La semaine prochaine, la France célèbre son traditionnel 14-Juillet.Après plusieurs jours de violences urbaines et alors qu'une accalmie est ressentie depuis dimanche, les forces de l'ordre redoutent de nouveaux incidents d'ampleur à l'occasion de la Fête Nationale.
"Aujourd'hui, c'est calme, mais très vite tout peut rebasculer, alors oui, nous sommes un peu tendus", confie ce jeudi matin à TF1info une source policière sous couvert d'anonymat. "Il y a eu un déferlement de violences tellement élevé qui ne pouvait pas durer avec une telle intensité pendant des semaines, d'autant qu'il y a eu des milliers d'interpellations et des centaines de condamnations passées et à venir sans doute", commente également Julien Schenardi du syndicat Alliance police nationale.
Lui aussi appréhende les jours à venir. "Ça a duré déjà cinq nuits, entre le 27 juin (jour de la mort de Nahel tué par un tir de policier, NDLR) et le 2 juillet, c'est déjà beaucoup", ajoute-t-il.
Ce que redoutent ces fonctionnaires, comme beaucoup d'autres de ses collègues, ce sont d'abord les rassemblements et marches annoncés le 8 juillet dans toute la France à l'appel de plusieurs collectifs, associations et syndicats, mais aussi et surtout, les dérives à l'occasion des traditionnelles festivités du 14-Juillet, célébrées le jour même, mais aussi la veille au soir dans plusieurs villes. "Pour le défilé sur les Champs-Élysées, nous n'avons a priori rien à craindre, tout est ultra-sécurisé et il n'y a jamais eu d'incidents ou des incidents mineurs. Ce sont les soirées qui posent un problème", estime la source policière.
Appels aux émeutes et commandes de mortiers
Selon Julien Schenardi du syndicat Alliance, les faiseurs de troubles sont à l'affût. "Des saisies records de mortiers ont été réalisées ces derniers jours à Paris et en région parisienne. On sait que les émeutiers essaient de passer des commandes sur Internet via des pays européens pour se faire livrer des artifices. On sait que commencent déjà à circuler sur les réseaux sociaux des appels aux émeutes pour les 13 et 14-Juillet. On sait que ça va être sous tension", explique-t-il.
La source policière que nous avons contactée pense aussi que cette période risque d'être dure pour les policiers et les gendarmes. "On nous a demandé de reporter nos congés, d'être mobilisables pendant les week-ends et même dès que nécessaire. Certains ont enchaîné les jours de travail sans repos. Beaucoup de policiers sont fatigués, mais il va falloir reprendre des forces pour la suite. La mort de Nahel, celle d'un homme à Marseille, et un homme dans le coma à Mont-Saint-Martin sont à l'esprit de tous."
Le dispositif pas encore connu
Le dispositif en place pour la Fête nationale n'a pas encore été communiqué par les autorités. Mercredi, devant la commission des Lois au Sénat, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a indiqué que depuis le début des violences, il y avait eu "3505 interpellations, dont 1373 à Paris et en proche banlieue".
Le patron de la place Beauvau a également détaillé l'étendue des dégâts. Ont été recensés ainsi sur une semaine : 23.878 feux de voie publique, "singulièrement des poubelles", 12.031 véhicules incendiés, 2508 bâtiments incendiés ou dégradés, 105 mairies "incendiées ou dégradées" et 168 écoles attaquées et 17 atteintes aux élus. "Il n'y a que 10 saisies de l'IGPN ou l'IGGN", a par ailleurs expliqué le ministre de l'Intérieur, sans donner plus de détail.
Une réunion doit se tenir demain, vendredi, à Paris, avec les préfets, les maires d'arrondissement, la police nationale et la police municipale.