"Ça peut partir au quart de tour" : contrôleur des impôts, un métier à haut risque

M.L | Reportage TF1 Léa Merlier, Emilie Spertino et Bruno Chastagner
Publié le 23 novembre 2022 à 9h00, mis à jour le 23 novembre 2022 à 16h07

Source : Le JT

Le ministère de l'Économie et les centres des impôts ont rendu hommage ce jeudi à l'agent du fisc tué lundi lors d'un contrôle chez un brocanteur.
Ce drame met en évidence la dangerosité de ce métier.
Les contrôleurs subissent parfois des violences quand ils se rendent sur le terrain.

Lorsqu'ils se déplacent sur le terrain, les agents des impôts sont en règle générale seuls, à quelques exceptions près. À Bullecourt, village du Pas-de-Calais où un chef de brigade de vérification a été tué lundi 21 novembre lors d'un contrôle chez un brocanteur, la victime était accompagnée d'une collègue. Également séquestrée, celle-ci n'a pas été agressée physiquement et a survécu. 

Un binôme peut être dépêché en cas en tensions avec le particulier, si un risque existe ou que le dossier est complexe, souligne le quotidien régional La Voix du Nord. Dans le cas du brocanteur, suspecté du meurtre, des alertes avaient déjà été émises lors de précédents contrôles du chef d'entreprise. D'après Bercy, l'agent avait accompagné une inspectrice pour des raisons de sécurité. 

"De la violence verbale, physique"

Dans la plupart des cas, les contrôles fiscaux sont réalisés à distance. Les vérifications au domicile ou au sein de l'entreprise ciblée sont rares : l'an passé, les agents des finances publiques ont assuré 27.500 visites, soit moins d'un tiers des contrôles. Mais les inspecteurs n'ont pas accès aux antécédents judiciaires et ne peuvent pas anticiper un éventuel danger, ce qui rend parfois les quelques déplacements risqués, bien que la tragédie de Bullecourt reste inédite. 

En 2021, la CGT a ainsi recensé 50 agressions d'agents, dont 33 ayant entraîné un arrêt de travail, survenues lors d'opérations de contrôle mais aussi aux guichets d'agence. "C'est de la violence verbale, physique. Parfois, certaines situations sont très difficiles, des entreprises en situation financière délicate, ce qui tend forcément les relations lors du contrôle", déplore Laurent Perin, secrétaire de la fédération des finances du syndicat, dans le reportage du 20H de TF1 en tête de cet article.

"Au quotidien, on ressent quand même qu’il y a un peu plus d’agressivité", "c'est de plus en plus tendu", confie à l'AFP, sous le couvert d'anonymat, une agente ayant officié dans la vérification fiscale depuis plus de dix ans. Les violences subies par les inspecteurs peuvent être de différents ordres : une personne qui ne répond plus, qui n'est pas présente le jour du contrôle, ou qui "peut être là sans être coopérative ou s’énerver à la moindre information que vous lui donnez", décrit à l'agence l'une de ses collègues, travaillant aux Finances publiques depuis plusieurs décennies. "Ça peut partir au quart de tour."

Pas de formation spécifique sur le risque d'agressions

Pour appréhender ces échanges quelques fois tendus, il n'existe pour l'heure aucune formation particulière. Face à ces violences, de simples messages de prévention sont régulièrement communiqués aux contrôleurs. "On a juste eu un stage d’une journée sur la gestion des conflits il y a quelques années", indique l'une des agentes qui témoigne auprès de l'AFP. Au cours de cette journée, "on nous dit ce qu’il y a lieu de faire en cas de situation conflictuelle" : "la plupart du temps, on vous dit qu’il faut partir, mais parfois le conflit s’installe sur plusieurs visites", regrette-t-elle.

Depuis le début de l'année, 30 plaintes ont été déposées par des agents des Finances publiques pour des agressions au travail. Après le drame de Bullecourt, le syndicat FO-DGFiP a appelé dans un communiqué à "tirer les leçons de cette tragédie pour renforcer concrètement la protection des personnels".


M.L | Reportage TF1 Léa Merlier, Emilie Spertino et Bruno Chastagner

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