Suicides au sein des forces de l’ordre : "J’y ai pensé", témoigne une policière

Léa Tintillier | Reportage Laura Merlier, M. Debut, S. Hernandez
Publié le 3 février 2022 à 13h12, mis à jour le 3 février 2022 à 19h43

Source : JT 13h Semaine

Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, recevra les syndicats de police ce vendredi après une vague de suicides en leur sein.
Depuis le début de l’année, 12 policiers se sont donné la mort.
Une policière qui voulait, elle aussi, en finir, témoigne auprès du 13H de TF1.

Son métier de policière, c’était toute sa vie. Pourtant, cette femme qui a décidé de témoigner ce jeudi 3 février est en arrêt depuis deux ans. Le quotidien, rythmé par les interventions difficiles, a fini par l’épuiser. Au point de penser à commettre l'irréparable. 

"J’ai été victime à plusieurs reprises de violences. La personne mise en cause m’a cassé le bras, le coude, le pouce. On rentre avec tout ce qu’on a subi dans la journée. On ne nous demande pas si on a besoin d’un suivi psy, on ne nous demande pas si on a besoin de quelque chose, on ne nous demande rien", affirme-t-elle dans le reportage du 13H de TF1 en tête de cet article.

La pression est permanente. "On n’a aucun soutien. On est des numéros, des matricules, et on fait ce qu'on nous demande de faire. Il n’y a pas de place pour l’empathie", poursuit-elle. À ces conditions de travail, s’ajoute la maladie. Elle se sent abandonnée par sa hiérarchie et envisage alors le pire. "On m’a laissée avec mon arme. Si je n’avais pas mes enfants, j’aurais mis fin à mes jours. J’y ai pensé."

Aujourd’hui, elle va mieux. Elle envisage même de remettre l’uniforme, grâce notamment à des associations de policiers bénévoles comme celle de Christophe. Il répond à des collègues en détresse à n’importe quelle heure du jour ou, parfois même, de la nuit. "On ne sait jamais quel est le degré d’urgence quand le collègue appelle donc il faut impérativement répondre pour s’assurer que tout va bien", explique-t-il. Avec une trentaine de collègues, ils ont créé le groupe Facebook "S.O.S Policiers en détresse". L’année dernière, ils ont reçu plus de 6000 appels à l’aide de policiers, à qui le numéro est réservé.

Gérald Darmanin rencontrera les syndicats ce vendredi

La police compte une centaine de psychologues en interne, mais ils sont peu consultés par les fonctionnaires qui craignent d’être déclassés par leurs supérieurs. "Vous avez la responsabilité, en tant que chef de service, de juger si la personne en question est encore apte ou pas à être sur la voie publique et à faire ses missions, dont certaines consistent à utiliser la force", déclare David Le Bars, secrétaire général du syndicat des commissaires de la police nationale (SCNP). 

Depuis le 1er janvier, douze policiers ont mis fin à leurs jours. Après ce mois marqué par une vague de suicide, Gérald Darmanin recevra les syndicats de policiers et deux associations de soutien, ce vendredi. La semaine dernière, il avait annoncé le recrutement d’une vingtaine de psychologues dans les endroits les plus difficiles de la police nationale, portant à 120 les effectifs du service de soutien psychologique opérationnel (SSPO). 


Léa Tintillier | Reportage Laura Merlier, M. Debut, S. Hernandez

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