VIDÉO - Meurtre des sœurs Nougué-Cazenave à Pau : 27 ans après, l'enquête de "Sept à Huit"

par M.G
Publié le 7 mai 2023 à 19h03
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Source : Sept à huit life

Deux sœurs ont été froidement tuées dans leur café de Pau, en 1995.
L'identité du meurtrier reste, à ce jour, inconnue.
Alors que ce "cold case" a été rouvert récemment, des proches des victimes se sont confiées face aux caméras de "Sept à Huit".

Plus de 27 ans ont passé. La douleur reste, elle, inchangée. Plusieurs dizaines d'années après l'homicide des deux sœurs Nougué-Cazenave, en 1995 à Pau, le traumatisme est toujours aussi fort au sein de la famille. Le deuil est d'autant plus difficile que la personne à l'origine de ce crime, survenu à une époque où les analyses ADN n’existaient pas, n’a jamais été identifié. Fermé à deux reprises, le dossier a récemment été rouvert par le nouveau pôle judiciaire de Nanterre spécialisé dans les "cold cases". Une bonne nouvelle pour les proches qui, toujours dans l'expectative, ont accepté de témoigner face aux caméras de Sept à Huit. 

Une scène de crime glaçante

C’est une mallette que Claudine et sa mère, Josette, ne pensaient plus jamais rouvrir. Les souvenirs précieusement conservés de leur tante et belle-sœur, Marcelle (71 ans) et Claudine (59 ans), retrouvées mortes égorgées dans leur commerce Chez Maurice, le 28 août 1995. Ce jour-là, au petit matin, le petit bar tabac, situé route de Tarbes à Pau, reste étrangement fermé. D’ordinaire, il est ouvert tous les jours. Inquiet, un voisin appelle la nièce des propriétaires, les sœurs Nougué-Cazenave. Celle-ci se rend donc sur place, avec sa mère. Les deux femmes y découvrent une scène glaçante, dorénavant gravée dans leur esprit pour le reste de leur vie. 

"J’ai ouvert la porte. Le chien est sorti en furie de la maison et a failli nous faire tomber en criant. Ce pauvre chien, nous ne l’avons jamais revu. Après, la pénombre. Et là, j’ai vu le corps de ma tante Marcelle, la face sur le sol et du sang partout. Lorsque j’ai levé la tête, j’ai trouvé mon autre tante avec un pied coincé dans le barreau de l’escalier", déclare Claudine d'une voix atone. Les deux victimes gisent dans une flaque de sang, une plaie béante au niveau de la gorge. Toutes deux ont été battues au visage et à la tête. "C’est inoubliable. Quand j’ai vu Marcelle, comme ça par terre, je me suis trouvé mal… Je ne sais pas ce que j’ai fait. Je me rappelle, j’étais dans la voiture complètement...", s'étrangle Josette, ne parvenant pas à terminer sa phrase. "Ça a été terrible", lâche-t-elle. 

Un coupable jamais retrouvé

S'ouvrent alors des investigations longues de plusieurs années. Rapidement, l'autopsie établit qu'un objet très tranchant, probablement un rasoir, a été utilisé lors de ce crime. Joël Braud, commissaire divisionnaire, à l'époque chef de la sureté urbaine à l'antenne de police de Pau, parvient, en parallèle, à plusieurs conclusions. "Quand on est entrés (sur la scène du crime), c’était assez impressionnant. On a pu déterminer quelques éléments. Le premier, c’est de dire que l’auteur était seul. La deuxième chose, c’est que le mobile n’était pas le vol, parce qu’on a trouvé de l’argent, qui aurait pu être accessible. Troisième chose, c’est de dire que ce n’était pas un prédateur sexuel. Cela m’a semblé être un crime avec un respect rituel", explique-t-il. 

La scène de crime évoque l’acte d’un fou. Et à l’époque, un hôpital psychiatrique jouxte le café. Certains patients, libres de sortir dans la journée, étaient clients des deux sœurs. Ils sont rapidement suspectés. Des habitués du bar - ouvriers, marginaux, retraités - sont aussi dans le viseur des enquêteurs. Les suspects se succèdent mais finissent, inexorablement, par être relâchés. Après quatre ans d’enquête, le 8 février 1999, le juge d’instruction rend une ordonnance de non-lieu. L’affaire est classée. Un an plus tard, le café Chez Maurice est détruit. Il est remplacé par un parking et une station-service.

Presque tombée dans l'oubli, cette affaire revient sur le devant de la scène en 2004, lorsqu’un nouveau double meurtre sanglant survient à Pau, rappelant de douloureux souvenirs. Élément d'autant plus troublant, le crime se produit dans l’hôpital psychiatrique déjà au cœur des soupçons en 1995. Mais en 2005, l'auteur présumé de ces homicides est arrêté, confondu par son ADN. Les enquêteurs écartent la thèse selon laquelle il aurait également pu être à l'origine du meurtre des sœurs, n'étant âgé que de 11 ans en 1995. Le dossier est à nouveau clôturé. 

Des nouvelles investigations

Les investigations auraient pu en rester là. Mais, en mai 2022, des enquêteurs spécialisés dans les crimes non-résolus ont décidé de se saisir de cette affaire, qui allait bientôt être prescrite. Parmi les 200 "cold cases" étudiés, celui-ci attire l’attention des magistrats et enquêteurs. "Les faits sont d’une extrême violence. Ce meurtre sort de l’ordinaire et a marqué les esprits de la population et des enquêteurs", souligne France Dannerolle, chef de l’office central pour la répression des violences aux personnes. Une nouvelle inespérée après trois décennies de mystère. "C’est un espoir qui renaît. On aimerait avoir une réponse, savoir ce qu’il s’est passé. Même si le deuil est passé, il y a quand même les souvenirs qui nous hantent", espère Josette. 

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De nouvelles comparaisons ADN - entre des preuves restées sous scellé et les données du fichier national des empreintes génétiques - ont été effectuées. "Ce qui est certain, c’est qu’il y a du matériel, donc on n’est pas sans rien. La question maintenant est de savoir si l’on va avoir un match", indique Vincent Poudampa, avocat de la famille. Les résultats de ces tests sont attendus dans les prochains mois.


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