Manuel Canovas, pompier professionnel de 41 ans, a comparu en appel en juin dernier aux assises, poursuivi par trois de ses ex-compagnes pour harcèlement et viols. "Sept à Huit" a diffusé ce dimanche un reportage exceptionnel dans les coulisses de ce procès, avec au cœur des débats la question du consentement.
Sophie et Laure ont vécu la même histoire. Un amour passionnel avec un homme qui se serait transformé, au fil du temps, en une relation émaillée de violences et de viols. Ce jour du mois de juin dernier, alors que s'ouvre le procès en appel de cette affaire, les deux femmes s'apprêtent à revoir leur agresseur. Manuel Canovas, 41 ans, qui comparaît pour violences, harcèlement et viol. Ce pompier professionnel, condamné l'an dernier à quinze ans de réclusion criminelle, dément toujours avoir imposé des rapports sexuels à ses anciennes compagnes, Sophie, Laure, ainsi que Marie, qui a également porté plainte.
Sophie, 39 ans, est celle qui est restée le plus longtemps en couple avec l'accusé. Sept ans de vie commune et deux enfants. "Très vite, il est devenu omniprésent dans ma vie", se souvient-elle. Ensemble, ils achètent une maison et ont leur premier enfant en 2013. D'après Sophie, c'est à ce moment que le comportement de Manuel Canovas change radicalement : "Il me reprochait sans cesse de ne pas être une bonne maman. Ensuite, les coups et les insultes ont commencé", détaille-t-elle, la voix tremblante. Au bout de sept ans de vie commune, alors qu'elle vient d'accoucher de son deuxième enfant, Sophie décide de quitter Manuel Canovas. "Il a vrillé complètement. Et il nous a menacés de mort avec mes enfants. Il avait un fusil à la maison qu'il conservait", confie-t-elle, les larmes aux yeux, dans le reportage de "Sept à Huit" à regarder en tête de cet article.
Le couple se sépare et quelques semaines plus tard, Manuel Canovas rencontre Laure, 32 ans, elle aussi pompier. La jeune femme se laisse peu à peu séduire par Manuel Canovas, et comme pour Sophie, il montre très vite sa véritable nature : "Il m'a souvent reproché de ne pas penser à notre couple, de ne pas être investie, avec beaucoup d'ultimatums", déclare-t-elle. "Je lui ai dit que je n'entendais pas ma vie de couple comme ça. C'est à ce moment que j'ai pris ma première gifle. On se mettait au lit, et si on se disputait, il fallait absolument qu'on ait un rapport, parce que, selon lui, c'est comme ça qu'on se réconcilie dans un couple. J'ai dit non, j'ai insisté, il m'a poussée très violemment. Je suis tombée par terre, et il m'a mis des coups. Il m'a rattrapée par les poignets et il m'a mise sur le lit. J'ai essayé de le repousser plusieurs fois jusqu'à ce qu'il arrive à avoir un rapport sexuel", confie douloureusement Laure.
En 2018, après un an de relation, Laure parvient finalement à rompre avec Manuel Canovas. Elle contacte Sophie, sa précédente compagne, et lorsque les deux femmes s'aperçoivent qu'elles ont vécu le même calvaire, elles se décident à porter plainte en juillet 2019. Quatre ans plus tard, au premier jour du procès, Laure et Sophie doivent une nouvelle fois répéter à la barre leur traumatisante vie de couple avec Manuel Canovas. Dans le box, l'accusé reconnaît le harcèlement et les violences, mais il continue à nier farouchement les accusations de viols.
Que dit la loi ? "Le fait qu'une femme qui est en couple avec un homme doit forcément consentir à l'acte sexuel n'existe plus depuis 2006. La présomption de consentement dans le couple n'existe plus depuis 2010. Ça signifie que lorsqu'un homme est dans un lit avec une femme, il doit s'assurer de son consentement à l'acte sexuel. Et c'est exactement l'inverse dans ce dossier", détaille l'avocate de Laure, Maître Nathalie Tomasinis. La difficulté de ce type d'affaires : sans preuve matérielle et sans témoin du viol conjugal, ce n'est que la parole d'une personne contre une autre aux yeux de la justice.
Manuel Canovas a finalement été condamné à la même peine qu'en première instance : quinze ans de réclusion criminelle.
Sur le
même thème
Tout
TF1 Info
- Culture, médias et divertissementDécès de Jean-Pierre Elkabbach à 86 ans
- Sujets de sociétéTaxes, carburants, inflation... Les Français face à la vie (très) chère
- InternationalHaut-Karabakh : l'enclave au centre des tensions entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan
- Police, justice et faits diversDisparition inquiétante de Lina, 15 ans, en Alsace
- Police, justice et faits diversAttentat de Magnanville : sept ans après, l'heure du procès