Plusieurs centaines de plaques funéraires sont régulièrement volées puis revendues sur Internet.Des personnes, généralement passionnées d’histoire, les traquent afin de les restituer à la famille.Le vol ou recel de plaques est puni de cinq ans de prison et 375.000 euros d’amende.
Dans les cimetières, les tombes de soldats sont de plus en plus vandalisées, comme celle de Paul Chivo, mort au front pendant la première guerre mondiale. "Paul Chivo est décédé au combat à 23 ans, mais on sait qu’il a été fait prisonnier par l’ennemi en 17", explique Philippe Delaporte, maire (sans étiquette) de Miannay (Somme).
Sa plaque funéraire, volée il y a 20 ans, vient d’être retrouvée dans une vente aux enchères. "C’est révoltant parce que justement, on devrait plutôt les entretenir, les préserver qu’en faire un commerce", poursuit Philippe Delaporte. Ce cimetière de la Somme n’est pas le seul à avoir été pillé. Des vols comme celui-ci ont lieu partout en France.
Jusqu’à plusieurs centaines d’euros
Convoitées pour leur valeur historique, ces plaques funéraires, où figurent souvent la photo des soldats, se revendent jusqu’à plusieurs centaines d’euros dans des ventes aux enchères, des brocantes, mais surtout sur Internet où un trafic s’est organisé.
Marc est collectionneur et passionné d’histoire. Il traque les ventes de ces plaques. Chaque soir, il passe plusieurs heures à scruter les sites d’enchères et de revente, à l’affut de la moindre plaque funéraire. "Là, j’ai trouvé une ancienne plaque émaillée d’un soldat de la guerre 14-18 qui était posée initialement sur une tombe. Cette plaque est proposée en achat immédiat à quasiment 300 euros. On en trouve une à deux par semaine. C’est intolérable de voir ce genre d’article en vente, ce sont des objets presque sacrés. Ce ne sont pas des vieux vêtements ou des vieux téléphones portables", affirme-t-il.
500 personnes traquent les annonces pour retrouver les plaques
Son objectif est de récupérer la plaque pour ensuite la restituer à la famille. Mais avant, il doit négocier avec le vendeur. "S’il ne coopère pas, les gendarmes vont essayer de convaincre cette personne-là, toujours de façon amicale, et ensuite, si la personne ne veut absolument rien savoir, elle tombe sous le coup de la loi et il y aura une plainte qui sera déposée à son encontre", poursuit Marc.
La plupart du temps, la plaque est remise à l’amiable. Comme lui, un réseau de 500 personnes réparties partout en France traquent les annonces quotidiennement sur Internet pour mettre fin à ce trafic. Et souvent, leurs trouvailles se font au-delà de nos frontières, au Luxembourg, aux Pays-Bas, mais surtout en Belgique. Le recel de plaques funéraires est puni de cinq ans de prison et 375.000 euros d’amende. Mais cette peine pourrait être plus lourde si la loi française les considérait comme des biens culturels. "Ça permettrait deux choses : de sanctionner plus lourdement les auteurs des infractions, les auteurs de vols et les auteurs de recel, et cela permettrait également à l’office chargé de poursuivre les infractions liées au trafic de biens culturels de se saisir de ces trafics, ce qu’elle ne peut pas faire jusqu’à présent", déclare Me Marine Le Bihan, avocate en droit de la culture.
Une centaine de plaques restituées
En attendant, l’association mémorielle "Le souvenir français" s’est donné une mission : retrouver les propriétaires des plaques qui ont été retirées du trafic. "Je vais vous prendre le cas de René Zimmer qui est une des plaques particulières parce qu’il n’y a pas la photo. C’est-à-dire que nous avons un combattant où nous avions peu de choses sur lui. Pour l’instant, nous savons son nom, ce qui est déjà pas mal, nous savons qu’il est mort pour la France. Ce qui nous manque, c’est l’essentiel, c’est où était la tombe familiale", explique Serge Bercellini, président général du souvenir français.
Pour remonter sa trace, l’association va fouiller dans les archives départementales, sur les sites généalogiques, mais aussi dans les documents militaires. "Sur ce site militaire des armées, il y a les 1,4 million de morts de 14-18. Si nous allons sur ce site, on trouvera trois Zimmer dont celui-là. Ça correspond avec la plaque. Vous voyez qu’on sait même déjà le lieu de naissance qui est à Reims et il ne nous reste plus qu’à appeler le maire de Reims pour lui dire que nous souhaitons lui restituer cette plaque. Sauver ces plaques, ça participe à la sauvegarde du patrimoine national, c’est essentiel", ajoute Serge Bercellini. Au total, plus d’une centaine de plaques funéraires de soldats ont été restituées.
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