VIDÉO - Les derniers mystères du "Grêlé"

V. Fauroux | Reportage vidéo Sarah Lou Cohen et Alexandre Gaudin
Publié le 24 août 2022 à 10h09

Source : JT 20h WE

Auteur d'au moins cinq crimes, le "Grêlé" a récemment été démasqué, avant de se donner la mort.
Mais, même si son identité est désormais connue, de nombreuses questions restent en suspens.
Le 20H de TF1 fait le point.

Même mort, le "Grêlé" reste un mystère. Ce tueur en série a cinq crimes... ou beaucoup plus, à son actif. On ne le sait pas exactement. Pourquoi est-il passé entre les mailles du filet ? La découverte de son corps le 29 septembre 2021, dans une maison du Grau-du-Roi (Gard), apportera-t-elle des réponses ? Rien n'est moins sûr. Car l'homme que toutes les polices recherchaient depuis 35 ans a mis fin à ses jours en laissant une lettre d'aveu lapidaire et énigmatique. "Il me fallait détruire, salir, tuer quelqu'un d'innocent", écrit-il en substance. 

J'avais remarqué des indices, l'interphone qui ne marchait plus (...) un paquet de cigarettes qui maintenait la porte d'accès au troisième sous-sol ouverte.
Luc Richard-Bloch

Le "Grêlé" explique aussi son geste. Il vient de recevoir une convocation judiciaire, pour un prélèvement ADN. Il sait qu'il va être enfin débusqué. Jusqu'au bout, le "Grêlé", de son vrai nom François Vérove, a réussi à échapper à la justice, qui le traquait depuis son premier homicide en 1986 : le meurtre de la petite Cécile Bloch, 11 ans. Son frère, Luc Richard-Bloch, avait 23 ans quand sa sœur a été tuée. Face aux caméras du 20H de TF1, il revient sur les faits : "J'étais son protecteur, j'ai pas dû l'être suffisamment puisque je n'ai pas pu empêcher que cela n'arrive", dit-il dans la vidéo en tête de cet article.

Retour sur les faits : le 5 mai 1986, au petit matin, un inconnu entre dans un immeuble du 19ème arrondissement de Paris. Il monte dans l'ascenseur et croise Luc, puis sa sœur Cécile qui part à l'école. Il l'emmène de force dans le sous-sol de l'immeuble où il la viole puis la tue. "Je m'en veux de ne pas m'être rendu compte d'un détail dans cet ascenseur qui aurait pu me faire revenir sur mes pas", poursuit Luc Richard-Bloch. Il se souvient pourtant d'indices troublants et est désormais certain que le "Grêlé" avait tout minutieusement préparé. "J'avais remarqué des indices, l'interphone qui ne marchait plus. J'avais aussi remarqué la veille un paquet de cigarettes qui maintenait la porte d'accès au troisième sous-sol ouverte. Donc, il y avait tout cela. Après mis bout à bout convergeait l'idée qu'il allait commettre quelque chose", explique-t-il.

Un membre de la police

Comment le "Grêlé" a-t-il repéré la petite fille ? Comme le frère de Cécile, de nombreuses victimes n'auront jamais la réponse. Après l'assassinat de Cécile Bloch, François Vérove récidive, avec des agressions sur des fillettes. L'année suivante, il tue deux adultes, viole une jeune femme puis une petite fille. En 1994, il s'éloigne de Paris et enlève et viole une enfant en Seine-et-Marne. Son mode opératoire est déroutant. Du coup, les enquêteurs ne font pas le lien entre tous ces faits. Bernard Pasqualini, un ancien de la brigade criminelle, a été l'un des premiers policiers sur l'affaire. C'est lui qui est dépêché sur les lieux du crime de Cécile Bloch. "Quel policier de police judiciaire pouvait faire un rapprochement entre un double meurtre à caractère sexuel et les meurtres de gamines de 9, 10 ans, c'est du jamais vu", assure-t-il.

Un détail pourtant n'a pas suffisamment été pris en compte par les enquêteurs. Plusieurs victimes racontent en effet que le "Grêlé" présente une carte de police avant de les agresser. L'assassin est un membre des forces de l'ordre. D'abord gendarme, puis policier. A-t-il profité de sa fonction pour abuser des victimes ? La justice lui attribue aujourd'hui au moins cinq crimes, mais pour Corinne Herrmann, avocate spécialisée dans les affaires non élucidées, il y en a eu certainement beaucoup d'autres. "On parle toujours du chiffre noir des tueurs en série. Quelles sont les affaires qu'on a  peut-être 'loupé' ? Lui dans son dernier courrier dit qu'il a arrêté en 1997. Le dernier fait référencé le concernant, c'est 1994, donc il y a du travail encore à faire pour vérifier quelles sont les victimes qui relèvent de ses actes", souligne-t-elle. 

Fait exceptionnel, malgré la mort du "Grêlé", la justice continue d'enquêter sur son parcours criminel. Elle étudie une trentaine de faits, dont neuf meurtres qui pourraient lui être imputés. Ce qui ferait de François Vérove l'un des pires tueurs en série français. 


V. Fauroux | Reportage vidéo Sarah Lou Cohen et Alexandre Gaudin

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