Le 20h

VIDÉO - Les ravages du GHB, drogue inodore et indétectable

Léa Tintillier | Reportage TF1 Ignacio Bornacin, Romane Rosso, Marc Kouho
Publié le 6 janvier 2023 à 19h23
JT Perso

Source : JT 20h Semaine

Le GHB est un produit qui a longtemps servi en tant qu'anesthésique.
Son usage est aujourd'hui détourné et certaines personnes s'en servent pour endormir et violer leurs victimes.
Indétectable dans l'organisme, cela rend compliqué le travail de la justice.

Lucie*, 49 ans, est en procès contre son violeur présumé. Elle affirme avoir été droguée au GHB lors d'une soirée chez elle, entre collègues, il y a trois ans. "Un trou noir. Un trou noir avant de m'endormir même", raconte-t-elle. À son réveil, elle est nue et sans aucun souvenir. Comme la majorité des victimes, malgré un passage aux urgences, Lucie n'arrive pas à prouver qu'elle a été droguée.

Indétectable dans l'organisme

En plus de provoquer une amnésie, le GHB est indétectable dans l'organisme après douze heures. Elle porte plainte, mais sans preuve du viol ni du GHB, la justice classe alors l'affaire sans suite. "C'est tellement facile qu'il sait qu'il n'a rien à craindre derrière, qu'on ne va pas retrouver les traces, qu'il peut continuer. C'est un individu qui a toute la puissance de cette poudre, de ce produit qui fait que sa victime est à sa merci", poursuit-elle. Pourtant, Lucie n'abandonne pas. Elle poursuit à nouveau son violeur présumé. 

Avec son avocat, ils comptent sur un nouveau témoignage d'une collègue présente à la soirée pour obtenir la condamnation. Un combat très symbolique pour les milliers de victimes qui n'ont jamais été reconnues par la justice. "Si on ferme dès le départ parce qu'on va avoir un problème d'administration de la preuve, ça laisse effectivement un champ d'action et malheureusement un champ de nuisance aux auteurs. Soit on baisse les bras et on est face à un phénomène de société qui est préoccupant, soit on se dit : 'On mène un combat, on en connaît la difficulté, on en connaît l'aléa mais on le mènera jusqu'au bout'", affirme Me Olivier Godart, avocat au barreau du Mans (Sarthe). 

Cette lutte contre le GHB est encore loin d'être gagnée. Dans les meilleurs laboratoires d'analyses, comme le CHU de Bordeaux, on alerte sur un autre produit. Similaire au GHB et de plus en plus répandu, le GBL est un solvant industriel interdit à la vente pour les particuliers mais trouvable sur Internet. Il provoque les mêmes effets que le GHB. Lui aussi est indétectable au bout de quelques heures. "C'est un solvant mais qui a pour particularité de se transformer dans l'organisme, dès qu'on l'a avalé, en GHB. Ce qui fait que ça devient naturellement un produit stupéfiant dans notre corps", explique Jean-Michel Delile, président de l'institut de santé publique d'épidémiologie et de développement (ISPED), à Bordeaux. 

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Un millilitre de produit suffit à droguer une personne. Avec une bouteille d'un litre de GBL, c'est donc jusqu'à 1000 doses qui peuvent être préparées. GBL ou GHB sont inodores et sans goût. Les personnes droguées à leur insu s'exposent à de gros risques. Mélangés à de l'alcool, les GHB ou les GBL peuvent être mortels. Face à l'ampleur du phénomène dans les bars et les discothèques, lutter contre ces produits et ses dérivés devient une priorité. Droguer une personne à son insu est puni de cinq ans d'emprisonnement et de 75.000 euros d'amende. 

*Le prénom a été modifié


Léa Tintillier | Reportage TF1 Ignacio Bornacin, Romane Rosso, Marc Kouho

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