Affaire Pierre Palmade : les révélations et témoignages exclusifs de "Sept à Huit"

Une semaine après le grave accident de la route qu'il a provoqué sous l'emprise de la cocaïne en Seine-et-Marne, l'humoriste Pierre Palmade a été mis en examen pour homicide involontaire vendredi et assigné à l'hôpital avec un bracelet électronique. Un accident qui a fait trois blessés graves - un homme, son fils et sa belle-sœur enceinte qui a perdu son bébé - occupants de la voiture percutée.

Les équipes de "Sept à huit" ont pu recueillir le témoignage des cousins du conducteur Yuksel. Ils s'appellent Yilmaz et Erol. Quand ils ont appris la nouvelle de l'accident, cela les a bouleversés. "J'étais dans le salon. On m'a appelé. On m'a dit : 'Yuksel a eu un accident grave. On part tous à Paris. Sa situation est critique'. J'étais sous le choc. Au départ, ils nous ont dit qu'il avait 80% de chance d'y passer. Tout le monde nous appeler. Mais pendant deux jours, les médecins ne nous ont rien dit", explique Erol. 

Yilmaz tient à montrer la photo de Yuksel et son fils dans les bras. Pour lui, ce qui est arrivé est un véritable drame. "Yuksel c'est un bel homme, il a un bon cœur. Il n'a jamais fait de mal à personne", ajoute-t-il.

À ce jour, leur cousin Yuksel n'est toujours pas tiré d'affaire. Cette famille, d'origine kurde, peine à contenir sa colère. "Est-ce qu'il va se réveiller ou pas ? Est-ce qu'il va marcher ou pas ? On ne sait pas. Il n'y a que le Bon Dieu qui le sache", dit Yilmaz. Affligé, il poursuit : "Monsieur Pierre Palmade, il a fait une grande bêtise. Il a détruit deux familles. [La belle-sœur de Yuksel] rêvait de voir son bébé. Elle a préparé plein de choses pour son bébé. Et était au paradis, et là, il l'a mise dans l'enfer".

Yuksel était maçon dans le désamiantage, un travail très physique. Ses deux cousins doutent qu'il puisse un jour reprendre son activité. "Quand il va sortir de l'hôpital, il sera handicapé à 80 %, c'est sûr et certain. Il a une famille, il a des enfants, qui va s'occuper de cette famille maintenant ? Je demande à la justice française de trouver une solution. Parce qu'aujourd'hui c'est notre famille, mais demain cela peut en être une autre. J'ai entendu que Pierre Palmade avait déjà fait des bêtises dans sa vie, mais il n'a jamais été en prison", soutient Erol.

En colère, Yilmaz ajoute : "Maintenant, c'est pas Pierre Palmade qui est prison. C'est Yuksel qui est en prison avec son fils, dans une petite chambre d'hôpital. Ils ne peuvent pas bouger ! Le juge, il faut qu'il fasse son travail correctement. Pas avec le bracelet [électronique]. Un bracelet, c'est un bon cadeau pour lui. Tout ce qui nous intéresse, c'est que la justice mette Pierre Palmade en prison. C'est ça que l'on cherche".

Lors de l'accident, le fils de six ans du conducteur Yuksel a été gravement touché. "Actuellement, les médecins le soignent. Ils ont juste dit qu'il y avait deux taches sur le cerveau. On m'a dit qu'il fallait attendre pour savoir quelles seraient les séquelles pour l'enfant", indique le frère de Yuksel. Le petit garçon "a le côté gauche de sa tête qui est vraiment fissuré. La peau est déchirée. On lui a parlé un peu et il répondait, il bougeait sa main et ses pieds. Il ne pouvait pas faire de phrases ou faire quelque chose de plus long, il avait très mal à la mâchoire. Il faisait des gestes des fois quand il avait trop mal", ajoute le neveu de Yuksel.

Pour mesurer les conséquences de l'accident, ses proches ont tenu à confier à Sept à huit une photo du jeune enfant sur son lit d'hôpital ainsi qu'une photo de son père Yuksel. Ce dernier est toujours plongé dans un coma artificiel. "On a essayé de le réveiller, mais les médecins nous ont dit que sa douleur avait augmenté encore. Alors les médecins l'ont ré-endormis encore. Et on attend toujours qu'il se réveille", explique le neveu de Yuksel. Le frère de ce dernier nous raconte : "Quand il a été opéré après l'accident, il avait des trous dans l'aorte. Ces organes étaient déplacés. Il avait les deux jambes cassées, les deux bras. Le corps entier était cassé. C'est un miracle qu'il ait survécu jusqu'à aujourd'hui. J'espère qu'il va guérir, notre seul rêve est qu'il revienne parmi nous".

