Usurpation d'identité : les "garages fantômes" se multiplient en France

MM
Publié le 3 juin 2021 à 9h52

Source : TF1 Info

ESCROQUERIE - Après avoir usurpé l'identité de leurs victimes, des malfaiteurs s'en servent pour immatriculer des voitures. Les victimes, elles, sont ensuite passibles de poursuites.

Le phénomène est aussi inquiétant que son nom le laisse supposer. Depuis quelques mois, un type d'escroquerie se multiplie dans l'Hexagone : les "garages fantômes". Pour la mettre en œuvre, des escrocs volent ou récupèrent des identités et créent en ligne des garages sous différents noms. Avec ceux-ci, les malfaiteurs achètent des voitures, et les immatriculent avec les mêmes identités volées.

"C'est plutôt un phénomène qui marque les départements frontières, mais on le retrouve aussi, désormais, un peu partout en France parce qu'il est lucratif, avec des sanctions pénales parfois assez moindres par rapport à des trafics de stupéfiants", précise à TF1, dans la vidéo en tête de cet article, Christian Belpaire, chef de la police municipale de Roubaix (Nord).

"Pour l'instant, il n'y a pas véritablement de possibilité d'arrêter le phénomène, parce qu'auparavant, la personne du greffe pouvait vérifier que la physionomie [du propriétaire du garage] correspondait à la photo de la carte d'identité" de la personne dont l'identité avait été volée. Mais ce n'est plus le cas, nous explique Éric Feldmann, président du tribunal de commerce de Lille-Tourcoing (Nord). Dès lors, "nous n'avons pas les moyens d'investigation pour nous en apercevoir".

Les véhicules en question servent ensuite à des trafics ou des braquages, mais les escrocs ne craignent rien : avec Internet, créer une entreprise n'a jamais été aussi simple, car les documents d'identité sont transmis en ligne. Il est toutefois impossible de vérifier l'authenticité de tous les documents. 

J'ai commencé à recevoir des appels de policiers
Une victime de garage fantôme

En revanche, les personnes dont les identités ont été volées sont accusées par la justice. Un problème auquel un homme que nous avons interrogé est confronté. Il a accepté de témoigner à visage caché, par peur des représailles. 

Ses ennuis ont commencé il y a quatre ans, alors qu'il "était en vacances". "J'ai commencé à recevoir des appels de policiers parce que des véhicules à mon nom étaient responsables de délits de fuite, de braquages à main armée... Et c'est là que j'ai compris que mon identité avait été usurpée et que j'allais à l'encontre de graves problèmes", nous raconte-t-il.

Très vite, il porte plainte et pense que la justice va agir. Mais quelques mois plus tard, l'administration fiscale lui réclame 200.000 euros pour des infractions en tous genres. Car son identité a permis de créer des dizaines de garages fantômes. 

"Je ne dors ni ne travaille quasiment plus, ça a un impact énorme. J'ai retiré tout l'argent que j'avais sur mes comptes parce que je savais qu'il allait être saisi par l'État", ajoute-t-il. S'il reçoit désormais moins d'amendes, son histoire est loin d'être finie. Car les garages fantômes continuent d'essaimer partout en France, notamment dans le Nord, où ils en existeraient 2600.

Pour lutter contre le phénomène, Docvérif devrait prochainement voir le jour. Le dispositif "fait partie de la solution." Il "permet de vérifier l'authenticité d'un titre d'identité s'il est déclaré perdu ou volé", nous détaille Simon Fetet, secrétaire général de la préfecture du Nord et sous-préfet de l'arrondissement de Lille.

En attendant, des contrôles renforcés seront menés dans le Nord, mais aussi partout en France. 


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