"Un symbole de l'inacceptable dans notre République" : émotion à Paris lors de l'hommage à Lola

Publié le 16 novembre 2022 à 19h49, mis à jour le 16 novembre 2022 à 22h54

Source : JT 20h Semaine

Un hommage à Lola, 12 ans, assassinée le 14 octobre dernier dans l'immeuble où elle vivait avec ses parents dans le 19e arrondissement a été rendu ce mercredi.
Camarades de classes, parents d'élèves, enseignants et anonymes y ont participé.
La famille de la collégienne était aussi présente. La mère de Lola a ponctué l'événement par un discours.

La pluie s'est mise à tomber alors que le cortège s'est élancé. Vers  16 heures, camarades de classes, parents d'élèves, enseignants et anonymes ont pris la direction de résidence Manin, là où vivait Lola et ses parents, et là où la collégienne a été assassinée le 14 octobre dernier par la sœur d'une voisine, Dahbia B. 

Selon le vœu des parents de la collégienne de 12 ans, ni banderole ni photo n'ont été déployées sur ce parcours ralliant le collège à la mairie, en passant par le domicile de l'enfant.  Au premier rang, des amis de Lola, suivis de ses parents et de ses frères. Sur les visages, la tristesse, l'émotion et parfois les larmes. Sur le dos de certains, des t-shirts blancs avec un dessin de l'enfant, et ces mots : "Lola tu as été le soleil de nos vies, tu seras l'étoile de nos nuits".

Arrivés au pied du logement familial, un moment de recueillement statique, un portrait géant de Lola, la chanson "La goffa Lolita" et son refrain, "C'était Lola". Certains se sont approchés discrètement près de la porte de la résidence, pour y déposer des fleurs. "Un mois après, je ne m'en remets toujours pas", nous confie Jeanine, une voisine octogénaire très éprouvée. 

Un "odieux assassinat"

Le cortège a pris ensuite la direction de la mairie, où la mère de Lola, très émue, a pris la parole entourée par ses proches pour revenir sur cette "épreuve" qui a ravagé sa famille comme elle a traumatisé "les enfants, les habitants du 19e et au-delà toutes les familles françaises". "Dans ce quartier populaire et chaleureux, nous avons construit notre famille avec la naissance de Thibault et de Lola, construction stoppée tragiquement par cet odieux assassinat", a précisé la maman endeuillée.

"Comprendre l'incompréhensible, c'est la situation dans laquelle nous sommes après le tsunami psychologique qui nous a frappés dans la nuit du 14 octobre, lorsque nos espoirs de retrouver Lola se sont évanouis, comme après un tsunami, tout ce que nous avions construit a été détruit, a-t-elle poursuivi, en sanglots. Comment vivre au présent, comment se projeter dans l'avenir quand celle qui l'incarnait n'est plus là ?"

La mère de Lola a ensuite salué tous ceux qui lui avaient apporté leur soutien. "C'est dans ces moments difficiles, d'une violence extrême, que le meilleur côtoie le pire, a-t-elle insisté. Le meilleur, c'est vous ici présents ce soir, c'est la solidarité, c'est la fraternité qui permet de croire encore aux valeurs qui nous unissent. Le pire, ce sont les utilisations de l'image de notre fille à des fins mercantiles ou politiciennes".

Une fondation soutenue par l'ancien maire de New York

"Nous comprenons le besoin de comprendre comment et pourquoi cette jeune femme a pu attenter de façon si odieuse à la vie d'une petite fille, de notre petite fille, qui ne demandait qu'à vivre et à être aimée", a-t-elle ajouté. 

"Chacun s'est senti personnellement atteint, blessé, par le meurtre d'une enfant qui fait de Lola un symbole de l'inacceptable dans notre République. Devant tant de barbarie, chacun peut être tenté par de la colère, par de la violence à l'égard de la meurtrière et c'est légitime (…) Mais il ne faut pas répondre à la violence par la violence."

Pour la famille, il faut faire confiance "au temps long de la justice" et attendre le procès qui "même s'il sera douloureux doit être "exemplaire afin qu'il aboutisse à un verdict à la hauteur de la violence subie par Lola". 

La maman de Lola a enfin annoncé qu'elle, avec l'aide de son mari, allait s'impliquer dans une fondation ou une association créée en soutien aux enfants victimes de violence. Elle a révélé que l'ancien maire de New York, Michael Bloomberg, s'était engagé à la soutenir financièrement. 

L'hommage a pris fin ensuite, avec une nouvelle fois, cette chanson au refrain "C'était Lola" sur le parvis de la mairie. 


Aurélie SARROT

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