Un accident survenu sur une banale route de campagne. Vers 18h45, Yuksel et sa famille circule sur une départementale quand un véhicule arrivant en face se déporte sur la voie de gauche. Le choc est violent. Les images des deux voitures détruites sont saisissantes. Les pompiers arrivent rapidement sur les lieux. Ils découvrent que l'homme ayant causé l'accident est l'humoriste Pierre Palmade. 

L'un des premiers soldats à lui porter secours témoigne. Pierre Palmade est conscient, mais coincé dans son véhicule. "Il nous regarde, il ne peut se soustraire. Il essaie d'ouvrir la porte, mais il ne peut se soustraire de cet endroit-là. Il a le regard complètement hagard, il a les yeux dans le vide, dû à ce qui se passe effectivement. Je pense que même lui ne se rend pas compte de ce qui s'est passé".

L'homme continue son récit : "Et ensuite sur la droite, je vois une deuxième voiture avec aussi trois personnes. Un adulte, une femme enceinte au sol et un enfant sur le siège arrière. L'enfant est très somnolent, il saigne au niveau de la tête. On a énormément de mal à discuter avec lui. Et le papa, effectivement, a, lui aussi, énormément de mal à nous parler".

Les quatre blessés sont transférés dans des hôpitaux en région parisienne. Mira, la jeune femme enceinte, perd son bébé. Yuksel, son beau-frère et le conducteur, souffre de multiples fractures. Il est dans le coma. Le fils de celui-ci, âgé de 6 ans est dans un état grave. Pierre Palmade souffre lui d'un pneumothorax. 

Juste après la collision, des témoins affirment avoir vu deux passagers sortir de la voiture de Pierre Palmade et prendre la fuite. Sept à Huit a pu interroger Nicolas Matisse. Il tient cette station service à 5 kilomètres du lieu de l'accident. Nicolas Matisse aperçoit les fuyards vers 19h30 : "Ils sont arrivés au niveau du stop à pied. Il y en a un que je n'ai pas bien vu, parce qu'il s'est éloigné rapidement et il est resté dans la pénombre. Le second, celui que j'ai bien vu, il s'est approché, il a reculé, il s'est ré-approché".

Selon le pompiste, le second homme : " regardait partout, il était au téléphone. Il avait l'air un peu paumé. Il avait l'air un peu désorienté. Et puis au bout d'un moment, il a rejoint son collègue. Ils ont tourné soit vers la petite rue qui mène à un cul-de-sac dans les champs, soit dans la seconde rue qui mène chez Monsieur Palmade". Les individus ne seront identifiés et interpellés que quelques jours plus tard. 

Quelques heures après l'accident, Pierre Palmade fait l'objet le soir même d'une analyse toxicologique. Elle révèle qu'il conduisait sous l'emprise de la cocaïne. Une drogue avec laquelle il entretient une liaison dangereuse depuis le début de sa carrière. L'humoriste tente depuis des années de s'en sortir sans succès. Les équipes de Sept à huit ont pu recueillir le témoignage d'un des proches de l'acteur, le comédien et metteur en scène, François Rollin. 

Il est l'ami de Pierre Palmade depuis la fin des années 80. Selon lui, l'addiction aux drogues de l'acteur a commencé "dans ce milieu un peu show-biz, un peu boite de nuit. La cocaïne n'était pas encore très répandue, elle arrivait. C'était une cocaïne récréative, pour certains addictive, et pour Pierre à peu près définitivement addictive".

Selon François Rollin, des mauvaises rencontres auraient poussé Pierre Palmade vers la consommation de drogues de synthèse. "Ce sont des boites gays dans lesquelles il y a beaucoup d'alcool et de drogues à disposition. Il y a des jeunes gens, souvent eux même dans une addiction, qui cherche un peu du fric, du plaisir, de la dérive, des choses comme ça. Donc des gens toxiques ", affirme-t-il. "Pierre, j'avais l'impression qu'il avait une quadruple addiction - Lui même me le disait un peu aussi - Il avait une addiction au sexe, une addiction à la cocaïne, une addiction à l'alcool, une addiction un peu aux médicaments", ajoute-t-il.

Pierre Palmade fait rire les Français. Mais c'est aussi un homme tourmenté. Il souffre de la disparition de son père mort tragiquement dans un accident de la route quand il avait huit ans. L'acteur vit surtout la nuit. Il sort beaucoup, notamment dans les boites gays de la capitale. Il organise aussi des fêtes chez lui pendant lesquelles il distribuerait de la cocaïne, généreusement.

