Le 8 mai dernier, Antoine Alléno est décédé après avoir été percuté par un chauffard dans les rues de Paris.Quatre mois plus tard, son père, Yannick Alléno, lance une association pour les victimes des multirécidivistes.Le chef étoilé revient sur ce terrible accident et ce nouveau projet face aux caméras de TF1.
Il a donné rendez-vous dans le restaurant que tenait son fils. Un lieu qu'ils avaient construit ensemble, il y a tout juste un an. Quelques mois seulement avant qu'Antoine, 24 ans, ne succombe à une collision d'une violence inouïe avec le véhicule d'un chauffard dans les rues de Paris. Percuté à la sortie de son établissement, le jeune homme décède sur le coup. "Quand c'est arrivé, je me suis dit que j'allais fermer ce truc, que sans lui ça n'avait pas de sens. Tout le monde me disait que je ne pouvais pas faire cela. En fait, ils avaient raison. Même pour lui, c'est important", confie Yannick Alléno dans la vidéo du 20H de TF1 ci-dessus.
Un deuil impossible
Arrivé rapidement sur les lieux de l'accident, le chef étoilé raconte avoir été marqué par l'horreur de cette vision pendant de longues semaines. "J'ai vu mon fils sur le trottoir. C'était extrêmement douloureux. C'est vrai que vous rentrez dans une période, après le décès d'un enfant... un monde que l'on ne connaît pas", tente-t-il d'expliquer. Le choc était d'autant plus brutal qu'il était impossible de se recueillir au chevet de son fils. À l'institut médico-légal, sa famille n'a pu voir sa dépouille qu'à travers une vitre. À la douleur s'est ensuite ajoutée une montagne de démarches, de formalités à régler.
C'est un gâchis monumental pour notre société, pour notre pays
Yannick Alléno
Ce deuil impossible, Yannick Alléno et ses proches ont réalisé qu'ils étaient nombreux à devoir l'affronter. "Depuis le 8 mai, le décès d'Antoine, j'ai déjà eu l'occasion de parler à 40 personnes qui, depuis le début de l'année, ont perdu leur enfant dans les mêmes conditions que le mien. C'est un gâchis monumental pour notre société, pour notre pays", estime-t-il, avec dépit. "Je les appelle les perles de la République. Mais les perles, quand on coupe le fil, ça tombe. Là, le fil est coupé, et tous les jours ça tombe. Je trouve insupportable que ces petites perles qui tombent tous les jours, on n'en parle pas. On ne dit même pas leur nom, leur prénom", se désole le célèbre gastronome.
"Antoine, grâce à son nom, ce qu'il représentait et ce que j'ai pu faire de ma vie de cuisinier, a eu une visibilité médiatique importante. Pour les autres, ce sont trois lignes dans un journal. Cela finit au fond d'une corbeille. On ne peut pas mettre ça sous le tapis, ce n'est pas possible. C'est trop injuste", martèle-t-il.
Un soutien administratif, économique et financier
C'est pourquoi le chef cuisinier a décidé de créer une association pour appuyer les victimes de tels accidents et leurs proches. Via cette structure, il souhaite apporter un soutien administratif, juridique, financier à ces familles brisées. L'objectif est également de lancer une réflexion collective pour que ces drames ne se reproduisent plus.
"C'est vrai qu'Antoine a été percuté par une voiture très puissante, très vite. Au moins, il n'a pas eu le choix, il est mort sur le coup. Il ne pouvait pas s'en sortir", rappelle-t-il. "Après, je me suis dit, si cette voiture avait un système de bridage automatique, comme on peut le faire sur les trottinettes, quand on arrive sur Paris... Vous êtes dans un milieu urbain, votre voiture ne peut pas dépasser les 50 km/h... est-ce que c'est faisable ? J'aimerais bien poser la question et voir si l'on peut se prémunir."
Quelques jours après la tragédie, le 14 mai 2022, Yannick Alléno avait annoncé le lancement de ladite association dans un long texte sur les réseaux sociaux. "Je viens moi de comprendre ce matin seulement le manque qui va me hanter toute ma vie, alors son énergie logée au plus profond de mon corps servira, à travers l’association 'Antoine Alléno' à soutenir les victimes des multirécidivistes", avait-il alors indiqué. Promesse tenue.