Lina, 15 ans, s'est volatilisée le 23 septembre dernier dans le Bas-Rhin.De nombreuses zones d'ombres restent à éclaircir après plus d'une semaine de recherches infructueuses."Sept à Huit" a recueilli les témoignages de proches et de l'ancien maire de Plaine, qui affirme avoir croisé l'adolescente le jour de sa disparition.
Huit jours après sa disparition, Lina, 15 ans, reste introuvable. Le 23 septembre dernier, Ll'adolescente s'est comme volatilisée alors qu'elle marchait sur une route de campagne pour se rendre à la gare de Saint-Blaise-la-Roche (Bas-Rhin), où elle devait prendre un train pour Strasbourg afin de rejoindre Tao, son petit ami.
Dans la maison où Lina vit seule avec sa mère, Fanny, la matinée du 23 septembre a commencé dans la joie et les rires. La maman de la jeune fille se rappelle des derniers instants passés avec sa fille unique. "Elle s'est dépêchée, disait : 'Je vais vite prendre ma douche, je me prépare'. Je suis allée la voir dans la salle de bains. C'est le dernier moment où je l'ai vue", confie-t-elle, très émue, dans l'enquête de "Sept à Huit" à retrouver en tête de cet article.
"Je ne l'ai plus revue sur la route"
Lina est partie de chez elle à 11h pour aller prendre son train. La gare est à une demi-heure de marche, sur une départementale. L'adolescente avait l'habitude de faire ce trajet à pied. Jamais aucun problème n'y a été signalé. Jean-Marc Chiron, l'ancien maire de la commune de Plaine, où était domiciliée Lina, faisait ce jour-là le trajet entre le village et son domicile. Il est l'une des dernières personnes à avoir vu Lina vivante.
"En allant chez moi sur les coups de 11h15, j'ai croisé cette jeune fille qui marchait en direction de Saint-Blaise (...). Elle était avec son téléphone, elle parlait avec quelqu'un, enfin, je pense, parce qu'elle avait le téléphone à hauteur de visage", se rappelle l'ancien élu devant les caméras de Sept à Huit. Dix minutes plus tard, Jean-Marc Chiron est rentré au village. "Quand je suis revenu dans l'autre sens peu de temps après, je ne l'ai plus revue sur la route. Je me suis moi-même dit : 'Elle doit marcher vite.' Parce que j'aurais logiquement dû, vu le timing, encore la revoir."
De son côté, Tao, le petit ami de Lina, a commencé à s'inquiéter en remarquant que le téléphone de la jeune fille était sur répondeur. Il a alors prévenu la mère de l'adolescente, qui s'est empressée de chercher sa fille. "Je suis venue jusqu'à la maison, rien. J'ai refait le trajet inverse, je suis allée jusqu'à la gare en voiture. Je suis descendue, j'ai été voir à la gare, personne, rien", se remémore-t-elle, avant d'ajouter : "À partir de là, la décision était prise : j'ai appelé les gendarmes tout de suite."
Une adolescente très mature
Les premières vérifications ont confirmé que Lina n'est jamais montée à bord du train en direction de Strasbourg. L'adolescente, dont le téléphone a cessé d'émettre à 11h22, s'est évanouie dans la nature. L'inquiétude est tout de suite immense. Car selon ses proches, Lina n'avait aucune raison de fuguer. "Impossible" que sa fille soit partie volontairement, martèle Fanny. "Elle était tellement heureuse, des rires, de la gaieté, de l'amour... Juste du bien-être", assure la mère de Lina.
Depuis le 10 août dernier, soit le jour de leur première rencontre, Lina est en couple avec Tao. Avant le début de leur relation, les deux jeunes gens ont discuté durant quatre ans sur les réseaux sociaux. Le jeune homme a 19 ans, soit quatre ans de plus que Lina. Mais selon sa mère, la jeune fille est une adolescente très mature. "Elle a toujours voulu grandir plus vite, être jolie, pomponnée, elle aime prendre soin d'elle, voir des amis, bouger, être avec sa famille", décrit Fanny.
Présente et souriante sur les réseaux sociaux, Lina est une adolescente de 15 ans en apparence bien dans sa peau. Depuis la rentrée, la jeune fille suit un CAP de service à la personne, section vente, et effectue un stade dans la seule épicerie du village. Anna-Christina, 17 ans, a fréquenté le même collège de Lina. Elle l'a croisée dans l'épicerie trois jours avant sa disparition. "Elle était en train de faire du rangement dans les rayons quand je l'ai vue (...). Elle était super souriante, super agréable... C'est une super fille", glisse la jeune fille devant la caméra de Sept à Huit.
Des recherches infructueuses
Les premiers éléments de l'enquête détaillés mardi soir par la procureure de Saverne renforcent la crainte d'une issue tragique. Les enquêteurs s'orientent alors de plus en plus vers la piste criminelle. En attendant que cette enquête avance, des volontaires continuent d'arpenter le terrain. Samedi matin, Jacques et Nicolas, deux étudiants de 20 ans, sont arrivés de Strasbourg pour chercher des indices. "Il faut qu'on essaie de se mettre dans la tête de la personne, voire même dans la tête du probable ravisseur", expliquent-ils.
Les deux amis essaient d'examiner des zones que les battues n'auraient pas encore quadrillées. Ils inspectent par exemple des zones difficiles d'accès ou encore des cours d'eau. "Pour l'instant, ça ne porte pas ses fruits", déplorent les jeunes hommes, qui refusent de baisser les bras. Jacques et Nicolas passeront leur journée dans les bois, en vain.
Ce dimanche, la procureure de Saverne a indiqué qu'elle se dessaisissait, "en raison de la complexité de l'affaire", au profit du parquet de Strasbourg, avec l'ouverture d'une information judiciaire pour "enlèvement ou séquestration de plus de sept jours".
Un homme vivant dans une maison inspectée ce week-end pour la 2ᵉ fois et qui a été placée sous scellé, a par ailleurs été entendu comme témoin. L'audition de cet habitant du hameau de Diespach, sur la commune de Plaine, "n’a rien donné de probant", selon une source proche de l'enquête. Toutes les pistes continuent d'être explorées par les enquêteurs.