Un couple de Noyelles-sous-Lens (Pas-de-Calais) sera jugé en janvier pour de possibles violences et carences éducatives sur plusieurs de ses dix enfants.À l'origine de la découverte des maltraitances, il y a la plainte de Bryan, un des aînés de la fratrie.Il s'est confié à une équipe de TF1 sur les épreuves qu'il a traversées, et sur ce qu'il attend désormais de la justice.
"Des coups de bâtons, des coups de chaussures de sécurité, des coups de fouet". Bryan énumère certains des sévices endurés par plusieurs des membres de sa fratrie de dix enfants. Du plus âgé de 24 ans, au plus jeune qui n'a que quatre mois, tous auraient subi les maltraitances ou la négligence de leurs parents, un couple de quadragénaires de Noyelles-sous-Lens.
Ce n'est que le 30 août dernier que la police les a interpellés, en découvrant la situation sanitaire catastrophique dans leur foyer, pourtant signalé plusieurs fois aux services sociaux depuis 2013. C'est Bryan, 21 ans, qui a trouvé le courage de "porter plainte contre ses propres parents", et qui raconte aujourd'hui à une équipe de TF1 le quotidien des enfants dans cette famille. Des extraits de l'interview de Bryan sont visibles dans la vidéo du 20H ci-dessus, et l'article ci-dessous en contient plusieurs autres, recueillis par Henri Dreyfus et Maurine Bajac.
"Un jour, on va m'appeler et me dire que mon petit frère de six ans est mort à la suite d'un coup". C'était une de ses hantises, une de celles qui l'ont décidé à franchir le pas ce 30 août, après une énième bagarre familiale. "Porter plainte contre ses parents, c'est très difficile", confie Bryan Rouzé à l'équipe de TF1. Il l'a pourtant fait, et ce qu'il décrit dépasse l'imagination la plus sordide. Les deux plus jeunes enfants, décrit longuement le jeune homme, étaient presque continuellement entravés par des liens, attachés à leur siège nuit et jour. Quant à leurs aînés, explique-t-il, ils subissaient une violence accrue lorsqu'ils décidaient de quitter la maison, privant de ce fait leurs parents d'une partie de leurs revenus.
Car c'est un vrai système que décrit Bryan, un processus répété à chaque fois qu'un enfant quittait le foyer familial. "On leur servait de salaire", estime-t-il. "À chaque enfant parti, un nouveau-né arrivait", martèle-t-il, expliquant que son père n'a travaillé que six mois dans sa vie grâce à l'argent des aides sociales, et que sa mère ne travaillait pas (voir vidéo ci-dessus). Pour Bryan, qui s'est longtemps interrogé sur le fait que ses parents aient voulu une si grande famille avec si peu de moyens, "c’était leur seul revenu, s’il n’y avait pas d’enfant à la suite, ils perdaient de l’argent".
La famille de Bryan avait pourtant été signalée depuis 2013 aux services sociaux. Selon le jeune homme, si jamais rien n'a été retenu contre les parents, c'est qu'à chaque fois la famille était prévenue d'une prochaine visite. C'est sur ce point qu'il a particulièrement insisté auprès de l'assistante sociale qu'il avait contactée fin août, après un véritable passage à tabac de son jeune frère de 16 ans par son père, une de ses sœurs, et son beau-frère.
"Je leur ai expliqué qu'il ne faut pas prévenir quand on vient", témoigne Bryan, "à chaque fois [mes parents] embobinent le cerveau des petits pour leur faire dire qu'ils ne subissent pas de violences". Pire, selon le jeune homme, après les visites des services sociaux, ce sont les enfants qui faisaient l'objet d'un suivi, à cause des supposés tourments qu'ils causaient à leurs parents.
"C'est qu'un bout de chemin, je ne veux pas que mes petits frères et sœurs retournent dans cette maison avec eux". Si la naissance de son propre enfant, et la découverte d'autres familles que la sienne, lui ont ouvert les yeux et lui ont donné la force d'agir, Bryan redoute par-dessus tout que ce soit en vain. Il ne comprend pas que ses parents aient déjà été relâchés, même si c'est dans l'attente de leur procès. "Ils qualifient ça de délit, mais pour moi, c'est un crime", énonce-t-il. Il espère que ses parents écoperont d'une peine de prison "à la hauteur de ce qu'ils ont fait".
Relâchés dans l'attente de leur procès, les parents de Bryan ont pu regagner leur domicile, où notre équipe a tenté de recueillir leur version, sans succès. L'enquête ouverte par le procureur de la République de Béthune a laissé apparaître des négligences de la part des parents, mais pas de traces de coups sur les enfants, selon lui. Thierry Dran a par ailleurs jugé "exagéré" de parler de "maison de l'horreur", comme l'ont fait certains médias. Le gouvernement a par ailleurs annoncé une enquête administrative sur les "défaillances" de la prise en charge de cette famille, plusieurs fois signalée en vain aux services sociaux.
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