FAIT DIVERS - Une enquête judiciaire a été ouverte pour identifier l'auteur de l'agression raciste d'un livreur à Cergy. Une riveraine à l'origine d'une vidéo de l'acte répond également aux questions de LCI.
Les images de l'agression ont ému jusqu'au sein de la classe politique. Joseph, le livreur noir d'Uber Eats molesté et insulté alors qu’il récupérait une commande, est revenu sur ces violences pour LCI. Des faits qui se sont déroulés dans la soirée du dimanche 30 mai devant le restaurant "Le Brasco" à Cergy (Val d'Oise).
"Je suis arrivé là-bas, j'avais mon vélo (sur lequel) je mets toujours de la musique pour m'aider à travailler", raconte Joseph au micro de LCI. Un individu présent devant le restaurant se serait approché de lui. "Le mec ne m'a pas posé une question, il m'a dit : "Il faut éteindre votre musique". Je descends le volume, mais ça ne lui suffisait pas du tout. Il m'a redit : "Il faut éteindre". C'était comme si j'étais son enfant. Après il vient devant moi en me disant : "Si t'éteins pas, je te défonce", décrit le livreur, qui raconte avoir voulu récupérer la commande, malgré l'agressivité de la personne.
C'est à ce moment-là que l'agresseur a asséné ses premiers coups. "A la minute où je repars, je reçois un coup dans le visage, se souvient Joseph. Je suis tombé par terre. Après le mec, il vient sur moi pour me tabasser." Pris en charge par les pompiers, il témoigne avoir été à deux doigts de "perdre connaissance".
Joseph porte encore les stigmates de l'agression. "Je suis choqué. Mentalement, physiquement, je ne suis pas bien du tout. C'est mon seul boulot, mais je ne peux pas travailler, maintenant, je ne peux pas."
Deux plaintes ont pour l'heure été déposées, l'une de la part du livreur, l'autre d'une voisine qui a filmé la scène. Sur ces vidéos, très relayées sur les réseaux sociaux depuis leur publication, les insultes racistes - dont certaines en référence à l'esclavage - fusent à l'encontre du livreur. "J'ai filmé l'agression car j'avais entendu un cri strident derrière mon bâtiment. Quand je suis allé voir, j'ai vu une personne qui était étalée, toute en sang, raconte la voisine, interrogée par LCI, choquée par les propos de l'agresseur : "Ils étaient en train de le traiter de tous les noms : "sale esclave", "rentre dans ton bled".
Elle assure avoir d'abord dégainé son téléphone pour faire partir l'agresseur de Joseph, par peur d'être identifié : "Je me suis dit : "Quel est le réflexe à avoir ?" Je me suis dit : "Si tu leur dis que tu es en train de filmer, peut-être que ça va les faire partir parce que généralement, il suffit de dire "Je suis en train de filmer, je vais appeler la police pour qu'ils aient peur". Sauf que ça n'a pas marché."
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À défaut, la voisine a décidé de publier ses images sur les réseaux sociaux pour alerter l'opinion publique : "Quand j'ai posté la vidéo, c'était vraiment un cri de douleur, un cri d'appel", explique-t-elle. La vidéo est en effet vite devenue virale et les réactions sont de plus en plus vives de la part d'anonymes, de politiques ou d'associations telles que la Brigade anti-négrophobie ou SOS Racisme. Après la diffusion de plusieurs vidéos appelant à retrouver l'agresseur, la police a demandé de "ne pas relayer les témoignages haineux et de laisser l'enquête se dérouler".