Avant Nancy Crampton Brophy, ces auteurs meurtriers trahis par leurs écrits

M.G | Reportage TF1 Antoine de Précigout, Adrien Ponsard
Publié le 14 juin 2022 à 11h05

Source : JT 20h WE

La romancière américaine Nancy Crampton Brophy, qui a écrit l'essai "Comment tuer son mari", a commencé lundi à purger une peine de réclusion à perpétuité pour le meurtre de son époux.
Comme elle, des auteurs et journalistes ont laissé des indices dans leurs écrits avant d'être condamnés.

Quand la réalité se mêle à la fiction...  En 2011, Nancy Crampton-Brophy publiait sur son blog un long texte acide intitulé Comment tuer son mari. Consacré à l'art de se débarrasser d'un conjoint et aux techniques à employer pour ne pas être suspecté, l'essai expliquait que "la chose à savoir avec le meurtre, c'est que chacun d'entre nous en est capable, quand on le pousse suffisamment". "Vous pouvez le frapper à la tête ou le poignarder avec un couteau de cuisine. Mais la plupart du temps, ça laisse des indices qui pointent vers vous", y notait encore laconiquement la romancière. 

Les lecteurs étaient loin de se douter que 7 ans plus tard, l'auteure serait arrêtée par les forces de l'ordre pour... le meurtre de son époux. Après plusieurs années d'une longue procédure, la femme - aujourd'hui âgée de 71 ans -  a été reconnue coupable, le 26 mai dernier, de l'homicide de Daniel Brophy, avant de commencer ce lundi à purger une peine de réclusion à perpétuité. Selon les procureurs, la suspecte avait des problèmes financiers quand elle a tué son mari de deux balles dans le cœur en juin 2018 dans l'école de cuisine où il officiait. "Ce n'est pas seulement une question d'argent. C'est à propos du style de vie qu'elle désirait, et que Dan ne pouvait pas lui offrir", a expliqué le magistrat du parquet, Shawn Overstreet. 

Comme la romancière, dont le 20H de TF1 retrace l'histoire dans la vidéo en tête de cet article, d'autres hommes et femmes de lettres ont été trahis par leurs écrits. 

Liu Yongbiao, l'écrivain à succès démasqué

Professeur et auteur de romans policiers à succès, Liu Yongbiao est arrêté en août 2017 en Chine. La police lui impute alors un quadruple meurtre, datant de 1995 et jusque-là non élucidé. Ce sont les progrès des techniques modernes - notamment des tests ADN - qui ont permis aux forces de l'ordre de remonter jusqu’à l’écrivain. Autre élément significatif, les indices disséminés dans ses propres ouvrages. Dans la préface d'Un douloureux secret, l'auteur avait par exemple exprimé son désir d'écrire un nouveau livre sur une écrivaine séduisante qui échappe à l'arrestation alors qu'elle a commis une série de meurtres. "J'ai eu l'idée après avoir lu quelques romans policiers et regardé des émissions et des films sur le crime", affirmait-il alors. 

Dans la soirée du 29 novembre 1995, deux hommes s'étaient enregistrés dans une pension de famille de Huzhou, une localité de l'est de la Chine. Ils avaient alors l'intention de réaliser un cambriolage. Mais tout ne s'est pas passé comme prévu et le couple de propriétaires, leur petit-fils et un autre client, ont été frappés à mort, à la tête, avec un objet contondant. Plus de 20 ans plus tard, la police chinoise a finalement retrouvé la trace du principal suspect. Au moment de son arrestation, Liu Yongbiao aurait déclaré : "Pendant tout ce temps, j'étais ici à vous attendre". "J'ai attendu ce moment durant 20 ans. Tout cela se termine finalement aujourd'hui. Je suis enfin libéré de cette souffrance mentale", aurait-il également écrit dans une lettre adressée à sa femme, rapporte le site chinois The Paper

En juillet 2018, l'auteur a été condamné à mort par la justice chinoise. Selon le Daily Mail, il aurait salué cette sentence, ajoutant que son crime était "si cruel" qu'il devrait "mourir 100 fois".

Quand Lyndon McLeod annonce le futur...

De son côté, Lyndon McLeod avait prévenu, dans une série de romans de science-fiction, qu'il allait commettre plusieurs meurtres. Dans la trilogie Sanction, écrite entre 2018 et 2020 sous le nom de Roman McClay, il nommait même le nom de certaines de ses victimes. Dans une publication sur son site, l'écrivain disait mélanger la fiction et les "personnes" et "événements réels" afin de "brouiller la frontière entre ce qui existe et ce qui est possible". "Nous sommes au courant des livres écrits par le suspect sous un pseudonyme, qui sont un élément de notre enquête", a confirmé un porte-parole de la police de Denver quelques heures après la tuerie. 

Lundi 27 décembre 2021, le tireur, âgé de 47 ans, a d'abord ouvert le feu dans un salon de tatouage à Denver, tuant une tatoueuse et la propriétaire du salon, Alicia Cardenas. Il a ensuite blessé mortellement Michael Swinyard, puis s'est rendu à Lakewood, dans la banlieue de la capitale du Colorado, où il a tué un homme dans un autre salon de tatouage, puis la réceptionniste d'un hôtel. Dans la foulée, il a été abattu par une policière, elle-même blessée dans l'échange de coups de feu.

Vlado Taneski, le "monstre de Kicevo"

Lui était journaliste de faits divers. Vlado Taneski a été arrêté fin juin 2018, soupçonné d'avoir enlevé, violé, mutilé et

tué quatre femmes dans la ville de Kicévo (Macédoine du Nord), entre 2003 et 2008. Incarcéré dans la foulée, il s'est finalement suicidé lors de ses premiers jours d'emprisonnement à Tetevo (40 kms à l'ouest de Skopje). "Il s'est suicidé en plongeant sa tête dans un seau d'eau. Il a fini comme dans un film d'horreur", a déclaré, à l'époque, un porte-parole de la police locale. Avant de mettre fin à ses jours, le suspect "n'a ni avoué ni démenti, faisant preuve de sang froid lors des interrogatoires", a-t-il ajouté. 

Selon la justice macédonienne, le journaliste chevronné - aussi connu sous le nom du monstre de Kicévo - avait écrit des articles sur des meurtres qu'il avait lui-même commis. "Cerise" sur ce gâteau macabre, il allait jusqu'à solliciter des témoignages de proches de ses victimes.  "Il est venu me demander une photo de ma sœur sans aucune honte. Cet homme est abject", se désolait Cvetanka, dans les colonnes du Parisien

La supercherie du tueur en série a finalement révélée au grand jour lorsque les forces de l'ordre ont remarqué que les reportages comportaient des détails qui n'avaient pas été officiellement révélés. Des empreintes ADN du tueur ont également été trouvées sur ses victimes. À l'aide d'un mode opératoire tragiquement rodé, il identifiait puis exécutait des cibles au profil similaire. Les différentes femmes visées avaient ainsi en commun d'être seules, avec un âge, une éducation et un passé professionnel relativement semblables à ceux de la génitrice du meurtrier. 


M.G | Reportage TF1 Antoine de Précigout, Adrien Ponsard

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