TÉMOIGNAGES - Ils ont découvert que leur diplôme était faux : la colère d'étudiants d'Albi

par M.L | Reportage TF1 Stacy Petit et Jean-Vincent Fournis
Publié le 10 mai 2023 à 23h25, mis à jour le 11 mai 2023 à 10h30

Source : JT 20h Semaine

Les élèves d'une école supérieure privée d'Albi devaient fêter l'obtention de leur diplôme dans quelques semaines : un bachelor, l'équivalent d'un Bac+3.
Mais ils viennent de s'apercevoir que celui-ci était faux.
Ils accusent la directrice de l'École Supérieure Occitane d'escroquerie et de fraude, et certains d'entre eux ont saisi la justice.

Depuis sa création en 2019, l'École Supérieure Occitane avait fait une promesse à ses étudiants : leur délivrer au terme de trois années d'étude en immobilier ou en business un diplôme, le bachelor. Mais ils ont découvert que le document qu'ils doivent obtenir n'a en fait aucune valeur. "Cela fait deux mois que je dors plus, je suis anxieuse", lâche l'une des étudiantes en immobilier, Manon Tordjman, dans le reportage du 20H de TF1 ci-dessus. "On n'a pas de diplôme, on n'aura pas de carte professionnelle, et en plus de cela, on a payé pour quelque chose qui n'a pas lieu d'être", s'irrite-t-elle.

"S'en apercevoir là maintenant, à deux mois de l'examen, alors que l'on recherchait des CDI pour la rentrée... c'est la douche froide", cingle l'une de ses camarades en business, marketing et management, Sandy Julié. Les étudiants accusent la directrice de l'établissement d'avoir perçu les frais d'inscription des élèves, mais aussi des subventions de l'État - de l'argent détourné grâce au contrat d'apprentissage - pour des diplômes qui n'existent pas. L'organisme de formation, qui facture 4500 euros l'année selon La Dépêche du Midi, n'était pourtant pas agréé. Présent dans tous les salons étudiants de la région, il se vantait aussi d'avoir tissé des partenariats qui n'avaient jamais été signés, d'après France 3 Régions.

"Venant d'un établissement universitaire, c'est tout à fait inhabituel"

Plusieurs plaintes ont été déposées, et l'avocat de plusieurs étudiants suspecte une arnaque inédite. "Ce qui est courant, c'est de voir des personnes malintentionnées transformer une entreprise ou une association en pompe à subventions, et disons-le, en pompe à fric", pointe Me Philippe Pressecq. "Mais que cela émane d'un établissement universitaire, c'est tout à fait inhabituel", accuse-t-il. Ni la directrice de l'organisme de formation ni son avocate n'ont souhaité répondre aux sollicitations de TF1. 

Cette affaire compte par ailleurs un autre volet : un ex-employé de l'établissement accuse aussi la direction de fraudes à l'embauche. "Avec beaucoup d'anciens salariés, nous nous sommes rendus compte que nous n'étions pas déclarés. Au moment de déclarer les impôts, d'aller voir les caisses de retraites, on n'avait strictement rien", témoigne-t-il, à visage caché. La directrice de l'école, qui s'est révélée être interdite de gestion, a été provisoirement remplacée par un administrateur judiciaire, et une enquête est en cours.

En attendant les réponses de la justice, cet administrateur provisoire tente de trouver une solution d'urgence pour les étudiants, mais il n'est pas encore en mesure de leur confirmer qu'ils pourront ou non passer leurs examens et valider leur diplôme au sein d'une autre école, qui soit cette fois certifiée et reconnue. Contacté par La Dépêche du Midi, il affirme toutefois qu'aucun établissement ne lui a opposé de refus catégorique. 

S'accrochant à ce faible espoir, les élèves ont lancé un appel à l'aide sur les réseaux sociaux, une vidéo visionnée près de 400.000 fois sur TikTok notamment. "On fait appel à la solidarité afin de nous aider à obtenir notre diplôme", lancent une dizaine d'étudiantes devant la caméra. L'une d'elles a indiqué au Parisien avoir déjà obtenu une réponse auprès de quatre écoles, mais attendre toujours que les organismes certificateurs donnent leur aval. 

Selon la presse locale, ce sont près d'une centaine d'étudiants qui pourraient se retrouver sur le carreau cette année. Sans compter qu'une antenne de l'école, située à Narbonne, pourrait aussi être concernée dans cette affaire, d'après L'Indépendant


M.L | Reportage TF1 Stacy Petit et Jean-Vincent Fournis

Tout
TF1 Info