Plus de 40% des vols à la tire et 30% des cambriolages sont commis par des mineurs isolés.Beaucoup appartiennent en fait à des réseaux très organisés.À Bordeaux (Gironde), une brigade spécialisée a été mise en place.
Les agents de la brigade spécialisée ne sont pas des enquêteurs ordinaires. Dans les rues de Bordeaux (Gironde), ils viennent repérer des délinquants étrangers et surtout mineurs ou qui se présentent comme tels. Ils seraient une centaine autour de la ville, livrés à eux-mêmes, sans ressources, qui, pour survivre, commettent des cambriolages. Ils volent des bijoux ou des smartphones. "Ils s’en prennent principalement à des personnes plus vulnérables ou ils peuvent voler facilement un téléphone, que ce soit avec ruse ou avec violence parce que souvent, ils commettent les faits à deux ou trois", explique Jean-Marc, major de police.
Après chaque arrestation, une obsession : quel âge a la personne interpelée ? Beaucoup se disent mineurs dans l’espoir d’une justice plus clémente. Une des clés est l’analyse des traits du visage. "Les rides des yeux, de la bouche, sur les côtés du nez… Ce sont des rides qui évoluent en fonction de l’âge", poursuit Jean-Marc, dans le reportage du 20H de TF1 en tête de cet article.
D’après la police, un sur deux a réellement moins de 18 ans. L’enquête ne s’arrête pas là. Qui se cache derrière ces jeunes ? Il s’agit de réseaux. Ces jeunes, mineurs ou non, arrivent de Tunisie, d’Algérie ou du Maroc via l’Espagne. Chaque jour, ils volent jusqu’à une quinzaine de téléphones. Des intermédiaires à peine plus âgés leur rachètent 40 à 100 euros l’unité. La tête de réseau, elle, revend ces smartphones au Maghreb, 400 à 1000 euros par appareil, soit dix fois plus cher. "Les têtes de réseaux sont implantées depuis des années, ont 45 ans, sont mariés, ne sont pas connus des services de police justice", affirme Jean-Marc. Les enquêteurs ont fait tomber deux réseaux l’an dernier. Depuis leur chute, la délinquance de ces mineurs non accompagnés a baissé de près de 60%.
Recrutés sur les réseaux sociaux
Mais comment les jeunes sont-ils recrutés ? Sur les réseaux sociaux, les mineurs s’affichent avec des vêtements de marque, une vie facile et incitent de nouveaux mineurs à rejoindre la France au péril de leur vie. Un jeune est arrivé d’Algérie seul à l’âge de douze ans. Il nous raconte qu’avec l’argent des vols, beaucoup se procurent des psychotropes au marché noir pour échapper à leur traumatisme. "Les gens aiment bien se défoncer pour tout oublier. Ils ne font plus de cauchemars par rapport à ce qu’ils ont vécu. Parce qu’ils vivent de la merde en fait. Ils vivent dans les squats sales, dans les maisons sales… C’est trop dur en fait. Ne croyez pas qu’on vient ici pour voler, faire le bordel. On n’est pas des mecs violents", déclare-t-il.
Ces jeunes échappent à l’aide sociale à l’enfance. Dans le foyer d’accueil, pourtant, des mineurs non accompagnés se construisent un tout autre avenir. Mais il est difficile d’avoir une prise sur ceux qui sont déjà dans la délinquance. "Quand ils arrivent jusqu’à nous, effectivement, c’est le temps d’une douche, c’est le temps d’un repas et ensuite, malheureusement, ils repartent dans les réseaux qui les absorbent. Ce sont des jeunes qui déjà dans leur pays d’origine ont un parcours de délinquance ou un parcours de rue, on parle souvent des enfants des rues. Ils ne découvrent pas la délinquance en arrivant en France", affirme Rabah Boucif, directeur du foyer.
Le phénomène de la délinquance représente moins de 10% des mineurs non accompagnés. D’autres villes réfléchissent à ouvrir des cellules d’enquête similaires à celle de Bordeaux.
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