Prison ferme pour des "chasseurs" de personnes d'origine asiatique jugés pour de multiples agressions

Publié le 16 mai 2020 à 8h30, mis à jour le 16 mai 2020 à 8h37
Prison ferme pour des "chasseurs" de personnes d'origine asiatique jugés pour de multiples agressions

Source : Google Maps

PROCES - Quatre hommes ont été jugés et condamnés à de la prison ferme, au tribunal correctionnel de Créteil, pour une cinquantaine de "vols aggravés" visant presque exclusivement des femmes asiatiques.

Les responsables de faits "d'une extrême gravité" basés "sur des préjugés racistes, abjects et haineux" selon les mots de la procureure du le tribunal correctionnel de Créteil, ont été jugés ce vendredi. Ces quatre jeunes hommes ont été condamnés pour avoir commis, entre les mois de février et mai 2019, une cinquantaine de vols avec violence sur des personnes appartenant - pour la très grande majorité - à la communauté asiatique. Ils ont écopés de 36 mois à six ans de prison.

Une équipe de prédateurs

Les faits se sont déroulés principalement dans les villes d'Ivry et de Vitry-sur-Seine, dans le Val-de-Marne, ainsi que dans le 13ème arrondissement de Paris. Dans son réquisitoire, la représentante du ministère public a assuré que le tribunal était "face à une équipe de prédateurs" qui "a pris le soin, parfois pendant des heures, de choisir ses victimes : presque exclusivement des femmes asiatiques". L'enquête, qui a débuté en février 2019 après une recrudescence de vols au mode opératoire identique, a permis d'identifier une trentaine de victimes même si, selon les enquêteurs, elles doivent en réalité être plus nombreuses.

La procureure de Créteil a également dénoncé des passages à l'acte "ultra-violents", avec des victimes traumatisées au point, pour certaines, de se "résigner à ne pas porter plainte". Dans plus de la moitié des cas, aux vols de sacs à main se sont ajoutées de nombreuses violences : coups de pied, bousculades et balayettes. "Une violence gratuite" visant des "cibles sans défense", selon Maitre Soc Lam, avocat de six des victimes. Selon lui, les prévenus se sont "acharnés" sur les victimes. "Le sang ne les arrête pas", a-t-il affirmé dans sa plaidoirie, photos de victimes au visage tuméfié et ensanglanté à l'appui. "Une victime était avec son bébé lorsqu'elle s'est faite agresser. Cela ne les a pas arrêtés non plus". Plut tôt dans la matinée, les avocats de la Licra, de SOS Racisme et du Mrap, associations de luttes contre les discriminations et toutes parties civiles, ont dénoncé d'une même voix des actes "racistes" et "insupportables" qui ne "doivent pas rester impunis".

Des agresseurs à peine majeurs

Contre Marvin V. et Ilyes Z., âgés tous deux de 21 ans et déjà connus de la justice, la procureure a demandé huit ans d'emprisonnement ferme. Pour le troisième (jeune) homme, Joachim P., âgé de 20 ans, une peine de cinq ans d'emprisonnement a été demandée pendant que le quatrième complice mineur au moment des faits, Aymen K., était jugé à huis clos par un juge des enfants.

La défense a quant à elle plaidé "l'erreur de jeunesse" et insisté sur les regrets des prévenus, qui ne sont pas des "maîtres du crime" mais ont "l'ambition de s'en sortir", selon leurs avocats. "Il faut condamner, oui, mais il faut ouvrir une perspective d'avenir pour ces jeunes de 20 ans. Huit ans de prison à cet âge, c'est un arrêt de mort social", a argumenté Me Pierre Deval pour son client, Ilyès Z.

Jusqu'à six ans d'emprisonnement

Le tribunal correctionnel, qui a rendu sa décision dans la soirée, a retenu la circonstance aggravante du racisme. Décrit comme le leader du groupe, Ilyes Z. a la plus lourde peine : six ans d'emprisonnement avec maintien en détention. Son comparse, Martin V. a écopé de cinq ans d'emprisonnement, dont un an avec sursis, avec maintien en détention. Le troisième prévenu, Joaquim P., qui comparaissait libre, a été condamné à 36 mois, dont 18 avec sursis, mais pourra aménager sa peine. En complément de leur peine, ils ont l'obligation d'indemniser leurs victimes.

"Nous ne sommes pas des guillotineurs", a déclaré le président du tribunal en préambule du jugement, pour justifier l'écart avec les peines requises. Il a toutefois ajouté que ces peines "sévères" venaient "sanctionner des atteintes à certaines valeurs fondamentales".


La rédaction de TF1info

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