Violences urbaines : les maires pris pour cibles

VIDÉO - "J'ai eu la peur de ma vie" : passé à tabac, le maire de Magnières témoigne sur LCI

par A.S
Publié le 5 juin 2023 à 12h21, mis à jour le 5 juin 2023 à 13h41
JT Perso
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Source : TF1 Info

Edouard Babel, maire de Magnières, a été violemment frappé dans la nuit de samedi à dimanche.
Deux jeunes de 16 et 18 ans ont été interpellés suite à cette agression et placés en garde à vue.
L'édile, qui ne faisait qu'intervenir suite à des nuisances sonores, témoigne ce lundi sur LCI.

C'est pour demander le calme à des personnes réunies pour célébrer un anniversaire qu'il s'était rendu dans la nuit de samedi à dimanche dans la salle des fêtes du village. Jamais alors, Édouard Babel, maire de Magnières (Meurthe-et-Moselle) âgé de 40 ans, n'aurait pu imaginer la suite des événements. 

À peine arrivé sur place, l'élu de cette petite commune d'environ 300 habitants a été violemment agressé par plusieurs personnes. "Vers 22 heures, il y a déjà beaucoup de riverains qui m'avaient sollicité pour faire baisser le son et donc, c'est ce que nous avons fait. Et puis après, je pensais que les choses allaient rentrer dans l'ordre sauf qu'à 2 h 30 du matin, une bagarre générale a éclaté devant, dans la rue. Je me suis dit il faut que ça s'arrête et je vais avoir besoin du renfort de la gendarmerie", témoigne ce lundi matin Édouard Babel sur LCI qui était accompagné d'un ami ce soir-là.

L'élu a alors contacté les militaires et, en attendant leur arrivée, il a pris les devants pour stopper ces nuisances sonores. "Je me suis rendu à la salle pour notifier aux locataires qu'il fallait que la fête s'arrête. Ça n'a pas plus à certains. Ils étaient très alcoolisés. Il y avait un peu de cannabis aussi. Je me suis bien présenté comme étant le maire. Et tout d'un coup, j'ai pris une grande baffe dans la tête. Je sais pas trop d'où ça arrivait et là, on s'est dit : 'Houla, ça tourne mal, il faut qu'on ressorte'".

"J'ai fait le mort sur la route"

Une fois dehors, le maire croise alors un groupe "d'une dizaine de personnes" qui commencent à le suivre, lui et son ami et à leur "courir après". "Moi, j'y étais allé vraiment en toute décontraction. J'étais en claquettes donc on court pas bien vite en claquettes. Ils m'ont vite rattrapé", se souvient-il, encore très ému. 

L'élu dit s'être ensuite retrouvé à terre "après un coup de balayette". "Une fois au sol, je me suis mis en boule, en protection. J'ai fermé les yeux. Et là, j'ai eu des coups, des coups. Heureusement, mon ami qui est assez imposant est arrivé assez vite pour les écarter. Moi, de mon côté, j'ai fait le mort sur la route. Et j'en ai entendu un qui disait : 'Il est mort, il est mort'. Ils avaient une telle détermination, une telle folie, ils sont fous."

Deux personnes interpellées

Édouard Babel a porté plainte dimanche suite à cette violente agression. "Bien évidemment, j'ai eu la peur de ma vie. Je pensais jamais, moi qui suis assez endurant, j'ai vécu beaucoup de choses. Et là, j'ai vraiment eu la peur de ma vie."

Un homme de 18 ans et un mineur de 16 ans ont été interpellés et placés en garde à vue. "Le premier a été placé sous cette mesure du chef de violences en réunion, outrage et menaces sur personne dépositaire de l'autorité publique. Le second pour menaces de mort et outrages sur les forces de l'ordre proférés lors de son interpellation", a informé le procureur de la République de Nancy, François Capin-Dulhoste à TF1/LCI.

Nombreux soutiens

L'élu, qui est agriculteur et qui habite une ferme à Magnières, ne cache pas avoir "eu peur pour ses proches, pour sa famille". "'Ils (ses agresseurs présumés NDLR) savaient très bien où j'habitais. J'ai eu peur pour eux, mes enfants, ma femme. J'ai eu peur qu'ils s'en prennent à eux".

Édouard Babel a reçu des marques de soutien suite à cette agression, qui intervient quelques semaines après la démission du maire de Saint-Brevin-les-Pins (Loire-Atlantique) après avoir subi menaces et violences. 

"S'attaquer à un maire, c'est s'attaquer aux fondements de ce qui nous unit, la République. C'est malheureusement ce qui a eu lieu hier soir à Magnières", a déclaré dans un communiqué le préfet de Meurthe-et-Moselle Arnaud Cochet. "Cette violence exige une réponse pénale (...) Cette violence appelle également une réaction forte", a-t-il écrit. "Face à cette agression, l'État et le corps préfectoral ont réaffirmé à Édouard Babel un soutien sans faille. Nous sommes à ses côtés et en lien avec la Gendarmerie pour assurer la sécurité de sa commune."

Un autre maire menacé

Édouard Babel n'est pas le seul élu à avoir été victime de menaces ou de violences ces derniers jours. Christian Eurgal, maire de Montjoie (Tarn-et-Garonne) âgé de 75 ans, a été placé sous protection policière après des menaces de mort. Ces messages de haine font suite à la vidéo de Papacito, un youtubeur d’extrême droite qui s’en est pris à l’édile dans une affaire de confit de voisinage. L'élu sans étiquette de cette petite commune de 190 habitants a reçu des menaces par mail, sur la messagerie téléphonique de la mairie et sur les réseaux sociaux. "On va venir te pendre haut et court", "le peuple va s'occuper de toi", aurait-il reçu. "Et je ne vous dis pas tous les mots grossiers, c'est sans cesse", a-t-il détaillé. 

"Je comprends que certains puissent abandonner leur poste. Pour l'instant, moi, j'ai toujours ma motivation. Ça ne me dégoûte pas de la politique", assure Édouard Babel de son côté. Et d'ajouter : "Peut-être que si ça avait été des jeunes du village, ça aurait été différent et là ma décision aurait peut-être été différente."

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Selon les chiffres officiels, les faits de violence physique ou verbale contre les élus ont augmenté de 32% en 2022 et 1293 maires ont démissionné depuis 2020. En 2022, 2265 plaintes et signalements pour violences verbales ou physiques contre des élus ont été recensées par le ministère de l'Intérieur contre 1720 en 2021.


A.S

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