Femme séquestrée en Charente-Maritime : des voisins racontent sa fuite

Publié le 10 septembre 2021 à 12h20

Source : TF1 Info

REPORTAGE – Pendant trois ans, une femme de 25 ans a été séquestrée et violentée par sa mère et sa sœur dans un village de Charente-Maritime, avant de parvenir à s'enfuir. Le 20H de TF1 s'est rendu sur place.

Les faits remontent à la nuit du 24 août. Les gendarmes de Saint-Jean-d'Angély, en Charente-Maritime, sont alors appelés pour intervenir dans le village de Bignay. Une jeune femme de 25 ans vient de s'enfuir de son domicile. "Elle est arrivée en culotte, pieds nus, l’odeur très très imprégnée sur elle...", décrit la voisine chez qui la jeune femme a trouvé refuge. 

La voisine ne l’avait jamais vue. La jeune femme déclare alors avoir été "séquestrée depuis trois ans par sa mère et sa sœur dans un habitat insalubre". Selon un communiqué du procureur de La Rochelle, elle aurait "été violentée à plusieurs reprises pour avoir tenté de se rebeller ou de partir". Sa famille l’aurait également "régulièrement privée de repas" et lui aurait fait "subir des conditions de vie indignes".

Une famille recluse du reste du monde

"Elle a mangé un paquet de gâteaux et trois croissants en même pas cinq minutes. Je lui ai tendu une bouteille d’eau, je lui ai dit ‘par contre, c’est de l’eau du robinet’, et elle m’a répondu ‘c’est pas grave, chez moi, je bois de l’eau de pluie’", raconte la voisine qui l'a recueillie. 

Selon une source proche de l’enquête, la jeune femme vivait "dans ses excréments dans une pièce aux fenêtres clouées par des planches de bois dans une maison dégoûtante, sans eau ni électricité". C’est par une des fenêtres que la jeune femme aurait finalement réussi à s’enfuir. 

La famille vivait recluse, au point que même les voisins n’étaient pas au courant de leur présence. "Je pensais uniquement que la maison était abandonnée depuis quelques années, parce que moi je ne voyais jamais d’allers et venues de personnes, de quoi que ce soit", témoigne une autre voisine, très étonnée.

Un "couac" du "parquet de Saintes et/ou des services sociaux"

Selon le communiqué du procureur, "une précédente procédure initiée en novembre 2020 à la suite d'un signalement transmis par les services sociaux, qui avaient alerté sur la précarité de cette famille", a été jointe à l'enquête. Dans la boîte aux lettres, une convocation au commissariat urgente et non datée a été trouvée. La mère de famille ne s’y est cependant jamais rendue.

"Je pense qu’il aurait fallu faire une perquisition pour savoir comment on vivait à l’intérieur", assure Alain Mège, le maire de Bignay, qui avait alerté le parquet de Saintes en 2020 suite à un dépôt de plainte et des témoignages du voisinage. Aucune infraction n’est cependant alors constatée pendant l’enquête. L'avocat de la jeune fille a dénoncé un "couac" du "parquet de Saintes et/ou des services sociaux" dans le traitement de ces constatations faites sur la famille en 2020.

La famille était installée dans le village depuis vingt ans. La mère avait étudié la psychiatrie et les deux jeunes filles avaient également poursuivi leurs études. L'aînée s’était même présentée aux élections municipales en 2014.

Dans son communiqué, le procureur de la Rochelle explique la situation par un rite religieux suivi par la mère et la sœur de la victime. Selon La Nouvelle République, qui a révélé l'affaire mardi, "la conversion de la mère et de la sœur aînée au mennonitisme", un mouvement également appelé mennonisme remontant au XVIe siècle et appartenant au protestantisme,  peut expliquer que les trois femmes se soient repliées sur elles-mêmes.

Très affaiblie, la victime est toujours hospitalisée. La mère, âgée de 58 ans, et sa fille, 27 ans, ont été mises en examen pour "séquestration de nature criminelle" et écrouées, mais seulement après un examen par un psychiatre et une hospitalisation sous contrainte pour la première. 

Devant les enquêteurs, la mère a contesté les dénonciations de sa fille. L'autre fille n'a pas souhaité s'exprimer. Elles affichent chacune un casier judiciaire vierge de toute condamnation, d'après le parquet.


La rédaction de TF1info

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