ENQUÊTE - La Meuse gangrénée par le trafic d'héroïne

par La rédaction de TF1info | Reportage TF1 : Ignacio Bornacin, Philippe Veron
Publié le 12 avril 2023 à 13h00

Source : JT 20h Semaine

Ces effets sur l'organisme sont ravageurs et elle ne coûte presque rien.
Dans certaines régions, l'héroïne se vend seulement 10 euros le gramme.
Le trafic gagne peu à peu nos campagnes, comme dans la Meuse, devenue le symbole de ce nouveau fléau.

Le jour, Verdun apparaît comme une ville tranquille de la Meuse où il fait bon vivre. Bien loin d'imaginer qu'à la nuit tombée, elle dévoile un tout autre visage. Dans un quartier du centre-ville, nous croisons des groupes pressés, comme ces deux femmes. Elles nous diront hors caméra être à la recherche d'héroïne. Cette drogue est devenue un fléau dans la ville. Un autre groupe de jeunes accepte de nous parler. Ils sont consommateurs réguliers de drogue, mais pas d'héroïne, effrayés par la dépendance qu'elle provoque. 

L'héroïne se vend jusqu'à huit fois moins chères que la cocaïne. Comment une drogue aussi dangereuse peut-elle coûter si peu au point qu'elle gangrène la ville ? Pour cause, elle vient des Pays-Bas, où le kilo d'héroïne coûte 3000 euros de moins qu'en France.

À peine 250 km sépare Maastricht de Verdun. Les trafiquants achètent la drogue là-bas, puis la livrent illégalement la France en traversant la Belgique. Et justement à la frontière belge, les gendarmes réalisent presque quotidiennement des contrôles. Ce jour-là, les militaires ne trouveront aucune drogue. Mais depuis quatre ans, près de 15 kg d'héroïne ont déjà été saisis par les gendarmes de la Meuse pour une valeur de 220.000 euros.

La lutte contre l'héroïne est d'autant plus difficile que le trafic se fait dans l'ombre. À Verdun, dans les quartiers connus pour être les principaux points de deal, les trafiquants sont invisibles. Il n'y a pas de guetteurs en bas des tours, comme dans les cités des grandes métropoles. Les dealers se cachent dans des appartements du centre-ville appelés "bendo". Un homme nous explique ce terme. Il dit être habitué de ces lieux. "C'est une adresse où on va chercher de la 'came et de la coke'. Il y en a un peu partout", explique-t-il. Bien souvent, ces points de vente sont les appartements des toxicomanes eux-mêmes sous l'emprise des trafiquants. 

Sur les trois dernières années, une centaine de ces points de vente ont été identifiés. Plus de 30 trafics de stupéfiants démantelés et 123 personnes interpellées dans le département de la Meuse.


La rédaction de TF1info | Reportage TF1 : Ignacio Bornacin, Philippe Veron

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