"Tuez-le, c’est un sale chien de flic" : un policier lynché dans une opération anti-stups à Bagnolet

par William MOLINIE
Publié le 28 avril 2021 à 7h33, mis à jour le 29 avril 2021 à 7h33
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Source : TF1 Info

INFO LCI – Lors de l’interpellation de dealers à Bagnolet (Seine-Saint-Denis), un policier s’est retrouvé isolé et a été passé à tabac par plusieurs individus qui, selon lui, souhaitaient sa mort.

Une scène d’une rare violence. Où rien ne semble arrêter le déchaînement de coups si ce n’est la fuite de la victime. Un policier de 32 ans, membre du groupe de soutien opérationnel de Paris (GSO 75) – une unité spécialisée dans les tactiques d’intervention, les techniques d’effraction ou la sécurisation des milieux clos – a déposé plainte mardi 27 avril auprès de ses collègues du commissariat des Lilas (Seine-Saint-Denis) après avoir été passé à tabac, selon son récit, lors d’une opération de police dans une cité de Bagnolet.

"Fumez-le !"

La scène remonte au lundi 26 avril. Lui et ses collègues montent une opération contre les dealers de la cité de la Capsulerie, une cité de Bagnolet bien connue pour abriter un important trafic de stupéfiants, surnommé "le four de la Cap’s". Les policiers qui y interviennent prennent des précautions : une partie d’entre eux est à pied, d’autres sont en renfort sur les flancs de la cité à moto. Le signal pour lancer l’interpellation d’un des dealers est annoncée sur les ondes. Les policiers, à pied, s’élancent à la poursuite du suspect qui prend la fuite. Un policier à deux-roues intervient mais se retrouve seul, isolé, dans la cité. 

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Un homme avec une capuche s’approche du fonctionnaire et crie alors : "Fumez-le, c’est un schmitt, tuez-le !". Le policier démarre et tente de s’extraire de la cité, mais plusieurs personnes lui barrent la route, lui jettent des pierres et lui donnent des coups de pied afin de le faire chuter. "Je chute au sol et je prends plusieurs coups de pieds dans la tête, pendant que je me faisais frapper, j’entendais ‘Tuez-le, c’est un sale chien de flic, tuez-le’. Je prends conscience que je ne pourrais pas récupérer le scooter, que ma vie est en danger et qu’ils sont déterminés dans leurs violences", raconte le policier dans son procès-verbal que LCI a consulté.

Des coups de pied "type pénalty pleine tête"

Le fonctionnaire de police parvient néanmoins à se remettre debout et tente d’enfourcher à nouveau son deux-roues pour fuir. Mais d’autres assaillants le mettent au sol. "Je me faisais lyncher au sol. Je continue à recevoir des coups de pied type pénalty pleine tête, je ne suis protégé que par mon casque de moto. […] Ma tête faisait des allers-retours gauche-droite sous la violence des coups et j’entends encore ‘on va te fumer, on va te crever, sale fils de pute, sale keuf’", raconte-t-il.

La victime évoque ensuite un "vrai trou noir", sentant "les coups" mais ne percevant alors plus "la douleur". Finalement, un de ses collègues parvient à l’extraire, d’autres soutiens de policiers mettront fin à cet épisode d’ultraviolence. Les policiers ont récupéré le scooter, mais les clés ont été volées. Le policier souffre de nombreuses plaies au visage, de douleurs aux mains, au genou et d’importantes migraines. Une enquête est en cours au commissariat de Bagnolet.

Selon nos informations, deux personnes sont ce mercredi en garde à vue pour violences en réunion sur personne dépositaire de l’autorité publique. L’incapacité temporaire de travail (ITT) du policier n’était pas encore connue. Une saisie de drogue avait été réalisée dans la cité quelques jours plus tôt, a-t-on appris d'une source policière. Au total, 5 individus ont été identifiés.


William MOLINIE

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