Utilisé depuis seulement trois ans, le bracelet anti-rapprochement s'inspire de celui mis en place par nos voisins espagnols.Un petit boitier qui a ses limites, mais qui permet néanmoins de rassurer de nombreuses victimes de violences.Mais leur nombre est encore largement insuffisant.
Il ressemble à un vieux téléphone, et pourtant ce petit boîtier a changé la vie de Lorraine. "Un bracelet anti-rapprochement, ça rassure beaucoup. On est plus sereine", témoigne-t-elle. Pendant des mois, son ancien compagnon l'a battue. Malgré deux condamnations, il continue ses menaces. La Justice va proposer à Lorraine ce bracelet pour maintenir son agresseur à distance. "Toute seule, avec personne autour de moi pour me protéger. Je sais qu'il m'aurait tuée", poursuit-elle. Désormais en sécurité, elle veut que ce dispositif sauve d'autres victimes. "Il y a beaucoup d'efficacité là-dessus et il faut vraiment que ça se développe", affirme-t-elle.
Seulement 1014 utilisés en France
Son ancien compagnon, lui, portait un bracelet à sa cheville. Géolocalisé en temps réel, impossible à enlever, c'est un dispositif fiable. Pourtant, il n'y en a que 1014 utilisés en France. L'agresseur doit d'abord accepter de le porter. Il en est responsable. Le recharger, ne pas l'abîmer, des contraintes au quotidien. "Ce boîtier, c'est ce qui est remis à l'auteur et qui assure la géolocalisation de la personne porteuse. Il doit être positionné dans la veste de l'auteur systématiquement", explique Martin Vaillant, directeur pénitentiaire d'insertion et de probation.
Si l'agresseur est à deux kilomètres de la victime, le bracelet sonne et, à moins d'un kilomètre, les forces de l'ordre interviennent. Stéphanie Baldassi, directrice du service pénitentiaire du Val-d'Oise, peut consulter leur position à tout moment. "On peut à l'instant réel savoir où est l'auteur et où est la victime", montre-t-elle sur son écran. Deux personnes qui vivent dans la même région peuvent très vite se rencontrer sans même le vouloir. Le bracelet anti-rapprochement n'est donc pas adapté à toutes les situations. "Il faut que ce soit réalisable et qu'on puisse avoir des distances raisonnables de lieu de vie et de lieu de travail entre l'auteur et sa victime", poursuit-elle.
Utilisé depuis quatorze ans en Espagne
Utilisé depuis seulement trois ans, le bracelet anti-rapprochement reste méconnu. Un réflexe que doit encore développer la justice. "Le juge aux affaires familiales n'a pas l'habitude d'utiliser un moyen coercitif comme le bracelet anti-rapprochement, mais il faut s'approprier justement ces nouveaux outils qui ne sont pas dans nos habitudes judiciaires", affirme Me Isabelle Steyer, avocate pénaliste spécialiste du droit des femmes et des enfants victimes de violences.
Des habitudes bien installées chez nos voisins espagnols. Eux l'utilisent depuis quatorze ans déjà. 3300 femmes en bénéficient, soit trois fois plus qu'en France, mais le ministère de la Justice assure qu'il n'y a aucun retard. "On s'en est énormément inspiré. On a le même taux de déploiement qu'en Espagne sur leur premier mois. Ils avaient 774 bracelets anti-rapprochement, c'est la même proportion", assure Laetitia Dhervilly-Alfero, magistrate, haute-fonctionnaire à l'égalité femmes-hommes.
Une mise en place progressive parce qu'elle a aussi un coût : onze millions et demi d'euros pour l'État en 2023. Le gouvernement mise tout sur ce dispositif et annoncera des améliorations techniques dès juin prochain.
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