Le volume du trafic de drogue est évalué à 4 milliards d'euros par an en France.Un business juteux qui n'hésite pas à emprunter des techniques au marketing commercial.Certains trafiquants vont jusqu'à imiter les emballages de bonbons pour attirer une clientèle plus jeune.Le 20H de TF1 a mené l'enquête.
À peine notre équipe assise dans une voiture de la police de Compiègne, que la mission commence, avec pour objectif ce jour-là le démantèlement d'un "point de deal" (un point de vente de drogue, NDLR). Quelques minutes à peine après leur départ, les policiers interpellent un dealer présumé à vélo, comme on le voit dans le reportage du 20H de TF1 ci-dessus. Dans sa sacoche, plusieurs grammes de cannabis emballés dans des sachets d'un nouveau genre, portant des dessins colorés qui attirent l’œil des jeunes. Les motifs pastichent des marques de bonbons populaires, l'un d'entre eux détourne même le nom d'une célèbre marque de glace.
Ces emballages remplacent peu à peu les classiques sachets en plastique transparent. Depuis le début de l'année, la police de Compiègne en a intercepté plusieurs dizaines chaque mois. "On a des marques de boissons type soda, et également des références à des bonbons", explique le commissaire Pierryck Boulet, en nous montrant des échantillons saisis. "La difficulté pour nous", souligne-t-il, "c'est de retrouver ça sur des points de deal qui se situent non loin de lieux dans lesquels les enfants jouent ou grandissent".
On est dans un commerce à ciel ouvert, avec ce marketing tranquille et désinhibé
William Lowenstein
Une situation qui s'est déjà produite. Il y a deux semaines, par exemple, un sachet de cannabis imitant un paquet de céréales populaire était retrouvé près d'une aire de jeu de Compiègne. Aucun enfant n'avait été intoxiqué, mais les parents du quartier sont inquiets. "Ils vont tomber sur des sachets de bonbons, on ne sait pas ce qu'il y a dedans", s'alarme une mère de famille.
L'association avec des paquets de friandises connues des enfants est bien l'objectif. Les dealers investissent dans ces emballages pour attirer un public plus jeune, et atténuer le caractère illégal et dangereux des stupéfiants. Des pratiques dénoncées par un spécialiste des addictions. "On est dans un commerce à ciel ouvert, avec ce marketing tranquille et désinhibé", dénonce William Lowenstein, "c'est pétillant, ça s'expose à tous, donc ça diminue la peur de l'illégalité".
S'ils cherchent de nouvelles parts de marché avec des clients plus jeunes, les trafiquants n'hésitent pas non plus à recruter des enfants comme guetteurs ou comme dealers. À Compiègne, le plus jeune vendeur interpellé par la police n'avait que douze ans.