"Il a pu faire ce qu'il voulait" : les "flashs" glaçants de quatre victimes présumées de Joël Le Scouarnec

par Léa LUCAS
Publié le 30 novembre 2020 à 12h09, mis à jour le 30 novembre 2020 à 20h42

Source : TF1 Info

PROCÈS - Joël Le Scouarnec comparaît à partir de ce lundi devant la cour d'assises de Saintes. L'ex-chirurgien, jugé pour des viols et agressions sexuelles sur quatre victimes mineures à l'époque des faits, est également mis en examen dans un deuxième volet pour des faits similaires sur 312 victimes, d'anciens jeunes patients. Plusieurs d'entre eux témoignent auprès de TF1.

Le témoignage qui a déclenché l'affaire Joël Le Scouarnec remonte à 2017. Lucie, alors âgée de 6 ans, accompagne dans le jardin son père sorti fumer une cigarette. Ce dernier aperçoit son voisin qui n'est autre que l'ex-chirurgien de 67 ans. Les deux hommes échangent quelques mots, avant que la petite fille n'entraîne son papa à l'intérieur de la maison. Elle a un secret à lui révéler mais a peur de se faire gronder. "Papa, le monsieur m'a fait voir son zizi", finit-elle par raconter. Elle confiera juste après à sa mère que "le voisin lui a mis un doigt à l'intérieur et qu'il lui a fait mal."  

Après ces révélations glaçantes, une plainte est immédiatement déposée. Joël Le Scouarnec  est placé en garde à vue, et son domicile perquisitionné. L'enquête tourne rapidement au cauchemar. Les gendarmes retrouvent des poupées, des perruques, des photos à caractère pédopornographiques. Et les carnets intimes dans lesquels le médecin recensait en détails toutes les agressions commises à l'encontre de ses jeunes victimes. Les forces de l'ordre découvrent que Lucie ferait partie d'une longue liste : le chirurgien à la retraite, jugé à partir de ce lundi pour quatre cas d'abus sexuels sur mineures - dont celui de Lucie - , aurait fait plus de 300 victimes au total, des enfants filles comme garçons, depuis la fin des années 1980. 

Aucun souvenir mais des "flashs"

Certaines victimes présumées ne se souviennent de rien. Amélie Lévêque avait 9 ans lorsqu'elle a été opérée de l'appendicite. Sans trop savoir pourquoi, à l'issue de cette hospitalisation, elle a gardé une peur bleue de l'hôpital et a souffert de troubles alimentaires jusqu'à l'âge adulte. "Je ressentais toujours quelque chose sans pouvoir l'expliquer", explique-t-elle à TF1. Il lui faudra attendre près de trente ans pour comprendre les origines de son mal-être. "Quand on est en salle de réveil, on n'est jamais vraiment tout seul, alors comment cela a pu arriver ?", interroge-t-elle. "Comment a-t-il pu rentrer dans les chambres de patients et faire ce qu'il avait à faire sans que personne n'ait pu le voir ? Et ça vraiment, c'est la grande question aujourd'hui." 

C'est la même chose pour Juliette, qui gardait le souvenir d'une opération de la péritonite s'étant bien déroulée, lorsqu'elle avait 7 ans, jusqu'à son audition par les gendarmes. "Ils m'expliquent que mon nom figure dans ses carnets, qu'il a écrit sur moi", confiait il y a quelques mois la jeune femme de 24 ans dans l'émission Sept à Huit. "À partir de là, j'ai commencé à lire les trois premières lignes. Et d'un coup, il y a tout qui ressurgit, j'ai des flashs qui me reviennent en tête. Je vois quelqu'un qui rentre dans ma chambre, qui s'approche de moi, qui me demande comment s'est passée la nuit, qui me soulève le drap, qui m'écarte les jambes et qui me dit qu'il va aller regarder si tout se passe bien. Il m'a violée, il a abusé de moi", relate-t-elle. 

Les agressions confondues avec des actes médicaux

D'autres victimes, elles, s'en souviennent mais avaient vécu ces agressions comme des actes médicaux. "Il y a un geste qui m'a énormément marqué", a raconté Sarah, opérée d'une péritonite à 11 ans, toujours dans Sept à Huit. C'est un doigt dans les fesses pour voir si j'avais de la douleur, (cela) m'a beaucoup perturbée durant mon enfance et jusqu'à aujourd'hui parce que je m'en souviendrai toujours. C'était un plaisir en fait, ce n'était pas pour voir si j'avais une douleur." 

Ces gestes ont laissé de graves séquelles chez bon nombre des jeunes patients. "Mes parents m'avaient laissé à l'hôpital, confiants", débute Arthur, tout en gardant l'anonymat face aux caméras de TF1. Il a pu faire ce qu'il voulait, comme il le voulait. Dès le premier jour après le dépôt de plainte, j'ai eu quelques flashbacks durant les nuits, des insomnies." Opéré en 2006, Arthur dit être devenu un jeune homme "perturbé". Des conséquences peut-être irréversibles. 


Léa LUCAS

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