Les cambriolages sont de plus en plus perpétrés par des jeunes à peine entrés dans l'adolescence.Les suspects sont en général rapidement retrouvés, mais certains ont déjà des dizaines de cambriolages à leur actif.L'ampleur du fléau inquiète les forces de l'ordre.
Depuis un an, Cynthia revit la scène sans relâche. Même si les mois ont passé, la jeune femme reste traumatisée par le cambriolage qu'elle a subi. "Là, c'est l'intérieur de mon appartement. Tout a été fouillé, tout a été retourné", explique-t-elle en tendant l'écran de son téléphone, dans le reportage du 20H de TF1 ci-dessus. Sur la vidéo, son salon apparaît sens dessus dessous, ses sacs vidés et ses affaires éparpillées au sol.
Les trois adolescents qui ont défoncé la porte de son domicile ont depuis été interpellés. À 15 ans seulement, ils sont déjà connus pour des dizaines de casses. "En montant les escaliers, je vois un trou dans ma porte. J'étais en état de choc", se souvient Cynthia. Sur une photo, on peut constater que la moitié de celle-ci a été arrachée. "J'ai failli tomber dans les escaliers, tellement je ne m'attendais pas à cette vision. C'est vraiment l'image qui me reste de cet événement", raconte-t-elle.
Les policiers sont formels : ces enfants et adolescents apprentis cambrioleurs sont de plus en plus nombreux, et surtout de plus en plus jeunes. Sur des photos de suspects consultés par le JT de TF1, prises lors d'arrestation récentes, les jeunes semblent âgés d'une quinzaine d'années tout au plus. Et beaucoup de ces mineurs sont déjà multirécidivistes. Pendant leur interrogatoire, ils restent la plupart du temps mutiques et n'expriment aucun remords.
Une personne sur quatre interpellée pour casse est mineure
Face aux serrures dernier cri, ils se rabattent sur des portes en bois qu'ils cassent à coups de pied, avant de s'engouffrer dans ce qui ressemble parfois à un trou de souris, d'un petit mètre à peine. Une fois à l'intérieur, ils fouillent partout dans les pièces, et sans ménagement.
Dans une vidéo que le JT de TF1 s'est procuré, un jeune garçon tente de s'enfuir de l'appartement dans lequel il vient de s'infiltrer, en tentant tant bien que mal de dissimuler son visage. Sur une autre, un suspect s'aperçoit qu'une discrète caméra de surveillance le filme, il alerte alors son complice et les deux adolescents repartent sans le moindre butin dans le sac de sport qu'ils portent tous deux à la main.
D'après les autorités, plus du quart des personnes interpellées en France dans ces dossiers de casse sont désormais des mineurs, qui agissent en petit groupe, sans faire partie d'un réseau mafieux. "Ce ne sont absolument pas des professionnels du cambriolage, mais des jeunes issus de quartiers dits sensibles, qui commettent ces infractions en bande, parce qu'ils sont bien souvent issus du même quartier, et parfois même scolarisés dans le même établissement", explique Linda Buquet, conseillère technique au sein du syndicat de police Synergie-Officiers.
L'âge des délinquants choque même les enquêteurs les plus aguerris. Dans un immeuble d'un quartier populaire au nord de Paris, un appartement a été récemment cambriolé et trois suspects ont été arrêtés, quelques minutes plus tard : deux garçons et une fille. Le plus jeune a seulement 12 ans, et le plus âgé 14.
Des jeunes souvent désœuvrés
En général, les policiers ont peu de mal à retrouver la trace des suspects, puisque les jeunes cambrioleurs opèrent en plein jour et sont souvent très bruyants. Ils sont également trahis par leur téléphone, par des caméras de surveillance ou tout bêtement par la marque de leurs vêtements, facilement repérée sur les images. Mais ces voleurs en herbe le savent pertinemment : jugés en tant que mineurs, ils ne risquent que de faibles sanctions au tribunal. Leurs promesses de sortir de la délinquance sont fréquemment suivies de nouvelles arrestations.
Selon l'avocate au barreau de Paris Me Aurélie Gillet-Marta, qui défend plusieurs mis en cause, il s'agit très souvent de jeunes désœuvrés. "Ils sont en échec scolaire et ont commencé leurs premiers actes d'incivilité, les premières petites infractions, dans les établissements scolaires", souligne-t-elle. S'ils s'en prennent à des appartements, c'est qu'"il y a évidemment l'appât du gain", poursuit-elle : "Ils volent du matériel informatique, des petites choses qui peuvent facilement se revendre sur les marchés clandestins". L'an dernier, une équipe d'adolescents cambrioleurs a été arrêtée trois fois de suite en flagrant délit en seulement un mois. Les forces de l'ordre se disent inquiètes face à l'ampleur du phénomène, qu'elles essaient de combattre tous les jours.
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