devant les tribunaux, qu'ils expliquent pourquoi ils n'ont pas fait de prise de sang sur Louna, ce qui aurait permis de détecter sa maladie", s'indigne Sabrina. 

La mère de famille espère désormais obtenir gain de cause. Sabrina et Yoan souhaitent également créer une association dont le but sera d'aider d'autres parents qui ont des enfants souffrant de maladies rares, afin que personne ne vive à nouveau "le même cauchemar" qu'eux.


Jaouad AIT AMEUR

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