FÉMINICIDE - Tuée par son époux à coups de batte de baseball, Magali Blandin avait déposé plainte en 2020 pour violences conjugales. Celle-ci avait été classée sans suite. Le procureur de Rennes a répondu mardi à ceux qui pointent du doigt la justice dans cette affaire.
Magali Blandin avait disparu le 11 février. Son mari Jérôme G. a avoué samedi 20 mars avoir tué la quadragénaire à coups de batte de baseball. Le corps de cette éducatrice spécialisée âgée de 42 ans a été retrouvé à deux kilomètres de son domicile de Montfort-sur-Meu, près de Rennes (Ille-et-Vilaine). Alors que ce féminicide présumé a suscité un vif émoi dans l'opinion, plusieurs responsables politiques et associatifs ont accusé la justice.
Cette mère de quatre enfants avait déposé en 2020 une plainte pour violences conjugales. Celle-ci avait été classée sans suite le 4 septembre. Une information qui suscite la colère des associations féministes, dont la militante Caroline De Haas. Cette dernière interpelle le président Emmanuel Macron et le garde de Sceaux Éric Dupond-Moretti leur demandant de "faire quelque chose". En attendant, il s'agit du 23e féminicide cette année. Mais le drame aurait-il pu être évité ?
Ce mardi, le procureur de Rennes Philippe Astruc est revenu sur les raisons du classement de la plainte. "Il y a une réponse judiciaire, mais qui n’est pas passée par une poursuite", déclare-t-il avant de dérouler son récit à nos confrères de l'AFP. Philippe Astruc rembobine et s'arrête à l'été 2020. Magali Blandin annonce à son mari qu'elle va prendre un compte en banque personnel.
Une décision qui tend sa relation avec celui avec lequel elle s’est mariée en 2003. Le 2 septembre au soir, lors d'une discussion animée, "elle dit qu'il soulève le banc et qu'elle tombe sur les fesses en arrière" et décide de quitter le domicile. Le lendemain, elle dépose plainte à la brigade de Montauban-de-Bretagne. Sans antécédent judiciaire pour violences, le mari est placé en garde à vue. Les quatre parents du couple seront entendus.
Des bousculades, des insultes en tout genre
Philippe Astruc, le procureur de Rennes
Le procureur de Rennes continue son récit. Il explique que Magali Blandin "passe le protocole, va à l'IMJ (institut médico-légal). Un certificat médical ne constate pas de lésions physiques, mais évoque une tachycardie importante", liée au stress, explique Philippe Astruc. "Elle évoque aussi des faits en 2005, 2013, 2019, 2020 et le caractère autoritaire de son mari, et dit : 'Généralement, les violences, ce sont plus des bousculades, des insultes en tout genre, des dénigrements'".
Le mari reconnaît avoir soulevé le banc. "Il dit qu'il est victime de violences physiques de la part de sa femme, ce que Magali Blandin reconnaît et ce que dans la procédure civile, les enfants confirmeront". Aussi, le magistrat, qui décide du classement, considère que "l'intensité de ce fait-là ne justifie pas un renvoi devant le tribunal correctionnel". "Étant donné une approche égalitaire du droit (...), il aurait fallu naturellement poursuivre Magali Blandin pour les violences, reconnues, qu'elle a pu exercer sur son mari", dit le procureur de Rennes.
Conséquences : à l'époque, il a été décidé de "mettre en place un accompagnement social", explique Philippe Astruc. En quoi cela consistait-il ? Entretien avec un psychologue, saisie de deux associations d'aide aux victimes et accompagnement de l'intervenant social en gendarmerie. "J'ai fait mon examen de conscience et voilà pourquoi cette décision a été prise et que j’en assume sa responsabilité", a affirmé le procureur avant d'ajouter : "Dire que la justice ne fait pas son travail et que rien ne change, c'est très injuste."
Jérôme G., 45 ans a été mis en examen samedi après minuit pour "tentative de meurtre par conjoint" pour un premier projet criminel ourdi fin 2020 et pour "meurtre par conjoint" avant d'être placé en détention provisoire. "C'est un homme qui a froidement organisé l'exécution de sa femme", a déclaré au micro de RTL Maître William Pineau, l’avocat des parents de Magali. Ses parents, âgés de 72 et 75 ans, ont également été mis en examen, notamment pour complicité de meurtre par conjoint, et placés en détention.
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