La préfecture de la Marne a ordonné la fermeture d'hébergements collectifs de vendangeurs à Nesle-le-Repons (Marne).Ces salariés étrangers vivaient dans des conditions jugées "insalubres" et "indignes".
Des restes de tentes, de lits cassés et des toilettes sèches inutilisables juste à côté : c'est dans ce campement de fortune, situé dans le village de Nesle-le-Repons (Marne) que des travailleurs sans-papiers ont vécu, entassés, pendant plus d'une semaine. Ils sont une cinquantaine à avoir été logés dans ces bâtiments insalubres pour travailler dans les vignes. Sur une vidéo qu'un des travailleurs a fourni à TF1, et que l'on peut voir en tête de cet article, on aperçoit l'un d'eux à bout de nerfs.
Dès qu'on est arrivé, on a souffert, on n'a pas mangé, on a été mal accueilli, on a mal dormi, on ne s'est pas lavé
Segou et Abel, travailleurs maliens
Ces hommes ont été embauchés par une entreprise de prestataire. Patrick Acker, le maire de ce petit village, a été alerté de la situation la semaine dernière, par des riverains. "Je ne pensais pas qu'ils allaient mettre des camps comme ça. Et puis accueillir des gens dans de telles conditions. Recevoir des gens comme ça dans un milieu comme celui du champagne, je trouve que c'est indigne et c'est vraiment trop triste. On n'y pense même pas", déplore-t-il. Il y a une semaine, un arrêté préfectoral a ordonné la fermeture de cet hébergement.
TF1 a retrouvé certains de ces travailleurs. Parmi eux, Segou et Abel, originaires du Mali. C'est en région parisienne, là où ils vivent, qu'ils disent avoir été approchés pour ce travail de vendangeur. "Ils sont venus nous recruter à Paris. Tout le monde s'est retrouvé porte de la Chapelle. Ils ont commandé un camion et un car pour nous emmener là. Dès qu'on est arrivé, on a souffert, on n'a pas mangé, on a été mal accueilli, on a mal dormi, on ne s'est pas lavé. Ils ont profité de notre situation pour nous faire tout ça", racontent-ils. Et de poursuivre : "Là-bas, dans la vigne, quand on coupait le raisin, il y avait un chauffeur qui était là pour filmer les gens. Il nous disait qu'on n'avait pas le droit de se lever".
Le parquet de Châlons-en-Champagne va chercher à déterminer les conditions exactes d'hébergement et de travail. "Je vous confirme que deux enquêtes sont actuellement ouvertes sur notre ressort pour traite des êtres humains", a déclaré dans un communiqué Céline Fassey, vice-procureure de Châlons-en-Champagne.
Ces travailleurs devaient par exemple toucher 80 euros la journée en liquide, mais ils disent ne pas avoir été payés. TF1 a joint par téléphone le prestataire qui nie les faits reprochés. La traite des êtres humains est punie de sept ans d'emprisonnement et de 150.000 euros d'amende.