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"On a vraiment très peur" : le désarroi des habitants de la Paillade à Montpellier, après une fusillade

M.D.
Publié le 9 novembre 2020 à 21h32, mis à jour le 10 novembre 2020 à 16h14
JT Perso

Source : TF1 Info

GUÉRILLA URBAINE - Huit jours après la violente fusillade qui a éclaté dans le quartier de la Paillade à Montpellier (Hérault), les habitants oscillent entre crainte et colère. Face à l'escalade de la violence, beaucoup envisagent aujourd'hui de quitter le quartier.

Des hommes en noir, cagoulés, et des détonations d'armes à feu en rafale  : un peu plus d'une semaine après la violente fusillade qui a éclaté dimanche 1er novembre au cœur du quartier populaire de la Paillade à Montpellier (Hérault), les habitants sont encore sous le choc. Un affrontement entre bandes rivales, en plein jour, à l’heure où des mères de famille vont chercher leurs enfants à l’école, qui n'a rien d'un acte isolé. C'est la cinquième fusillade en un an, mais aussi celle de trop. 

Dans le quartier de la Mosson, les habitants sont exaspérés. Même si certains sont résignés, tous en ont marre de vivre avec la boule au ventre. Voyant la situation se dégrader, nombre d’entre eux envisagent sérieusement de quitter le quartier, à l’image de cette mère de famille qui élève un enfant handicapé. "J'ai souvent le Samu ou les pompiers qui doivent venir pour mon fils. Parfois, l'ambulance se fait caillasser et elle repart. Cela peut mettre en danger la vie de beaucoup de gens", souligne-t-elle.

Comme elle, de nombreux résidents réclament plus de sécurité. "Il était 12h45. On attendait les enfants devant l'école. Mon enfant de 5 ans a vu un homme se faire poignarder. La violence, c'est tous les jours. On a vraiment très peur", confie une autre mère de famille. En 2018, le quartier de la Paillade, comme quinze autres dans l'Hexagone - sur un objectif de soixante d'ici la fin du quinquennat - a été classé en zone de reconquête républicaine

J'ai choisi ce quartier, parce que je l'aime. Mais ce que j'ai vu dimanche, ça m'a fait craquer. Je n'en peux plus

Abdelkader El Marraki, responsable d'un laboratoire médicale dans le quartier de la Moisson

Dans le cadre de ce dispositif, 21 policiers supplémentaires y ont alors été affectés. Paradoxalement, malgré des actes violents plus fréquents, la police se réjouit d'une baisse de 27% de la délinquance en un an. "De 13 heures à minuit, ils sont au contact de la population et des commerçants. Ils glanent du renseignement. Ils interpellent des gens qui sont parfois porteurs de produits stupéfiants", détaille Yannick Blouin, directeur départemental de la sécurité publique de l'Hérault.

Abdelkader El Marraki, biologiste médical et responsable d'un laboratoire d'analyse médicale dans le quartier de la Mosson, y habite depuis 30 ans. Il a reçu des menaces l'invitant à quitter le quartier, et son laboratoire a été tagué à plusieurs reprises. Malgré tout, il tient à rester. "J'ai choisi ce quartier, parce que je l'aime. Mais ce que j'ai vu dimanche, ça m'a fait craquer. Je n'en peux plus", se lamente-t-il. 

Un projet pour raser la grande tour

Dans le quartier, près d’un jeune de moins de 25 ans sur deux est au chômage. A cause de sa réputation, pas toujours simple de trouver un emploi. "Cela fait trois ans que je cherche un emploi. Je trouve des missions d'intérim de deux ou trois semaines. C'est difficile lorsqu’on vit ici de signer un CDI", témoigne un habitant. Les associations de quartier, quant à elles, font leur maximum pour éviter que les jeunes sombrent dans le trafic de drogue. Mais, comme souvent, elles disent manquer de moyens, financier mais aussi humain. 

Construit dans les années 60 pour loger les pieds noirs d'Algérie, le quartier de la Mosson a accueilli les classes les plus populaires. Au fil du temps, il s'est dégradé et a finalement perdu en mixité sociale. Après la réhabilitation de la partie nord, un nouveau projet prévoit la rénovation de la Paillade d'ici dix ans. "Plusieurs dizaines de millions d'euros vont être engagés notamment pour raser la grande tour. Un nouveau commissariat est également en projet", assure le maire (PS) de Montpellier, Michaël Delafosse. Pas sûr que tous les habitants tiennent jusque-là. 


M.D.

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