VIDÉO - Disparitions inquiétantes : quand des bénévoles mènent l’enquête

par Virginie FAUROUX | Reportage : Gaëlle Charnay, Julien Chaize et Sylvain Thizy
Publié le 21 avril 2023 à 21h45

Source : JT 20h WE

D'après le ministère de l'Intérieur, 50.000 personnes disparaissent chaque année en France.
S'il est parfois difficile pour la justice de retrouver leur trace, les familles peuvent faire appel à une association de bénévoles.
Le JT de TF1 est allé à la rencontre de ces apprentis enquêteurs déterminés à découvrir la vérité.

Nelly, 29 ans, a quitté son domicile un soir d'août 2011 sans laisser de traces. "C'est la dernière fois qu'on l'a vue. Elle a pris son scooter, elle a mis son casque et hop, on ne l'a plus jamais revue", résume Jean-François Martin, bénévole pour l’association Assistance et Recherche de Personnes Disparues (ARPD), dans le reportage du JT de 20H à retrouver en tête de cet article. Douze après, ce fonctionnaire à la retraite la cherche désespérément et pourtant, il ne la connaissait pas. "On y pense jour et nuit, on essaye de relire les témoignages qu'on a", explique-t-il. 

10.000 disparitions restent mystérieuses

Une quête sans fin quand on sait que 50.000 personnes disparaissent chaque année en France. Et même, si la plupart sont des mineures rapidement retrouvées, pour 10.000 d'entre elles, le mystère reste entier. Crimes, accidents ou disparitions volontaires, quand la justice n'a aucune piste, les familles totalement démunies peuvent alors faire appel à cette association, créée il y a 20 ans. Des civils bénévoles qui reprennent les dossiers des années après et qui sont bien souvent leur seul soutien. 

"On aura toujours espoir, on ne peut pas baisser les bras, c'est pas possible. On n'oublie pas une fille", lâche Pierre Balmain, le père de Nelly, des sanglots dans la voix. Pour Jean-François, l'aide apportée à cette famille n'est pas "du temps perdu". "Comme on donne un billet de 10 euros et bien, je donne mon temps", souligne-t-il. "Cette disparition me fascine, ce n'est pas morbide, mais comment peut-on disparaitre comme ça sur un claquement de doigts ?" Alors, inlassablement, il poursuit ses investigations. Le jour du reportage de TF1, il a rendez-vous avec une ancienne collègue de Nelly, espérant trouver des informations qui auraient pu échapper aux gendarmes. 

Le principal reproche qu'on peut faire à la justice, c'est qu'elle est inhumaine.
Yves Suppo, père de Nicolas disparu en 2010

À 100 kilomètres de là, tout près de Grenoble, Yves Dal Bello, un autre enquêteur bénévole, essaie de résoudre avec la même obsession l'énigme de la disparition de Nicolas, qui s'est évaporé lors de la pause déjeuner de son usine. C'était en 2010. "Votre enfant disparait, vous vivez un cauchemar. Ça aurait pu être mon fils. Pour moi, c'est presque mon fils. Nicolas, c'est le fils de tout le monde, on va dire." Des heures durant, cet ancien juriste a épluché les comptes bancaires et observé les habitudes du jeune homme. Un travail de fourmi. "Nicolas aurait très bien pu changer de vie. Il aurait très bien pu partir à l'étranger", estime-t-il. S'il a une piste, Yves doit obligatoirement la transmettre à la justice. En attendant, chaque mois, il retrouve les parents de Nicolas. "L'espoir nous tient parce que sinon on meurt", avoue la mère de famille. 

Classée sans suite, l'enquête est rouverte en 2018, comme 900 autres disparitions non élucidées, pour établir un possible lien avec l'affaire Nordahl Lelandais, mais cette piste est rapidement abandonnée. "Le principal reproche qu'on peut faire à la justice, c'est qu'elle est inhumaine. Nous, Nicolas a disparu, ça fait 12 ans, combien de fois avons-nous eu des informations de la justice ?", s'exaspère Yves Suppo, le père de Nicolas. 

Tous ces bénévoles ne prétendent pas prendre la place des enquêteurs, mais ils pointent leur manque de moyens. Philippe Folletet, ancien commissaire de police et vice-président de l'association ARPD en témoigne : "Les affaires de disparitions inquiétantes, quand elles n'ont pas de qualification criminelle, sont détruites au bout de trois ans après le classement. Donc, comment voulez-vous faire des rapprochements entre affaires ?"

Comme Yves ou Jean-François, ils sont 450 en France à prendre leur bâton de pèlerin et à chercher ceux qui ont disparu. L'an dernier, un quart des affaires ont été résolues grâce à ces enquêteurs bénévoles. 


Virginie FAUROUX | Reportage : Gaëlle Charnay, Julien Chaize et Sylvain Thizy

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