Cinq sauveteurs de la SNSM en garde à vue : à Ouistreham, habitants et bénévoles entre colère et incompréhension

Léa Tintillier | Reportage TF1 Anaïs Lebranchu, Xavier Thoby
Publié le 24 novembre 2022 à 22h15

Source : Le JT

Cinq sauveteurs de la SNSM ont été placés en garde à vue ce mercredi dans le cadre du naufrage d’un chalutier en 2021.
Un équipage de la SNSM avait tenté de remorquer un bateau mais trois matelots avaient péri.
Cette garde à vue a provoqué un profond malaise chez les sauveteurs, mais également chez les habitants et les pêcheurs.

Les habitants de Ouistreham sont partagés entre incompréhension et injustice. Cinq bénévoles de leur station de sauvetage viennent de passer 36 heures en garde à vue. "Un bénévole, c’est quelqu’un qui va au-devant des gens pour aider, pour faire quelque chose de bien, et qu’ils soient mis en garde à vue, c’est ça qui peut être choquant", affirme un habitant au 20H de TF1, dans le reportage en tête de cet article. "C’est quelque chose qui est un peu impressionnant, surtout dans ce genre d’enquête où, comme on voit, les personnes étaient bénévoles et ont mis leur propre vie en danger", ajoute une jeune femme. 

Sur le port, les pêcheurs, eux aussi, font part de leur incompréhension. "On a besoin d’eux. Tous les jours, on met nos vies en péril et ils sont là pour venir nous sauver", témoigne Stéphan Pierre, professionnel de la mer. "Des bénévoles qui se lèvent en pleine nuit, quand il fait beau, quand il fait mauvais, pour rendre service… Voilà la récompense", poursuit Pascal Simon, patron pêcheur. 

Une enquête pour homicide involontaire

Les sauveteurs étaient auditionnés dans une enquête pour homicide involontaire. En janvier 2021, ils avaient tenté de remorquer un bateau de pêche en difficulté, en vain. Trois matelots avaient péri. Après la garde à vue, l’un des bénévoles entendus voulait abandonner son poste avant d’être dissuadé par la présence de dizaines de coéquipiers à la sortie de la gendarmerie. "Quand il a vu l’ensemble des collègues, la soixantaine de personnes plus les pêcheurs présents, d’abord, une grande émotion l’a envahi et puis il s'est dit 'non, je ne peux pas déposer mon sac'", explique Jacques Lelandais, président de la SNSM à Ouistreham. 

Dans un élan de solidarité, ce mercredi, dans plusieurs départements, des stations de sauvetage s’étaient rendues indisponibles. La garde à vue de cinq bénévoles a suscité de vives réactions, dans un contexte où l’association peine à recruter de nouveaux volontaires. "Ils vont se dire ‘est-ce que je m’engage dans une affaire où demain, on va pouvoir me reprocher quoi que ce soit’ ", déclare Philippe Auzou, délégué départemental du Calvados de la SNSM. La société nationale de sauvetage en mer va réfléchir à de nouvelles façons d’intervenir, avec des protocoles qui protègent les bénévoles en cas d’enquête judiciaire.  


Léa Tintillier | Reportage TF1 Anaïs Lebranchu, Xavier Thoby

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