PROCÈS - Hubert Caouissin est jugé à partir de ce mardi à Nantes pour le quadruple homicide de sa belle-famille, qu'il soupçonnait d'avoir volé un trésor. "Sept à Huit" retrace ce drame.
Trois semaines d’audience pour tenter d’expliquer le massacre de toute une famille. Hubert Caouissin, 50 ans, est jugé à partir de ce mardi 22 juin devant la cour d’assises de Nantes pour le quadruple homicide de sa belle-famille, un drame sur fond de jalousie, de rancœur et d’héritage. Sa compagne Lydie Troadec, 52 ans, comparaît de son côté libre et encourt trois ans de prison et 45.000 euros d'amende pour modification de scène de crimes et recel de cadavre. Au vu des faits, une cellule psychologique a été prévue pour aider les jurés, au cas où les débats seraient trop difficiles à supporter. Les meurtres de Pascal et Brigitte Troadec et de leurs enfants, Charlotte, 18 ans, et Sébastien, 20 ans, se sont produits dans la nuit du 16 au 17 février 2017 dans leur pavillon d'Orvault, près de Nantes.
Dans la maison où a lieu le drame, les enquêteurs découvrent un document manuscrit dans lequel Pascal Troadec écrit notamment : "Mon beau-frère nous accuse de vol". Il affirme également qu’Hubert Caouissin, qui partage sa vie avec sa sœur, l’a menacé en lui disant : "Pour une histoire d’or, on peut tuer toute une famille". Le couple est persuadé que Pascal a dérobé une partie de l’héritage familial, des pièces d’or. Il est immédiatement entendu par les enquêteurs et affirme qu’il n’a pas mis les pieds chez sa belle-famille depuis des années. Sauf que son ADN a été découvert dans la maison, le 5 mars 2017.
Rapidement, Hubert Caouissin avoue. Il reconnaît s’être rendu à Orvault le soir du 16 février pour espionner la famille et tenter de savoir où se trouve le trésor familial. Il raconte avoir pénétré dans la maison par la porte du garage. "Je me suis dit que je pouvais essayer de prendre une clé de la maison, d’en faire le dessin sur mon calepin pour en faire un double après", confie-t-il aux enquêteurs au cours de sa garde à vue. Mais les choses ne seraient pas passées comme il l’avait prévu.
Les corps auraient été transportés dans une ferme du Finistère
La famille aurait été réveillée par le bruit et son beau-frère se serait jeté sur lui muni d’un pied de biche. S’en serait suivi une violente bagarre entre les deux hommes, au cours de laquelle Hubert Caouissin aurait alors saisi le pied de biche, avant de frapper mortellement Pascal Troadec pour, dit-il, se défendre. Brigitte, la femme de Pascal, aurait subi le même sort, tout comme Sébastien et Charlotte, les enfants. L’accusé voulait dénoncer les Troadec à la justice et c’est pour trouver des preuves qu’il se serait rendu à Orvault le soir du 16 février 2017, a-t-il déclaré aux enquêteurs.
Le lendemain, Hubert Caouissin aurait transporté les corps jusqu’à sa propriété, une ferme isolée dans le Finistère, pour les faire disparaître. Il aurait brûlé une partie des cadavres dans sa chaudière et éparpillé le reste sur les 30 hectares de terrain. Des centaines de restes humains et d’objets appartenant à la famille sont retrouvés sur les lieux par les policiers. Hubert Caouissin est mis en examen pour assassinat et incarcéré.
D'importantes traces de sang dans le lit des enfants
Sa compagne, Lydie Troadec, est également mise en examen, pour "modification de lieu du crime" et "recel de cadavres". Elle l’aurait accompagné à Orvault, puis l’aurait aidé à nettoyer et à déplacer le véhicule de Sébastien jusqu’à Saint-Nazaire pour brouiller les pistes. Pendant les trois ans d’enquête, la Justice n’est pas parvenue à démontrer la préméditation des crimes. Mais les cousines et les tantes de Pascal Troadec en sont convaincues. À les entendre, Hubert Caouissin savait très bien ce qu’il venait faire à Orvault ce soir-là. Durant l’instruction, des analyses menées dans la maison ont semé le trouble. Elles ont révélé d’importantes traces de sang dans les lits des enfants.
Les familles s’interrogent aussi sur le rôle de Lydie. A-t-elle aidé uniquement son compagnon à nettoyer le véhicule comme elle le prétend ? L’autre mystère en suspens, c’est l’existence de ce fameux trésor. Ce qui est sûr, c’est que de l’or a bien disparu à Brest. En 1940, des réserves de la Banque de France, évacuées en urgence avant l’arrivée des Allemands, sont tombées dans le port, et n'ont jamais été retrouvées. Le père avait-il vraiment mis la main sur une partie de ce trésor ? Les enquêteurs n’ont trouvé ni lingot, ni pièces d’or. Et surtout, rien ne montre que la famille s’était enrichie ces dernières années. Pas de dépenses folles, pas de comptes à l’étranger.
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Plus surprenant encore, Renée Troadec, la mère, assure n’avoir jamais vu le trésor de ses propres yeux. Hubert Caouissin aurait-il tout inventé ? En était-il lui-même convaincu ? Six experts psychiatres ont rendu des conclusions unanimes : "Nos examens mettent en évidence un délire paranoïaque". Les experts ont conclu que le jugement d’Hubert Caouissin était altéré au moment des crimes. Hubert Caouissin encourt la prison à perpétuité. Lydie Traoadec, elle, risque cinq de prison.