Le 24 mars dernier, cinq Français sont morts en sautant du septième étage de leur immeuble en Suisse.Si la famille était intéressée par les théories complotistes et survivalistes, les raisons de ce passage à l'acte restent floues."Sept à Huit" a mené l'enquête.
Les raisons de leur passage à l'acte sont toujours inconnues. Il y a un mois, le 24 mars 2022, cinq Français, dont deux enfants, ont sauté les uns après les autres du balcon du septième étage de l'immeuble où ils habitaient, dans le silence, laissant les riverains stupéfaits. "Je les ai vus en passant, je suis complètement bouleversée, je suis très très choquée", témoigne l'une d'entre elles dans la vidéo de "Sept à Huit" en tête de cet article. Parmi les victimes, se trouvent le père de famille, son épouse, la sœur jumelle de celle-ci, et les deux enfants du couple. Seul un adolescent de 15 ans a survécu, mais il est toujours plongé dans le coma.
Pour comprendre ce qui s'est passé ce matin-là dans la ville suisse, il faut remonter quelques années en arrière. En 2005, le père de famille Eric David, un polytechnicien, épouse Nasrine Feraoun, une étudiante en orthodontie. Sa sœur jumelle, Narjisse, est diplômée de l'École normale supérieure avant de poursuivre des études en ophtalmologie. Elle est décrite par un ancien professeur comme une élève brillante, alors que Nasrine est perçue comme "très admiratrice de son mari et de sa sœur jumelle", qui deviennent "ses uniques raisons de vivre".
Un isolement progressif
Le couple part ensuite s'installer en Normandie, où Nasrine assigne devant le conseil de l'ordre son associé dans le cabinet médical où elle exerce. "J'ai appris que je détournais la clientèle, que je volais, que je draguais les assistantes pour lui nuire", raconte l'homme face' aux caméras de "Sept à Huit".
En 2013, la jeune femme est déboutée de ces procédures et elle quitte, avec son mari, la Normandie pour aller s'installer en Suisse, en même temps que sa jumelle. Le couple démissionne de ses nouvelles fonctions et seule Narjisse, qui habite avec eux, semble continuer à entretenir une vie sociale, en occupant le poste de cheffe de clinique des services d'ophtalmologie des hôpitaux universitaires de Genève. Le couple ne sort presque plus du domicile, comme les enfants qui sont scolarisés à la maison.
Adeptes des thèses complotistes et survivalistes
Mais les jumelles se seraient plusieurs fois confiées à un serveur du quartier. Elles semblaient selon lui obnubilées par le vaccin contre le Covid-19. Pour elles, "tous les vaccinés à partir de deux ans allaient mourir, elles voyaient plus ou moins la fin du monde avec des famines, la guerre civile, des pillages". Elles auraient donc assuré vouloir "se préparer, avoir des médicaments en réserve, de l'eau potable et un plan de secours avec une communauté", témoigne le serveur.
À la fin de l'année 2021, la famille cesse totalement de répondre aux autorités suisses, qui doivent pourtant contrôler l'enseignement à la maison que suit le fils de 15 ans. En arrivant au domicile de la famille le 24 mars, les policiers "ont frappé, ils ont sonné, il n'y a pas eu de réponse, ils ont insisté, à un moment donné ils ont entendu une voix à l'intérieur qui demandait qui était là, ils se sont légitimés, ont dit que c'était la police, et puis il n'y a plus eu de bruit pendant une demi-heure. Comme ils n'arrivaient pas à exécuter leur mission, ils ont décidé de quitter les lieux", détaille un policier. Derrière la porte, la famille a décidé d'en finir. Sans cri, ni dispute, les cinq membres se sont jetés du balcon.
En fouillant l'appartement, les policiers ont découvert des éléments qui permettent de dire que la "famille était très intéressée par les thèses complotistes et survivalistes." "Par contre, à aucun moment, on n'a découvert d'éléments qui pouvaient expliquer ce passage à l'acte de manière anticipée. On n'a pas mis au jour d'élément qui font un lien entre cette famille et le milieu sectaire, on privilégie la thèse du suicide collectif sans l'intervention d'un tiers", détaille encore le policier. Le fils de 15 ans, seul survivant, donnera peut-être plus d'informations aux policiers une fois sorti du coma.
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