Balcon effondré lors d'une fête à Angers : 5 ans après, un procès pour comprendre

Frédéric Senneville | Reportage TF1 : Frédérique Agnès, Alexandra Guillet, et Jean-Yves Chamblay
Publié le 9 février 2022 à 10h15

Source : TF1 Info

Le 15 octobre 2016 à Angers, un balcon s'effondrait sous le poids de jeunes gens réunis pour une fête, tuant 4 d'entre eux et en blessant 14 autres.
Cinq ans après, le procès qui s'ouvre ce mercredi doit établir les responsabilités du drame, entre l'architecte, les constructeurs et le contrôleur.

C'était une pendaison de crémaillère. Deux sœurs venaient d'emménager dans un appartement du centre-ville d'Angers, et avaient invité une quarantaine de leurs amis pour fêter l'évènement, le soir du 15 octobre 2016. Ni musique trop forte, ni agitation particulière. À l'instant du drame, dix-huit personnes se trouvaient sur le balcon, discutant par petits groupes, lorsque celui-ci a cédé sans signe annonciateur, heurtant dans sa chute ceux des étages inférieurs, qui s'effondraient chacun à leur tour. 

Antoine (21 ans), Benjamin (23 ans), Lou (18 ans) et Baptiste (25 ans) sont tués dans cette tragédie. Les quatorze autres convives présents sur le balcon sont blessés. Certains passeront des semaines hospitalisés ou en rééducation. Le frère de Lou Chéné, Théophile, présent et blessé ce soir-là, témoigne du choc qu'il ressent encore : "En plus de la violence de l'accident, il y a la violence des décès, des blessés, des amis, de la sœur que j'ai perdue". Le jeune homme vit depuis cinq ans avec le souvenir permanent de cette catastrophe : "Ces flashs, ces images, ces sons, tout ça, c'est au quotidien"

De graves manquements lors de la construction

Les lieux n'ont pas beaucoup changé en cinq ans, comme on le voit dans le reportage de TF1 en tête d'article. Les balcons de cet immeuble de 1998 n'ont pas été remplacés, et seuls des garde-corps ont été installés. Les traces d'humidité sont encore visibles, témoignant d'une des causes techniques qui ont conduit à l'effondrement : l'absence d'évacuation d'eau. On aperçoit aussi les tiges de métal, qu'un rapport d'experts a jugé ensuite trop fines et mal centrées. La qualité du béton des balcons est aussi en cause, puisqu'il avait été dilué avec de l'eau, la cause probable de son affaiblissement. 

Ça a été fait pour ne pas avoir de retard, (... ), donc c'est pour l'argent, pour le fric
Guillaume Chéné, père de Lou

Après une longue instruction, les familles attendent désormais du procès qu'il établisse les responsabilités précises de chacun dans cette catastrophe impensable : comment un balcon conçu pour supporter 30 personnes, a-t-il pu s'effondrer soudainement sous le poids de 18 ? "Ça a été fait pour ne pas avoir de retard", dénonce le père de Lou et Théophile, "pour éviter des pénalités, donc c'est pour l'argent, pour le fric". Guillaume Chéné poursuit : "J'ose espérer qu'eux diront : 'on a fait des erreurs'". Eux, ce sont l'architecte, le constructeur, le conducteur de travaux, le chef de chantier et le contrôleur, tous les cinq poursuivis pour homicides et blessures involontaires, et qui risquent chacun jusqu'à trois ans de prison et 45.000 euros d'amende.

Le procès qui s'ouvre mercredi 9 février à Angers compte plus de 80 parties civiles. Et selon celles qu'a pu rencontrer l'équipe de TF1, le pire serait que chacun des prévenus rejette la responsabilité sur les autres. 


Frédéric Senneville | Reportage TF1 : Frédérique Agnès, Alexandra Guillet, et Jean-Yves Chamblay

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