Sept à Huit a pu joindre l'un des habitués des soirées de l'humoriste. "Les gens qui venaient chez lui savaient pourquoi ils venaient. Il y avait de la coke, voilà. Et une dizaine de pochons. Pas des pochons d'un gramme, il y avait dix grammes dedans. Tu avais de quoi passer un bon after. Moi, je le voyais quand il était en spectacle, le mec nickel, posé. Mais il avait son défaut la nuit, c'était un loup la nuit. Il changeait de personnage avec cette drogue et l'alcool".

Pierre Palmade enchaine les cures de désintoxication. Il se rend notamment dans la Clinique de Montevideo en Île-de-France. Et en 2017, il décide de se mettre au vert. Il s'installe à Célie, un village de Seine-et-Marne près de Fontainebleau. Il achète un corps de ferme et semble mené une vie rangée. C'est un voisin discret et très apprécié des 1200 habitants de la bourgade. 

Parmi eux, Paolino de Farria, un maçon installé dans le village. Interrogé par Sept à Huit, il confie son étonnement : "Il ne sortait pas beaucoup. Il était toujours chez lui. Il ne roulait pas beaucoup, sa voiture de 5 ans n'a fait que 20.000 km. Il n'allait jamais sur Paris en voiture, c'était toujours un van qui venait le chercher", affirme-t-il. "Je crois que la voiture, il en a peur. C'est quelqu'un qui ne roulait pas vite. Quand on était derrière lui, c'était la galère parce qu'il ne roulait pas vite !".

En 2019, Pierre Palmade sort un livre confession. Il se pense alors sevré et parle ouvertement de sa dépendance sur les plateaux de télévision.  "À l'époque, on ne savait pas encore que la cocaïne était aussi addictive et aussi dangereuse. On pensait à l'héroïne, ça on savait. La dépendance à la cocaïne est très sournoise, ça crée une dépendance au sexe. C'est la drogue la plus sournoise que je connaisse. Et personne m'a prévue", assurait-il en 2019 à la télévision.

Mais très vite, il replonge. Quelques mois plus tard, Pierre Palmade est condamné pour possession de stupéfiants à une amende de 1500 euros. S'ensuivent deux autres séjours en désintox, et autant de rechute.  Son ami François Rollin assure l'avoir vu se battre contre ses addictions. "Depuis très longtemps, il se jure qu'il va en sortir. Il essaie d'en sortir.  Il m'a laissé lui parler comme un papa qui dit : 'Non, il faudrait arrêter'. Et il a dit 'oui, oui, je veux arrêter'", certifie-t-il.

Mais François Rollin l'admet, ses résolutions n'ont jamais tenu. "Dix fois, je l'ai vu me montrer : 'Ça y est, je suis sorti de là, regarde, je bois de l'eau, je suis dans ma maison, là-bas, tranquille. C'est ça la vie que je veux'. Et puis quinze jours après, il me dit qu'il est un peu retombé dedans", témoigne-t-il, consterné.

Les années passant, sa maison de Seine-et-Marne n'est plus le rempart rêvé contre ses démons. Le jour de l'accident, Pierre Palmade invite plusieurs amis. Dans l'après-midi, l'un d'entre eux se rend dans le village voisin pour acheter des seringues. Vers 18h30, Pierre Palmade et deux de ses invités décident de se rendre au supermarché. L'humoriste prend le volant. La suite des événements reste encore trouble. 

À l'hôpital, Pierre Palmade a été entendu en garde à vue. Il a reconnu avoir consommé de la cocaïne et des drogues de synthèse avant de conduire. Mais l'acteur affirme n'avoir gardé aucun souvenir de l'accident. Les deux passagers qui avaient pris la fuite ont, eux aussi, étaient interrogés. Le premier affirme qu'il dormait au moment de la collision. Le second dit ignoré pourquoi Pierre Palmade a fait une embardée. Tous les deux ont été relâchés et placés sous le statut de témoin assisté.

Pierre Palmade, qui dit "avoir honte" et être "prêt à assumer", n'a pas été placé en détention provisoire. Il a été assigné à résidence sous bracelet électronique dans le service d'addictologie de l'Hôpital Paul-Brousse à Paris. L'avocat de Pierre Palmade n'a pas souhaité s'exprimer.  L'humoriste a été mis en examen pour homicide et blessures involontaires. Parce qu'il a déjà été condamné pour détention de stupéfiants, il risque jusqu'à vingt ans de prison.