Drame de Millas : collision mortelle entre un train et un car scolaire

VIDÉO - Drame de Millas : un mois après, des témoignages accablent la conductrice du car

Publié le 16 janvier 2018 à 10h25, mis à jour le 17 janvier 2018 à 10h35
JT Perso

Source : JT 13h WE

ENQUETE - La collision entre un car scolaire et un train ayant fait six morts et plusieurs blessés le 14 décembre au passage à niveau de Millas (Pyrénées-Orientales) n’a pas encore livré tous ses mystères, mais de nouveaux éléments viennent d’apparaître. Plusieurs témoins-clés, dont une élève de 13 ans, affirment notamment que les barrières du passage à niveau étaient fermées au moment où le car scolaire a percuté le TER.

Ils sont cinq, cinq témoins-clés à contredire Nadine, la conductrice du bus scolaire qui, le 14 décembre 2017 peu après 16 heures, est entré en collision avec un train à Millas (Pyrénées-Orientales). Un drame au cours duquel six enfants ont perdu la vie et une vingtaine d'autres a été blessée. Cinq d'entre eux sont toujours hospitalisés. 

La conductrice du bus a toujours affirmé que la barrière du passage à niveau était levée au moment de son passage. Pourtant, plusieurs personnes, témoins de cette tragédie affirment le contraire : le conducteur du train, une stagiaire qui se trouvait à ses côtés, un automobiliste et son passager, et, comme l'a appris LCI, une élève de 4e âgée de 13 ans assise au premier rang du bus. 

J'ai vu que la barrière était fermée"

Une adolescente présente dans le bus

Ainsi, l'adolescente installée à la droite de la conductrice a indiqué aux gendarmes une version mettant à mal celle de la conductrice de l'autocar  : "On a roulé. On est arrivé à l'intersection avant le passage à niveau. On a tourné. Là, j'ai vu que la barrière était fermée. Elle était complètement fermée. Le bus a poussé la barrière, elle s'est cassée. Le bus a continué à rouler doucement. Le train rouge est arrivé à ce moment". A 16h07 et 31 secondes, la collision se produit. Le car roule alors à 12 km/h. Le train, lui, à 74 km/h. 

Le conducteur de la voiture a lui déclaré : "A environ une centaine de mètres de distance, nous avons vu le feu du passage à niveau clignoter et les deux barrières s'abaisser. Je précise les deux barrières car la barrière de notre côté mais aussi la barrière du côté opposé se sont toutes les deux abaissées. Je me suis arrêté à une vingtaine de mètres de la barrière (…) Nous avons vu le premier bus – (trois bus étaient les uns derrière les autres, avec en tête le car scolaire, ndlr)- qui ne s'arrêtait pas à la barrière de la voie ferrée, face à nous, nous avons été surpris et nous avons vu que la barrière opposée se pliait". 

Et d'ajouter : "Le bus a continué à s'engager et nous a donné l'impression de ne pas voir que la barrière se pliait devant lui. Je n'ai pas eu l'impression que le bus freinait ou s'arrêtait. Lorsque le bus était bien engagé, le train qui arrivait par notre droite l'a percuté en plein milieu et l'a coupé en deux". 

Son passager, le conducteur du train et la stagiaire qui se trouvait à ses côtés disent tous que les barrières étaient fermées quand le bus s'est engagé… 

Un train en retard ce jour-là

Nadine, la conductrice du car, a toujours maintenu, elle, que le dispositif était en position ouverte lorsqu'elle a franchi le passage à niveau ce 14 décembre peu après 16 heures. Elle affirme d'ailleurs qu'à chaque fois qu'elle ramène les élèves du collège Christian Bourquin à Millas à Saint-Féliu d'Avall,  les barrières sont ouvertes. "Le jour du drame, le train avait 9 minutes de retard. Retard qui n'était pas prévisible. La conductrice a-t-elle franchi le passage sans vraiment regarder, comme par habitude? C'est une question que l'on peut se poser", relève une source proche du dossier. 

Un anniversaire de décès

Le 14 décembre, jour de l'accident était la date anniversaire de la mort du père de la conductrice du bus, décédé il y a plusieurs années. Cet événement l'a particulièrement marqué puisque, depuis, la quadragénaire, prend des somnifères et des tranquillisants (Zopiclone, Hydroxyzine) notamment dont seules des traces ont été relevés dans les analyses réalisées. 

La quadragénaire pouvait-elle être fatiguée par son travail ? C'est une des questions qui se posent toujours. Car, en plus de ses horaires de travail du lundi au vendredi, Nadine pouvait être amenée à effectuer des heures supplémentaires le week-end, son employeur, Faur, étant un sous-traitant pour les transports urbains de Perpignan.

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Autre élément, Nadine ne conduisait pas le bus scolaire dont elle avait l'habitude. Plusieurs élèves interrogés par les gendarmes l'ont d'ailleurs décrit comme "vieux à l'intérieur". Certains auraient par ailleurs évoqué des problèmes d'embrayages sur d'autres cars scolaires de l'entreprise. Concernant celui qu'elle conduisait le 14 décembre, Nadine, comme l'a révélé Le Parisien samedi, a déclaré : "J'étais à l'aise, je change souvent de bus".

Enfin, la majorité des enfants ne portaient pas leur ceinture. Lors des transports scolaires, les règles en vigueur depuis le décret de n° 2003-637 du 9 juillet 2003 stipulent que le port de la ceinture de sécurité est obligatoire pour les passagers lorsque le siège qu’ils occupent en est équipé.


Aurélie SARROT

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