VIDÉO - "On a essayé de m'écraser" : des maires agressés témoignent

A. Lo.| Reportage TF1 Isabelle Marie, Jean-Yves Chamblay
Publié le 24 novembre 2022 à 10h47, mis à jour le 24 novembre 2022 à 14h42

Source : Le JT

Les violences contre les élus sont en hausse en France.
Un maire sur trois déclare avoir été la cible de menaces, y compris des menaces de mort.
Le 20H de TF1 a recueilli la parole de plusieurs d'entre eux.

Lorsqu'il sort de sa mairie, André Bertero est désormais sur ses gardes. Le maire du petit village d'Aurons, dans les Bouches-du-Rhône, avait déjà eu le droit aux tags insultants, aux animaux morts déposés sur la route et à sa voiture rayée. Mais un jour de 2019, il a vraiment eu peur. Un habitant de la commune a tenté de l'écraser. "Au moment où j'ai traversé, il a accéléré. J'ai été obligé de faire un pas en arrière parce que sinon, il me fauchait...", raconte l'élu. "J'en ai tremblé pendant des jours et des jours".

Les gens ne respectent plus rien
Michelle Delage, maire-adjointe LR dans la Somme

Suite à cette agression, le maire s'est mis à douter de sa vocation d'élu. "Je ne suis pas le seul à me poser la question sur l'utilité de briguer un troisième ou un quatrième mandat", assure-t-il. En effet, dans les allées du salon des maires où s'est rendu TF1, on dénonce le climat ambiant. "On a le cas récemment d'un maire qui s'est fait agressé... il a reçu un coup de poing pour deux fois rien", relate Danielle Vasseur, maire-adjointe à Abbeville, dans la Somme. 

"Les gens ne respectent plus rien", renchérit Michelle Delage, maire-adjointe Les Républicains dans le même village. "Autrefois, on prenait des pincettes, on disait 'M. Le Maire'. Maintenant, les noms d'oiseaux volent de temps en temps quand vous n'allez pas tout à fait dans le sens de vos administrés", témoigne également Jean-Pierre Alaux, maire sans étiquette d'Albas, dans le Lot.

Plus d'un maire sur trois dit avoir déjà été victime de menaces ou d'injures, selon une étude du Cevipof présentée lundi 21 novembre lors du congrès des maires de France. Un chiffre en nette augmentation, qui montrerait, selon le professeur Martial Foucault, auteur de l'étude, "la difficulté croissante des maires à faire respecter le droit, mais plus encore à trouver des parades au non-respect de l'autorité".

Des réponses diverses pour soutenir les maires

Pour répondre à ces difficultés, il existe aujourd'hui des formations à la gestion de crise, dispensées par le GIGN ou le RAID. Les militaires partagent alors les conseils qu'ils appliquent eux-mêmes lors de prises d'otages, incitant à apaiser la discussion, notamment avec des concitoyens qui pourraient se montrer agressifs. Lors du salon des maires, les gendarmes ont également présenté l'application "Ma sécurité", qui permet aux élus d'être assistés par un représentant de la loi à toute heure de la journée.

Des sociétés privées dispensent aussi leurs conseils à des élus parfois désemparés. "Ils ont l'habitude d'aller vers les gens, ils ont envie de résoudre les problèmes des gens. Donc le fait qu'ils aient peur est tout à fait nouveau pour eux", reconnait Laure Gosset, directrice de Mediaction, qui propose les services de médiateurs spécialisés.

La réponse judiciaire est interrogée face à l'ampleur d'un phénomène en constante augmentation depuis la crise du Covid-19. Ce mercredi 23 novembre, les sénateurs ont adopté une proposition de loi visant à permettre aux associations d'élus de se constituer partie civile pour soutenir les élus victimes d'agressions. Le ministère de l'Intérieur a enregistré 1835 procédures judiciaires pour atteintes aux élus en 2022.


A. Lo.| Reportage TF1 Isabelle Marie, Jean-Yves Chamblay

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