VIDÉO - Incendie suspect : Sylvie a-t-elle tué son mari ?

Un dimanche a priori comme les autres à Torcy, en Saône-et-Loire, un énième repas entre couples d'amis... qui s'avère en fait le dernier. Le 17 janvier 2021, Marc et Colette s'étaient rendus chez Sylvie et Eric Roussel, dans une "bonne ambiance", racontent-ils. Eric détaillait ses futurs projets, "une piscine pour ses petits enfants, refaire des barbecues, des concours de pêche...", se souviennent-ils, dans l'enquête de "Sept à Huit" à retrouver ci-dessus. 

Mais deux heures après avoir quitté le domicile de leurs amis, le couple reçoit un appel : un incendie s'est déclaré dans leur maison. Sylvie a pu en réchapper, mais il a coûté la vie à son mari. "On était sûrs à 95% que c'était elle qui avait mis le feu. On s'est dit, de but en blanc, qu'elle l'avait tué", lance Marc. Presque deux ans après la mort de l'homme de 53 ans, son épouse vient d'être mise en examen pour assassinat et incarcérée.

Le cinquantenaire était perçu comme un homme "toujours là pour les autres", "jovial", mais avec des avis bien tranchés, le décrit Philippe, l'un de ses plus proches amis. Tourneur et représentant syndical dans une usine de fabrication de disques de turbine, Eric avait épousé à la fin des années 1980 Sylvie, avec qui il a eu deux enfants. Selon certains de ses amis, il avait sa compagne "dans la peau" et multipliait les dépenses pour elle. Mais la personnalité de cette assistante maternelle déroute souvent. Plusieurs couples de parents se seraient plaints de son comportement et lui auraient retiré la garde de leurs enfants. Parmi eux, Emma, qui dit l'avoir vue "péter les plombs, se mettre à hurler, à vociférer même" et changer brutalement d'humeur.

Après 18 ans d'activité, Sylvie Roussel quitte son poste et achète une maison à Torcy, avec son conjoint. Mais à peine un mois après leur arrivée, le 17 janvier 2021 vers 21h, la maison prend feu. L'un de leurs voisins, Alain, voit l'épouse en pyjama devant son domicile, en train d'implorer les pompiers de sauver son mari. "Elle était en pleurs, complètement affolée", raconte-t-il. Intoxiqué par les fumées, Eric décède dans l'ambulance après plusieurs tentatives de réanimation. 

Tous les regards se tournent alors vers Sylvie. Deux ans auparavant, dans la précédente maison du couple à Étang-sur-Arroux, un feu s'était déjà déclenché dans la chambre où dormait Eric, un drame auquel il avait miraculeusement survécu. L'enquête avait acté la piste accidentelle, et l'affaire avait été classée sans suite. Mais un an après les faits, l'époux se confie auprès d'un autre couple d'amis et dit "être sûr que c'est elle qui a mis le feu". Sylvie lui aurait avoué avoir déclenché les flammes, avant de se rétracter le lendemain, sans dissiper les doutes de son compagnon, qui refuse toutefois de divorcer. 

L'hypothèse de l'assassinat s'installe de plus en plus dans l'esprit des amis et de la famille. Plusieurs proches du couple prennent leurs distances avec Sylvie, notamment lors de la cérémonie au funérarium, où le comportement de la veuve interpelle. "Elle est sortie comme si de rien n'était" et "était sur la défensive" face à leurs doutes, se souviennent Marc et Colette. L'entourage s'étonne aussi de la voir réemménager quelques mois après le drame dans la maison où son mari est décédé. 

La cinquantenaire a été convoquée au commissariat et se sent soupçonnée. Elle assure pourtant à son voisin Alain avoir "tout le temps aimé" son mari, et soutient que le feu est parti d'un fauteuil électrique le soir de l'incendie. Mais le 27 septembre dernier, après plus d'un an et demi d'enquête, elle est placée en garde-à-vue et face aux enquêteurs de la police de Dijon, elle aurait finalement reconnu avoir mis le feu à ses deux maisons. Elle nie en revanche avoir voulu tuer son mari et dit avoir seulement cherché à lui faire peur, car elle l'accuse d'avoir exercé sur elle des violences psychologiques.

 L'une des proches amis du couple se souvient que Sylvie avait déjà évoqué de la maltraitance, un an après le premier incendie. "Elle a essayé de se suicider, en essayant de se couper les veines avec un couteau à beurre. Elle était allée se plaindre à l'hôpital d'avoir été maltraitée" et affirmait vouloir divorcer, explique-t-elle. Mais pour cette amie, "jamais, au grand jamais, il lui aurait infligé des violences psychologiques". Selon un membre de la propre famille de Sylvie, elle aurait en réalité cherché à tuer son mari pour "l'argent" : "Elle voulait toucher l'héritage, c'est tout. Il n'y a aucune autre raison".