Dino Scala, le "violeur de la Sambre" : derrière Monsieur Tout-le-monde, l’un des pires violeurs en série ?

TF1info | Reportage Sept à Huit : Eric de Clemy et Axel Charles-Messance
Publié le 6 juin 2022 à 12h52, mis à jour le 10 juin 2022 à 8h40
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Source : Sept à huit

Employé sans histoire et père de famille modèle, Dino Scala serait en fait un violeur en série.
En trois décennies, il aurait fait 56 victimes dans la vallée de la Sambre, des deux côtés de la frontière franco-belge.
Document exclusif de "Sept à Huit" sur le double visage du "violeur de la Sambre", à quelques jours de l'ouverture de son procès.

L'inquiétant Monsieur Scala. Les experts psychiatres qui l’ont examiné évoquent un clivage de personnalité, quand ils parlent de Dino Scala. Ce père de famille, âgé désormais de 61 ans, bien inséré, et considéré par tous ceux qui l'ont côtoyé comme généreux et serviable, est peut-être l’un des pires prédateurs sexuels jamais démasqués dans notre pays.

Arrêté en 2018, Dino Scala est inculpé pour 56 viols, tentatives et agressions présumées commis depuis 1988, en France et en Belgique, qu'il reconnaît pour la plupart. Comment cet homme ordinaire a-t-il pu échapper aux enquêteurs pendant tout ce temps, alors qu'il opérait dans un périmètre restreint, proche de son travail et de son domicile ? Une équipe de "Sept à Huit" a rencontré certaines des victimes présumées, que vous pouvez entendre dans le reportage en tête d'article, de celui que la chronique locale avait rapidement surnommé "le violeur de la Sambre".

Quatre ans après son arrestation, le petit village de Pont-sur-Sambre (Nord), où vivait le suspect avec sa seconde épouse et leurs trois enfants, est toujours sous le choc. Ici, Dino Scala était peut-être ordinaire, mais pas anonyme : joueur, puis entraîneur et président du club de football local, il était connu de tous. À commencer par le maire, dont il était un proche. Toujours ému lorsqu'il évoque l'affaire, Michel Détrait témoigne au bord des larmes : "Mon fils l’a connu, il est surpris et choqué. Comme tous les enfants qui ont joué avec lui".  

Toujours le même mode opératoire

Petit, dégarni, légèrement replet : c'est ainsi qu'apparaît Dino Scala sur les photographies connues de lui, la plupart en lien avec son activité avec le club de foot. Ce côté "Monsieur Tout-le-monde" a probablement été son principal atout pendant les trois décennies où il a terrorisé les filles et les femmes de la vallée de la Sambre. Ainsi, un portrait-robot très ressemblant, établi d'après le témoignage d'une adolescente de 14 ans en 1997, ne donnera rien, faute de particularités spécifiques. L'ADN du suspect est prélevé sur plusieurs scènes de crime, mais ne "matche" pas avec ceux des fichiers : Dino Scala est totalement inconnu de la police, son ADN n'a donc jamais été enregistré. Cette première enquête est refermée en 2013. 

Le mode opératoire est pourtant désormais connu. Le violeur de la Sambre agit toujours tôt le matin, principalement en hiver. Il repère ses victimes, puis étudie leurs habitudes. Et lorsqu'il les attaque, c'est toujours par derrière, en les étranglant souvent avec une cordelette jusqu'à l'évanouissement. La plupart n'ont même pas pu voir son visage. 

À partir de 2002, après avoir frappé trois fois dans le même village de Louvroil, Dino Scala modifie légèrement ses habitudes. Il opèrera dorénavant juste de l'autre côté de la frontière toute proche, en Belgique. Il faudra encore trois ans pour s'apercevoir qu'il s'agit probablement du même homme, mais il passe encore sous les radars des enquêteurs.

Ce n'est qu'en 2018 qu'il commettra sa première erreur : sa voiture est filmée par une caméra de vidéosurveillance de la gare de la ville belge d'Erquelinnes, où il vient d'agresser une lycéenne de 15 ans. Arrêté chez lui quelques jours plus tard, Dino Scala reconnaît très vite les faits, et avoue sans difficulté la vingtaine d'autres affaires de viols et d'agressions sexuelles que lui soumettent alors les enquêteurs. "Il a réussi à gâcher mon adolescence, mais j’arriverai à me reconstruire", espère aujourd'hui la jeune femme, dont l'agression fut la dernière d'une série qui s'étend sur trois décennies.

"Maintenant que la machine est arrêtée, ça va, je suis bien. Je n’ai jamais été aussi calme que maintenant". C'est ainsi que Dino Scala décrit son état d'esprit, depuis la prison de Lille-Sequedin (Nord). Notre équipe a eu accès à une centaine de lettres qu’il a écrites en cellule, où il semble essayer de comprendre ce qui l'a amené à devenir le "violeur de la Sambre".

Alors qu'il s'apprête à répondre de ses actes dans un procès qui s'ouvre le 10 juin devant la Cour d'assises du Nord, à Douai, Dino Scala serait désireux de répondre à toutes les questions de ses victimes et de la Justice, selon son avocate. Face à lui, 54 de ses 56 victimes- deux étant décédées depuis- qui n'ont pas souhaité le huis-clos, ouvrant la possibilité d'un procès public.  "C’est lui qui doit baisser les yeux devant moi et pas l’inverse, je n’ai pas à me cacher", témoigne aujourd'hui Mélanie, une des rares victimes à avoir croisé le regard "noir de colère" de Scala. 


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