CONTROVERSE - Catherine Champrenault a fustigé ce mercredi une "tentative de déstabilisation de l'institution judiciaire" après la diffusion, par la classe politique, de "propos erronés" de l'avocat général ayant officié lors du procès en appel de l'attaque de policiers à Viry-Châtillon, en 2016.
Une mise au point musclée. La procureure générale de Paris est montée au créneau ce mercredi pour dénoncer la "tentative de déstabilisation de l'institution judiciaire" de certains politiques dans le cadre de l'affaire de Viry-Châtillon. "La déformation publique, parcellaire et trompeuse, des propos d'un magistrat, par des personnes manifestement animées d'une intention de nuire et dont certains n'ont pas assisté aux débats, constitue une nouvelle tentative de déstabilisation de l'institution judiciaire", assène Catherine Champrenault dans un communiqué alors que le procès en appel de l'attaque de policiers à Viry-Châtillon en 2016 a pris fin ce week-end.
Dans un entretien au Figaro dimanche, Me Thibault de Montbrial, avocat d'une policière partie civile dans cette audience, avait affirmé : "L'un des deux avocats généraux a conclu ses réquisitions en déclarant à l'intention des accusés qu'ils avaient selon lui 'de l'empathie', et qu'ils constituaient à ses yeux 'une richesse pour le pays'". Ces propos, largement relayés, ont depuis été repris par de nombreuses personnalités politiques de droite et extrême droite, obligeant le garde des Sceaux Éric Dupond-Moretti à prendre la défense de l'avocat général.
Une injonction aux accusés de se respecter "eux-mêmes"
Une démarche imitée par Catherine Champrenault qui s'émeut : "D'une part, le magistrat soutenant l'accusation n'a jamais exprimé son 'empathie' à l'égard des accusés". D'autre part, il "a enjoint les accusés à 'se respecter eux-mêmes en assumant leur responsabilité pénale pour s'amender et construire un nouveau parcours de vie en respectant leur entourage. Assumer ses actes et devenir un homme donc'", ajoute-t-elle.
Selon la haute magistrate, l'avocat général aurait poursuivi ainsi : "Pour ce faire il s'agira de briser cette loi du silence, cette omerta génératrice de violence dont vous avez été les auteurs ce 8 octobre 2016, en dialoguant, en échangeant, en parlant, non pas pour propager des rumeurs ou parler seulement entre vous, mais avec les autres, tous les autres, au-delà de la rue de la Serpente et de la Grande Borne, avec tous les citoyens venus d'horizons différents et qui font la richesse de notre pays, dont vous êtes, ne vous en déplaise, aussi les enfants."
Le directeur de la police soutient ses enquêteurs
Le directeur général de la police nationale, Frédéric Veaux, a de son côté fait part de son soutien aux fonctionnaires ayant enquêté sur l'attaque de policiers en 2016. "Je les soutiens de toutes mes forces quoi qu'il arrive et quoi qu'on dise. Je les défends et je les défendrai", a-t-il martelé.
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Au terme de six semaines de procès à huis clos, cinq jeunes ont été condamnés dans la nuit de samedi à dimanche à des peines allant de six ans à dix-huit ans de réclusion criminelle pour avoir attaqué et brûlé des policiers à Viry-Châtillon (Essonne) en 2016. Les trois hommes ayant écopé de la peine la plus lourde (18 ans de prison) se sont pourvus en cassation.
Huit autres individus ont été acquittés, suscitant l'indignation des syndicats de policiers et d'une partie de la classe politique. Le parquet général, avait requis des peines de 12 à 25 ans de réclusion criminelle à l'encontre des 13 accusés.