En France, les stupéfiants sont la troisième cause d'accident mortel, derrière la vitesse et l'alcool.Une mort sur cinq sur la route implique un conducteur sous l'emprise de drogue.Des victimes aux avocats, en passant par les responsables la justice, comment sont gérées ces affaires ?
L'affaire Pierre Palmade, largement relayée dans les médias, a mis en lumière la problématique de la consommation de stupéfiants au volant. Testé positif à la cocaïne et aux drogues de synthèse, l'humoriste a causé un grave accident de la route, vendredi 10 février en Seine-et-Marne, blessant grièvement un homme et son fils, ainsi qu'une femme enceinte, qui a perdu son bébé. Mis en examen pour homicide involontaire, le comédien a été placé sous contrôle judiciaire et sous surveillance électronique.
Un drame qui est loin d'être isolé en France. Les stupéfiants sont la troisième cause d'accident mortel, derrière la vitesse et l'alcoolémie. Un décès de la route sur cinq implique un conducteur testé positif aux stupéfiants. Au micro du 20H de TF1, d'anciens consommateurs, des victimes, des magistrats et des policiers ont accepté de témoigner, dans le reportage en tête de cet article, pour rendre compte des ravages que peuvent provoquer la consommation de ces produits au volant.
"La justice ne fonctionne pas bien
Me Romy Lafond-Collard
Teddy consommait du cannabis. Un jour, il prend sa voiture alors qu'il a fumé et provoque un très grave accident. Son pronostic vital est engagé. Après cinq jours passés en réanimation, il se rend compte du mal qu'il a fait. "C'est vraiment quand j'ai ouvert les yeux à l'hôpital et que j'ai vu la peur dans ceux de ma mère que j'ai pris la plus grosse claque de ma vie. Je me demande encore aujourd'hui comment je peux être ici. Le médecin en chef qui venait me voir me répétait 'monsieur, qu'est-ce que vous faites là, vous ne devriez pas être en vie'".
Djamila, elle, traversait sur un passage piéton quand elle a été fauchée par un conducteur qui avait également consommé du cannabis. Aujourd'hui, cette mère de famille ne peut pas se déplacer sans béquilles et souffre de graves problèmes neurologiques, après 22 jours passés dans le coma. "Ça m'a traumatisée. Je me suis dit que j'allais perdre ma mère alors que j'avais 14 ans, que j'étais jeune. Je voyais ma vie avec ma mère", livre sa fille, en pleurs. Sa famille, toujours auprès d'elle, attend depuis quatre ans le procès. Son mari confie que la lenteur de la justice a été un poids supplémentaire. "C'était lourd", assure-t-il, alors que plusieurs expertises et contre-expertises ont été demandées.
Dans le 16e arrondissement de Paris, Me Romy Lafond-Collard défend des centaines de victimes d'accident de la route chaque année. Aujourd'hui, l'avocate estime que la justice n'est pas assez sévère envers les conducteurs sous l'emprise de stupéfiants. "La justice ne fonctionne pas bien quand l'auteur d'un accident mortel de la circulation va s'en tirer avec une peine d'un ou deux ans ferme alors qu'il a tué un pauvre gamin. La sanction qu'il encourt est légère", fustige-t-elle.
D'autres avocats ont choisi la stratégie inverse : certains donnent des conseils en ligne pour trouver des vices de procédure en cas de contrôle de police. D'autres encore ont mis à disposition des manuels pour savoir combien de temps telle ou telle drogue reste dans l'organisme.
Jusqu'à 10 ans de prison
Sur le terrain, les forces de l'ordre sont les premiers à constater le fléau de la consommation de drogues au volant. Chaque jour, quelque 1300 contrôles de stupéfiants sont effectués, et 20.000 pour l'alcool, selon des chiffres du ministère de l'Intérieur communiqués au 20H de TF1. En un test salivaire, les policiers peuvent détecter si un conducteur a consommé du cannabis, de la cocaïne - les deux drogues les plus fréquentes chez les automobilistes - ou de la drogue de synthèse. Dans les Yvelines, 9 contrôles sur 10 étaient positifs en 2022. Si un conducteur est arrêté, il est immédiatement emmené au commissariat ou à la gendarmerie, où un procès-verbal est dressé et un second contrôle plus poussé est effectué.
Quid des peines encourues ? Selon Agathe Foucault, commissaire de police dans les Yvelines, si l'individu est inconnu des services de police, "il encourt jusqu'à deux ans d'emprisonnement". S'il est déjà connu ou qu'il a causé un accident mortel, la peine encourue peut aller "jusqu'à 10 ans de prison".
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