"Je ne suis pas un tueur en série" : "le Serpent" prend la parole dans "Sept à Huit"

par La rédaction de TF1info Propos recueillis par Audrey Crespo-Mara
Publié le 5 février 2023 à 20h26, mis à jour le 7 février 2023 à 9h44
"Je ne suis pas un tueur en série" : "le Serpent" prend la parole dans "Sept à Huit"

Charles Sobhraj, surnommé "Le Serpent", a été condamné au Népal pour un double meurtre de touristes.
Après près d'un demi-siècle en prison, il a été libéré et expulsé vers la France fin décembre.
Il a pris la parole pour la première fois face à Audrey Crespo-Mara dans "Sept à Huit" ce dimanche.

"Le Serpent". C'est le surnom qui lui a été donné pour sa capacité à endormir ses victimes, à filer entre les doigts des enquêteurs et à s'évader de prison. Charles Sobhraj, 78 ans, a été condamné en 2004 au Népal pour l'assassinat de deux touristes nord-américains, qui a d'ailleurs inspiré une série récemment produite par Netflix. La Cour suprême népalaise l'a libéré huit mois plus tôt que prévu, et expulsé fin-décembre vers la France pour raisons de santé, le sexagénaire ayant besoin d'une opération à cœur ouvert.

Devenu voleur et braqueur à 18 ans puis trafiquant, il a sévi dans les années 70 dans plusieurs pays, son Asie natale, au premier rang desquels l'Inde et la Thaïlande sous différents pseudonymes. L'homme se présente alors comme négociant en pierres précieuses. "Je vendais des rubis, saphirs, émeraudes, c'était plutôt en gros", précise celui qui se confie pour la première fois depuis sa libération face à Audrey Crespo-Mara dans "Sept à Huit" ce dimanche. 

Son modus operandi ? Mettre en confiance des hommes d'affaires et des touristes occidentaux avec ses complices, à savoir sa maitresse canadienne et son homme de main indien, pour les voler. "Je prenais contact avec quelqu'un, je préférais les hommes d'affaires, on passait la journée ensemble, ça allait vers la soirée, puis on boit quelque chose ensemble et je mets une drogue dans son verre bien dosée pour qu'il s'endorme seulement quand il atteint sa chambre et c'est là que je prends ses affaires, en général l'argent", se souvient-il.

"Je voyageais toujours avec un faux passeport"

Aux touristes, il volait les passeports. "Je voyageais toujours avec un faux passeport , à ce temps là, changer les photos ça prenait vingt minutes", assure encore le sexagénaire qui estime avoir passé par ce biais au moins "100 ou 150 fois" les frontières.

Roi de la manipulation, l'énigmatique Charles Sobhraj est-il aussi un dangereux psychopathe et un  tueur en série ? "Je ne suis pas un meurtrier, je n'ai tué personne. (...) Je ne suis pas un tueur en série et je le prouverai", assure le Serpent, également mis en cause dans les meurtres d'au moins une dizaine de touristes occidentaux en Thaïlande, en Inde, au Népal. Parmi ces derniers, figure le nom de Stéphanie Parry, une Française retrouvée morte sur la plage de Pattaya, vêtue d’un bikini et ayant été vue vivante pour la dernière fois chez lui. "Je ne m'en rappelle pas d'accord, il y avait beaucoup de clients qui venaient chez moi, une vingtaine, une trentaine par jour", répond-il à Audrey Crespo Mara, tout en précisant que la police thaï avait déclaré sa mort accidentelle.  

Luc Salomon, également hébergé chez lui, a été drogué avant d'être retrouvé mort dans sa chambre d'hôtel. "J'avais une jeune qui travaillait avec moi, Barbara je crois, j'avais besoin de passeports donc je lui ai dit 'tu rencontres des gars et tu prends les passeports', il y a eu le diner avec Salomon et elle lui a donné la drogue et le lendemain ou le surlendemain il a été retrouvé mort, il avait une vingtaine de piqures nouvelles sur un bras et de l'autre côté une cinquantaine d'anciennes, il se shootait", avance Charles Sobhraj. Condamné pour homicides involontaires dans cette affaire en 1978, il a été acquitté deux ans plus tard, certains l'accusant d'avoir corrompu les juges. "Absolument pas", rétorque-t-il, "à ce moment-là, le monde était contre moi si vraiment, j'étais coupable, on m'aurait déclaré coupable".

Une dizaine d'évasions à son actif

À cette époque, plusieurs autres victimes sont retrouvées battues, étranglées ou brûlées. Comment expliquer alors son implication dans un si grand nombre d'affaires, son homme de main pourrait-il en être l'auteur des meurtres ? "Je me suis souvent posé la question", reconnait-il au sujet de celui dont la trace a été perdue. C'est un groupe d'une vingtaine de touristes français qui est finalement à l'origine de son arrestation, en juillet 1976, à New Delhi. 

"Le Serpent" avait suivi les étudiants pendant des jours pour les mettre en confiance avant d'essayer de les droguer. "Je leur ai dit qu'ici l'eau n'était pas bonne, que les gens attrapaient des maladies donc qu'ils devaient prendre des cachets en prévision", se souvient celui qui avait commandé à ses complices de mettre dans la drogue dans les gélules. "J'ai commencé à distribuer, mais quand je suis arrivée à la fin des soixante, les premiers commençaient à tomber alors tout le monde s'est affolé".

Dix ans après son incarcération, alors que l'Inde avait décidé l'extradition vers la Thaïlande où il risquait peine de mort, Charles Sobhraj a organisé son évasion avec la complicité de trois autres détenus indiens. "On a mis de la drogue dans la nourriture des gardiens, on a pris les clés, on est sortis, une voiture nous attendait", détaille-t-il, concédant que tout était calculé, et qu'une fois arrêté et condamné à nouveau, il échappait ainsi à l'extradition et à la peine de mort. Au total, le Serpent a ainsi procédé à une dizaine d'évasions.

Avant sa dernière arrestation au Népal en 2003, Charles Sobhraj était déjà rentré une première fois libre en France. Durant six années, il y a mené "une vie normale", explique-t-il. "Je vivais en couple, on a eu un enfant dont je m'occupais et je faisais du commerce".


La rédaction de TF1info Propos recueillis par Audrey Crespo-Mara

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