SURRÉALISTE – Une fusillade a éclaté en plein jour, lundi après-midi, dans une cité sensible de Marseille. Des malfaiteurs, armés de kalachnikovs, ont mis en joue des policiers intervenus sur les lieux. Alors que la polémique enfle, Emmanuel Macron a dénoncé mardi une situation "explosive".
Quand la réalité dépasse la fiction. La scène est digne d'un film policier : huit à dix hommes, armés de kalachnikovs, sont arrivés en trombe dans trois voitures, des berlines noires, dans la cité de la Busserine, une cité sensible de Marseille situé dans le 14e arrondissement ce lundi après-midi. Ils se sont ensuite déployés et ont tiré des coups de feu dans ce haut-lieu du trafic de drogue, où deux gangs s'affrontent régulièrement. La scène a été filmée par des riverains depuis leur balcon (cf. vidéo ci-dessus).
Après avoir été alerté par des habitants, des policiers de la brigade anti-criminalité sont intervenus, ont indiqué des sources policières. Ils ont eu droit à un accueil rocambolesque. Le premier équipage de police a été intercepté par une voiture à bord de laquelle se trouvaient deux malfaiteurs - l'un armé d'une "arme longue" de type kalachnikov, le second d'une arme de poing - qui ont tiré en l'air, a détaillé la préfecture de police. Une autre voiture de police est alors arrivée, en renfort avant d'être, elle aussi, bloquée par un second véhicule où se trouvaient quatre hommes qui ont "mis en joue" les deux policiers, a poursuivi la même source. L'un des policiers a alors tiré, brisant une vitre du véhicule des malfaiteurs qui ont aussitôt pris la fuite.
Heureusement, "aucun blessé par balle n'est à déplorer mais une personne, qui s'est présentée spontanément à la police, a été blessée à la tête par un coup de crosse porté par un malfaiteur", a indiqué la préfecture de police. Les investigations ont été confiées à la police judiciaire. Selon nos informations, deux des voitures utilisés par les malfaiteurs ont été retrouvées brûlées dans la nuit de lundi à mardi à Marseille.
Manque de présence policière ?
Alors que la polémique enfle face à ce nouvel accès de violence, Emmanuel Macron a estimé, en ouverture de la présentation des mesures du gouvernement pour les banlieues, que l'Etat "a laissé les choses s’enkyster". Et de souligner, dénonçant une situation "explosive" en pointant notamment le trafic de drogue : "Oui, nos quartiers ont du talent, mais, ne nous voilons pas la face, dans nos quartiers il y a aussi de la violence."
Avant cette prise de parole, les élus locaux ont dénoncé le manque de présence policière à Marseille. "C'est malheureux à dire mais il n'y a rien d'exceptionnel. Ce qui m'inquiète le plus ce sont les générations suivantes, elles prennent l'habitude de vivre dans ces quartiers avec des armes de guerre autour d'eux, avec de la violence, avec le non-respect de l'autorité et notamment de la police", a regretté Samia Ghali, sénatrice des Bouches-du-Rhône, au micro de LCI. "Ils se sentent un peu plus forts parce qu'ils savent aussi qu'il y a beaucoup moins de policiers, il y a beaucoup moins de CRS, il n'y a plus rien."
La sénatrice PS fait un parallèle avec les annonces attendues aujourd'hui sur les banlieues, un hasard du calendrier plutôt cocasse : "La première égalité de droit à ramener au cœur de nos quartiers pour les habitants, c’est la sécurité. Sans cet impératif, les plus beaux plans banlieues de l’Etat seront des "Géants de papier" inefficaces!" prévient-elle sur Twitter.
La première égalité de droit à ramener au coeur de nos quartiers pr les habitants, c’est la #sécurité . Sans cet impératif, les + beaux plans banlieues de l’ #Etat seront des « Géants de papier » inefficaces! Ne nous payons plus de mots, ramenons la République ici! #PlanBanlieue pic.twitter.com/ODwGUFN78q — Samia GHALI (@SamiaGhali) 22 mai 2018
"Moi ça ne m'étonne pas, j'ai vu ces quartiers sombrer dans le trafic de drogues, La Busserine en particulier", note lui aussi Stéphane Ravier. "Il y a des douaniers et en particulier des douaniers de la drogue qui viennent vous demander ce que vous faites là, qui vous souhaitez rencontrer et on vous invite à partir parce que vous gênez le trafic." Le sénateur FN a indiqué ce matin sur France Bleu Provence qu'il se rendrait ce mardi au Ministère de l'Intérieur. "Gérard Collomb annonce 25 agents de police supplémentaires pour 150 000 habitants ! C'est dérisoire", a-t-il ajouté. Il souhaite également la création d'un pôle anti-drogues entre le Ministère de l'Intérieur et le Ministère des Finances pour traquer plus efficacement les trafiquants de drogue.
"Je vais me rendre aujourd'hui même au Ministère de l'Intérieur. Je compte bien rencontrer @gerardcollomb pour lui tenir un langage de vérité et lui demander le renforcement effectif des forces de police !" @bleuprovence #Marseille — Stéphane Ravier (@Stephane_Ravier) 22 mai 2018
Règlements de comptes en 2017 : 12 morts
Cet épisode rappelle la spectaculaire fusillade qui avait opposé des policiers et des trafiquants de drogue en février 2015. Ces derniers avaient recruté des "mercenaires kosovars" pour une opération commando contre des concurrents dans une autre cité sensible de Marseille, à La Castellane. De nombreux coups de feu avaient été échangés, sans faire de blessés. Jugés le 6 avril, ces trafiquants ont été condamnés à des peines allant jusqu'à 13 ans de prison.
Les fusillades sont fréquentes dans la cité phocéenne. En 2017, douze personnes sont mortes dans des règlements de comptes, selon un décompte de la préfecture de police.
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