La police lance ce lundi une alerte sur la multiplication des arnaques à la vignette Crit’Air.On revient sur cette escroquerie et sa montée en puissance en 5 questions.
L’instauration progressive des zones à faibles émissions (ZFE) oblige de plus en plus de Français à commander sur Internet leur vignette Crit’Air. De quoi attirer les escrocs. Ce lundi, la police alerte : ils multiplient depuis plusieurs mois les SMS ou sites frauduleux pour soutirer aux victimes leurs coordonnées bancaires.
Quel mode opératoire ?
Le procédé est toujours le même : les escrocs créent un faux site internet reprenant les codes visuels et la mise en page du site officiel permettant de commander la vignette Crit’Air (www.certificat-air.gouv.fr), sur lequel les victimes potentielles sont invitées à donner leurs données bancaires. Soient elles y arrivent d'elle-mêmes en cherchant à commander leur vignette, soit elles sont visées par la technique du "phishing" (hameçonnage) : vous recevez un mail ou texto avec un lien vers le site frauduleux. Dans le reportage de TF1 en tête de cet article, un automobiliste montre celui qu'il a reçu : "Nos agents ont constaté que votre véhicule n’était pas muni de la vignette Crit’Air 2023. Veuillez la récupérer sous peine de contravention dans les prochaines 48 h". Après avoir cliqué, vous pensez payer votre vignette et donnez vos coordonnées bancaires. Les arnaqueurs n’ont alors plus qu’à débiter votre compte.
Une habitante de Lyon avait ainsi expliqué à TF1 en octobre dernier avoir été victime de cette supercherie, après avoir reçu sur son téléphone un SMS. "J’étais convaincue d’être effectivement dans la situation qu’ils décrivaient", avait-elle témoigné. Finalement, par chance, elle avait pu faire opposition avant d’être débitée.
Combien de victimes ?
L’arnaque à la vignette Crit’Air existe depuis ses débuts en 2017 à Paris. Mais elle s’est particulièrement développée depuis la fin d’année 2022. "Sur les deux années 2020 et 2021, 43 faits ont été signalés contre 56 pour 2022, dont 38 entre juillet et décembre", assure ce lundi à l'AFP William Hippert, chef du Service d'analyse stratégique de la criminalité organisée (Sirasco), rattaché à la direction centrale de la police judiciaire (DCPJ). "Des statistiques sans doute au-deçà de la réalité, mais qui montrent une accélération", souligne le commissaire.
"Parfois, après un premier appel, l'escroc téléphone à la victime en se faisant passer pour son banquier venu l'avertir qu'elle a été escroquée et lui demande accès à ses comptes pour soi-disant annuler la transaction", explique-t-il également. En fin d’année 2022, une personne a ainsi viré 10.700 euros sur un compte en Espagne, et une autre 3000 euros en Lituanie.
Quelles villes sont concernées par la vignette ?
Actuellement, 11 agglomérations ont mis en place des zones à faibles émissions obligeant à s'acquitter d'une vignette : Grand Paris, Lyon, Aix-Marseille, Toulouse, Nice, Montpellier, Strasbourg, Grenoble, Rouen, Reims et Saint-Étienne. D'ici à 2025, en vertu de la loi Climat, les 43 métropoles de plus de 150.000 habitants devront également mettre en œuvre une ZFE, sous réserve de dérogations dans quelques cas.
Quels conseils pour éviter cette arnaque ?
Pour éviter de vous faire avoir, certains signes ne trompent pas. "Le fait d’être appelé par un numéro de téléphone mobile n’est pas cohérent. L’État ne va pas vous appeler avec un téléphone portable ou vous envoyer un SMS avec un numéro de téléphone portable. Les sites sont malheureusement très bien faits, ils ressemblent beaucoup à des sites officiels donc il faut bien vérifier que l’adresse du site se termine par .gouv.fr.", rappelle Jean-Jacques Latour, directeur de Cybermalveillance.gouv.fr, dans le reportage du 13H de TF1 en tête de cet article.
La vignette Crit'Air, qui coûte 3,72 euros, "ne peut s'obtenir que sur le site du gouvernement et il n'est jamais question de demander de quelconques coordonnées bancaires", rappelle également William Hippert.
Que faire si vous avez été piégé ?
Si vous avez donné vos coordonnées bancaires, les autorités recommandent de faire opposition immédiatement. Par ailleurs, il est important de conserver des preuves et de déposer plainte afin que les forces de l’ordre puissent tenter d’identifier les auteurs. "Si vous êtes un particulier, vous pouvez être accompagné gratuitement par une association de France Victimes au 116 006, numéro d’aide aux victimes du ministère de la Justice", ajoute le site cybermalveillance.gouv.fr.
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