Fin septembre 2022, Nantes était secouée par une succession d'agressions et de vols en plein centre-ville.Depuis, les effectifs de police ont été augmentés et davantage de caméras de surveillance installées.Ces efforts ont-ils porté leurs fruits ?
Fin septembre 2022, la ville de Nantes en Loire-Atlantique tire la sonnette d'alarme, devenant le théâtre quotidien de faits divers dont le viol en centre-ville d'une femme pour lequel deux Soudanais, en situation régulière, ont été écroués. En réaction, 900 personnes avaient défilé dans la ville pour dire "stop à l’insécurité".
Face à cette violence galopante, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin et la maire de Nantes Johanna Rolland (PS) ont de concert pris des mesures, convenant d'un plan commun de "renforcement des moyens" en novembre, avec des renforts de policiers et l'installation de nouvelles caméras de vidéosurveillance. Le ministre de l'Intérieur a notamment décidé l'affectation temporaire d'une unité de force mobile, soit environ 70 agents, depuis le 10 octobre dernier. Elle est plus particulièrement affectée au centre-ville et dans les quartiers sensibles de la ville.
Autre mesure prise par la mairie : une application officielle de la métropole de Nantes, enrichie d'un nouveau volet intitulé "Sécurité". Les autorités expliquent notamment comment réagir lors d'une agression ou comment se déplacer de nuit dans la ville sans prendre de risques.
Ces efforts ont-ils porté leurs fruits ? Pour le savoir, une équipe de TF1 s'est rendue sur place (cf. le sujet en tête de cet article). Premier constat : dans le centre de Nantes, le nombre des patrouilles de police à pied a doublé et les efforts se concentrent aux points sensibles, dans le quartier dit de la "croisée des trams", soit le principal pôle d'échanges du réseau de transports en commun de l'agglomération nantaise. Il s'agit d'un passage très fréquenté qui accueille les 3 lignes du tramway, 2 lignes de Chronobus, 3 lignes de bus, 1 navette vers l'aéroport Nantes Atlantique, 3 lignes nocturnes, ainsi que des services commerciaux et de renseignements du réseau TAN. Soit 60 000 montées et descentes par jour. C'est aussi là qu'agissent les délinquants, souvent mineurs, pour le plus souvent "de la vente de cigarette, de drogue" et de "tout ce qui leur est possible pour vivre", témoigne un policier dans le reportage.
Nombre de vols et de cambriolages en baisse
Force est de constater que le quartier a changé : en septembre 2022, l'équipe était venue au même endroit et avait filmé en direct l'agression d'une riveraine, insultée par des dealers sous sa fenêtre. Ce n'est pas qu'un sentiment, c'est aussi l'avis général des commerçants qui y travaillent. "On est content de voir qu'il y a un changement depuis la présence de la police", avoue une coiffeuse. Les chiffres de la Préfecture Loire-Atlantique vont, eux aussi, en ce sens.
À l'automne 2022, le nombre de vols, avec ou sans violence, a diminué de 28 % et les cambriolages de 20 % par rapport à la même période en 2021. Dire que Nantes a la réputation de ville dangereuse, presque invivable, n'en reste pas moins exagéré, selon des personnes qui habitent dans les zones décriées. "On n'a pas de guerre de gangs, on n'a pas de choses incroyables", tempère sans angélisme une gérante sollicitée par TF1. "On a juste des gens miséreux qui parfois font des choses répréhensibles".
Nantes a connu le passage progressif d'une ville de province très tranquille, presque endormie, à une ville qui bouge
Nicolas Jolibois, directeur départemental de la sécurité publique en Loire-Atlantique
Sur ce point, les chiffres sur les "coups et blessures recensés dans le département" lui donnent effectivement raison. Toujours selon ceux fournis par la Préfecture Loire-Atlantique, si le nombre a augmenté à Nantes depuis 2017, passant de 223 à 318, il n'en reste pas moins important que ceux de ses voisines Saint-Nazaire et Rezé (respectivement de 329 à 421 et de 406 à 562), bien moins peuplées.
Comment expliquer un tel sentiment d'insécurité croissant ? La ville s'est tout simplement transformée depuis les années 80, devenant un important centre régional, économique et culturel. Sa population a grimpé en flèche et elle gagne 9000 habitants par an. Nantes a connu un "passage progressif d'une ville de province très tranquille, presque endormie, à une ville qui bouge", constate Nicolas Jolibois, directeur départemental de la sécurité publique en Loire-Atlantique, sollicité dans le reportage. "Forcément, comme dans tout milieu urbain, la délinquance s'adapte sans pour autant qu'elle ne sorte ou se situe sur le haut du panier", ajoute-t-il.
La ville veut prolonger ses efforts pour la quiétude de ses habitants. Selon le ministre de l'Intérieur, une nouvelle unité de CRS, prévue dans la future loi de programmation et d'orientation du ministère de l'Intérieur (Lopmi), sera installée à Nantes en 2023. Sur les 200 policiers qui composent cette unité, 80 seront "spécifiquement dédiés à l'agglomération nantaise". Gérald Darmanin s'est aussi engagé à "financer à hauteur de 50%" l'installation de caméras dans la ville. Tandis que la maire, Johanna Rolland, s'est, elle, engagée à arriver d'ici à la fin de son mandat à "250 caméras" installées dans la ville, contre 146 aujourd'hui. La maire a aussi promis de "recruter 50 policiers municipaux supplémentaires" qui travailleront "jusqu'à 2 heures du matin".
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