Sept à huit

VIDÉO - Meurtre de Jean-Christophe Piel : la femme du kiné de l'Oise au cœur du soupçon

V. Fauroux | Enquête vidéo Sept à Huit
Publié le 12 avril 2022 à 10h35
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Source : Sept à huit

Le 24 août dernier, Jean-Christophe Piel, kinésithérapeute dans l'Oise, était abattu d'une balle dans la nuque.
Son épouse Delphine Pinto, accusée d'avoir commandité le meurtre, dort aujourd'hui en prison.
"Sept à Huit" retrace cette affaire.

Malgré la douleur, Camille, 22 ans, la belle-fille de Jean-Christophe Piel, kinésithérapeute de l'Oise abattu l'été dernier d'une balle dans la nuque, a accepté pour la première fois, face aux caméras de "Sept à Huit" (vidéo à retrouver en tête de cet article), de revenir longuement sur le décès de son beau-père qu'elle a côtoyé durant toute son adolescence. Elle a appris son meurtre au détour d'un simple texto. "J'étais dans la Marne, je faisais du shopping, c'était une après-midi, il faisait beau. Je reçois un SMS et c'est un message très vague qui me dit : 'bonsoir Camille, je suis désolée pour toi, toutes mes condoléances, j'espère que tu n'es pas trop chamboulée'. J'appelle tout de suite la maman de Jean-Christophe pour savoir ce qui se passe et elle m'annonce en s'effondrant qu'il a reçu une balle dans la tête à sept heures du matin" raconte-t-elle, en ajoutant : "j'ai tout de suite pensé à Delphine en me disant : 'elle l'a fait'". 

Celle qu'elle appelle froidement Delphine n'est autre que sa propre mère. Camille est persuadée qu'elle a commandité le meurtre de son beau-père Jean-Christophe. Aujourd'hui mise en examen, Delphine est soupçonnée d'avoir recruté deux hommes de main et d'être le cerveau d'un complot criminel nourri de longue date. C'était le 24 août dernier, au petit matin. Jean-Christophe, qui est séparé de Delphine depuis quatre ans, habite dans une petite bâtisse à Breuil-le-Vert (Oise). Alors qu'il est en train de couper des roses dans son jardin, il reçoit une balle dans la nuque et tombe inanimé au sol. Il est aussitôt héliporté dans un hôpital d'Amiens dans un état critique. Il décèdera deux jours plus tard des suites de sa blessure. 

Une séparation houleuse

Les enquêteurs écartent très vite la piste du rôdeur. Ils envisagent plutôt un tireur embusqué dans les buissons, venu procéder à une exécution. Jean-Christophe Piel avait 41 ans. Passionné de sport et de vélo en tout genre, les amis de son club dressent le portrait d'un homme au grand cœur qui faisait l'unanimité autour de lui. On ne lui connaissait aucun ennemi, sauf peut-être son épouse, Delphine Pinto, avec qui la séparation était plus que houleuse.

Le couple se rencontre en 2011. Jean-Christophe était alors le kiné de Laurent, le fils de Delphine. À l'époque, la jeune femme vit seule avec ses trois enfants. Lui est divorcé, papa d'un petit garçon de cinq ans. Entre eux, c'est le coup de foudre. Ils se marient en 2013. Un mariage en grande pompe, comme Delphine en a toujours rêvé. "Au tout début, je me souviens que c'était tout beau, tout rose. C'était le couple idéal, fou amoureux", poursuit Camille. 

Mais au fil des années, les proches du couple commencent à trouver Delphine un peu tyrannique. "On ne sentait pas un amour intense chez elle pour lui. Elle était changeante", témoigne un ami de Jean-Christophe. Ce que confirme Camille : "Jean-Christophe ne pouvait plus aller voir ses copains le soir en sortant du travail, chose qu'il faisait beaucoup avant", dit-elle. De son côté, Delphine sort beaucoup en soirée salsa. Elle est aussi dépeinte comme charmeuse et très volage. 

Accusé de viols

En février 2017, Jean-Christophe décide de la quitter. Mais dans les mois qui suivent la séparation, Delphine accuse Jean-Christophe de viols et attouchements sur Laurent et Mathilda, ses enfants issus de sa première union, ainsi que sur l'une des filles qu'ils ont eues ensemble. Elle dit avoir vu Jean-Christophe dans le bain avec l'ainée, le sexe en érection. Placé en garde à vue, il reconnaît l'érection, explique qu'elle n'était pas intentionnelle, mais liée au mouvement de l'eau. Il est mis en examen dans les deux affaires, mais laissé libre. Des accusations que Camille a du mal à croire. "J'ai jamais rien remarqué de particulier. Quand il donnait le bain, la porte était ouverte, on passait devant, on entendait les petites qui rigolaient. En plus, Jean-Christophe était quelqu'un de pudique ; ça ne collait pas du tout avec sa personnalité", admet-elle. 

La justice interdit à Jean-Christophe de voir ses filles, le temps de l'enquête. Trois ans plus tard, il obtient un non-lieu et est blanchi, mais il meurt deux jours avant de pouvoir les revoir. La deuxième procédure concernant les enfants de Delphine s'est éteinte avec son décès. Delphine aurait-elle voulu nuire à son mari ? Aurait-elle été capable de tout inventer ? Certains en sont convaincus. Delphine avait d'ailleurs été condamnée en 2016 à deux ans d'emprisonnement, dont 6 mois ferme, pour des faits d'escroquerie et usurpation d'identité en 2011 et 2012. 

Je suis allée jusqu'à me rendre quelque part pour essayer de revenir avec une arme. Je me disais : 'ma mère m'investit d'une mission, je fais ça pour la famille'

Camille, la fille de Delphine Pinto

Delphine ment, manipule, mais aurait-elle été capable de tuer ? Deux ans avant le meurtre de Jean-Christophe, alors que la mère de famille vit désormais seule avec ses enfants, elle semble prête à passer à l'acte. C'est en tout cas ce que soutient Camille. "On est sur la terrasse, il fait nuit, assez froid, je fume ma cigarette, on se retourne et en fait dans le salon, je vois mon frère et ma mère avec de grands sweats à capuche noirs, des gants, une corde, un couteau. Donc je rentre dans le salon et Laurent me répond : 'c'est ce soir, on va aller devant chez Jean-Christophe'. Ils sont partis en voiture et lorsqu'ils reviennent une heure et demie après, ils me disent qu'ils n'ont rien pu faire, car une grosse porte les empêchait de rentrer", témoigne-t-elle. A la même époque, Delphine aurait demandé à Camille, tout juste 18 ans, de sonder les mauvais garçons de son lycée pour essayer de trouver une arme à feu. "Je suis allée jusqu'à me rendre quelque part pour essayer de revenir avec une arme. Je me disais : 'ma mère m'investit d'une mission, je fais ça pour la famille'", avoue-t-elle. Elle finira par quitter le domicile familial en juin 2019, lassée par toutes ces histoires et prévient la justice sur le comportement de sa mère. L'affaire en reste là. 

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Aujourd'hui, Delphine Pinto nie toute volonté de tuer. Placée en détention provisoire, en février dernier, soit six mois après le meurtre, elle a choisi de garder le silence. Elle a été mise en examen du chef d'homicide volontaire en bande organisée, un crime passible de la réclusion à perpétuité, tout comme deux hommes de 32 ans, "extérieurs au cercle familial", a annoncé le procureur. L'un d'un des deux entretenait une relation avec Delphine. Son fils Laurent, majeur, a en revanche été placé sous le statut de témoin assisté et laissé en liberté.


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